Chapitre 11

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Je rentrai dans la maison et trouvai mon père qui lisait le journal au salon en m'attendant.

« Bonjour ma chérie... Alors ? Vous vous êtes bien amusés ?

- Oui, oui, c'était bien...

- Tu es prête à repartir tout de suite ou tu veux faire une petite pause ?

- Il vaut mieux y aller directement, je ne voudrais pas rater mon train ce soir...

- Tu as raison, on ne sait pas combien de temps il va falloir pour faire tout ça...

- Je reviens, je vais chercher mon sac. Je préfère l'avoir dans le coffre pour aller directement à la gare au cas où.

- Ok ma chérie, je t'attends dans la voiture. N'oublie pas de fermer derrière toi. »

Je montai les escaliers quatre à quatre et récupérai les quelques affaires éparpillées que j'avais laissées à droite à gauche. Je regardai ma chambre, imprimai l'image une fois de plus dans ma mémoire et quittai la maison.

J'éprouvais quelques regrets à la pensée que la rencontre avec Anthony avait plus ou moins mal tournée et je constatais une fois de plus à quel point les relations humaines étaient fragiles. Il suffisait parfois d'un grain de sable dans l'engrenage pour mettre à mal des années de confiance et d'affection. Les caractères changeaient, la vie éloignait les gens et les relations s'effritaient au moindre souffle de vent.

Il arrivait aussi qu'on imagine bien connaître l'autre et qu'au détour d'une situation moins quotidienne ou plus épineuse, on se rende compte que finalement, cet autre était capable de choses que l'on aurait pas soupçonnées possible. Les petites et grandes trahisons étaient sûrement le pain quotidien des relations humaines, mais tout l'art de l'amitié consistait à exclure ces entorses du lien à la personne avec qui l'on bâtissait à force de temps cette relation unique et réconfortante.

Plus jeune, alors que je travaillais depuis quelques temps déjà, j'avais été échaudée par une personne que je considérais alors comme l'amie d'une vie. Nous nous connaissions depuis plus de dix ans, nous nous étions rencontrées au lycée et nous étions très complices. Toujours pendues au téléphone, nous nous voyions souvent et connaissions tout de l'autre, du moins le croyais-je, jusqu'à ce jour où elle me planta un couteau dans le dos.

Ce  jour où mon amie Anne devait me rejoindre après le travail pour aller dîner dans le quartier de l'Opéra. Elle finissait ses études de pharmacie et je travaillais déjà dans l'édition. Elle m'appela à mon bureau pour me prévenir qu'elle était en chemin et qu'elle serait là dans cinq minutes. Le temps d'éteindre mon ordinateur, de ranger quelques papiers et j'étais prête à la rejoindre pour passer une bonne soirée à discuter et refaire le monde, quand mon téléphone de bureau sonna de nouveau.

Je décrochai, répondis, mais n'entendis rien à l'autre bout du fil. Je répétai allô une seconde fois et me concentrai sur le combiné pour essayer de percevoir quelque chose malgré la musique qu'avait mise mon collègue de bureau, et qui perturbait mon audition. Voyant que je peinais à entendre, il la coupa et je perçus un dialogue étouffé.

J'entendis une fille, en compagnie d'une autre fille et d'un garçon, raconter avec force détails une histoire de cœur qui me concernait ainsi qu'un collègue sur lequel j'avais flashé, en m'imitant et en me donnait un ton de midinette éperdue d'amour et définitivement ridicule dans son emportement romantique.

J'eus un moment d'incompréhension, d'hésitation, un moment pendant lequel les secondes s'égrainèrent avec une lenteur cruelle, et mon cœur et mon moral tombèrent avec brutalité dans mes chaussettes quand j'acceptai de comprendre qu'il s'agissait d'Anne, qui était en train de me singer tout en racontant ce que je lui avais confié sous le sceau du secret.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 16, 2022 ⏰

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