Chapitre 10

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Comme par magie, le serveur se présenta juste au bon moment avec les plats et je m'en trouvais soulagée. J'avais bien compris le message.

« Bon appétit Anthony, dis-je en piquant ma fourchette dans mes pâtes.

- Merci, bon appétit. »

Il s'appliqua à couper un morceau de sa pizza quatre fromages avant de reprendre.

« Il faut laisser le temps au temps, rien ne sert de se précipiter.

- Absolument, tu as raison. Une décision de déménagement, ça ne se prend pas à la légère. D'autant que d'ici-là, tu auras peut-être trouvé l'amour et tu n'auras plus envie de partir. »

Je lui laissais entendre que j'envisageais plutôt la possibilité que ça soit une autre que moi qui ravisse son cœur, puisque tout dans ce dialogue était dans les non-dits. J'enchaînai.

« Tiens, au fait, je t'ai raconté que j'ai fait connaissance avec quelqu'un avant de partir ? »

Il se rembrunit. J'étais bien consciente de lui avoir dit la veille que je ne cherchais pas spécialement de compagnon mais l'option que j'avais prise alors ne semblait plus aussi judicieuse.

« Ah bon ? Mais je croyais que tu ne cherchais pas ?

- C'est vrai mais comme toi, de temps en temps, je fais des rencontres à tout hasard. On ne sait jamais. Il y a des jours où je suis plus motivée que d'autre et je me lance.

- Je vois... dit-il la mine un peu déconfite. Et alors, qu'est-ce que ça a donné ?

- On va se revoir quand je rentre.

- Ah... »

Il resta silencieux. C'était le moment de faire diversion.

« Comment est ta pizza ? Ça l'air super bon !

- Ça l'est... Tu veux goûter ?

Il était passé en mode conversation lapidaire et je me demandai si je n'allais pas devoir tenir le crachoir toute seule le reste du repas.

« Oui, merci, dis-je en piquant un bout dans son assiette. Mes pâtes sont top aussi. Alors, qu'est-ce que tu aimerais qu'on visite quand tu viendras ? »

Il n'étais pas aussi combatif et volontaire que Walter. On aurait dit qu'il avait perdu tout intérêt pour notre échange.

« Ce que tu voudras. Mais on n'en est pas encore là comme tu dis.

Je décidai de lui redonner un microscopique espoir histoire de ne pas rester en carafe pendant le dessert, que j'avais bien l'intention de prendre, avec ou sans conversation. Mais je préférais avec.

« C'est vrai. Mais on ne sait pas non plus de quoi demain sera fait.

- Tout à fait, dit-il en reprenant des couleurs. Tu crois que je pourrais venir passer un week-end avec mes enfants ? Ils rêvent d'aller chez Mickey...

- Oui, si tu ne comptes pas sur moi pour vous héberger... Je n'ai pas la place, mon appart n'est pas très grand.

- Je ne pensais pas à ça... C'est juste que j'aurais bien aimé que tu les rencontres en fait...

Je pris une seconde pour réfléchir avant de répondre. J'hésitai à lui avouer franchement que je n'avais pas d'atomes crochus avec les enfants car ça n'améliorerait définitivement pas son moral. Je pris une bouchée de mon plat pour me laisser plus de temps.

« Bien sûr, aucun problème. Je suis sûre qu'ils seront ravis d'avoir une nouvelle tata qui pourra les emmener à Eurodisney. »

Il me regarda et ne répondit pas.

À la recherche de l'homme perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant