Chapitre cinq :

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NDA : bonne lecture !

Anecdote n°5 : Aaron, Yuki et Nayra sont très proches. Ils se considèrent comme des frères et sœurs.

À ses pieds, le corps d'Eden. Complètement inerte. J'étais immobile, paralysée par un sentiment que je n'avais jusqu'à ce jour jamais ressenti. Ou plutôt un mélange de sentiments. Les mots se bloquaient dans ma gorge, je n'arrivais pas à formuler la moindre pensée cohérente.

- Myriam, murmura Joan en s'approchant un peu de moi.

Il n'était qu'à quelques mètres de moi, mais sa voix me paraissait si lointaine. Mes yeux étaient rivés sur Eden. Ils ont beau être parfaitement fonctionnels, je n'arrive pas à y croire. Certaines visions sont tout simplement mortelles pour l'esprit humain. Celle-ci est l'une d'entre elles.

Tout ceci est forcément un putain de cauchemar, pas vrai ? On est beaucoup trop jeunes pour mourir. Bien trop jeunes pour connaître un destin aussi funeste.

Rassemblant le peu d'énergie qui me restait, je m'avançais en titubant vers Eden, Joan m'assistait même si ce n'est littéralement que quelques pas. Je suppose qu'il a très bien vu que je suis près de l'effondrement. Le regard vide, je me laissais tomber à genoux à ses côtés, laissant l'épée de Galatea s'échouer au sol.

Mon corps est agité de spasmes, je vins appuyer mes mains tremblantes contre le carrelage pour ne pas m'effondrer, avant de laisser ma tête reposer contre ces dernières. Mon cœur tambourine si fort que j'ai l'impression que ma tête va exploser. Malgré tout le raffut provoqué par les combats, je l'entends si distinctement que ça en devient assourdissant.

- Ça doit faire drôlement mal, constata une voix amusée derrière moi.

C'est cette voix qui m'arracha à ma lamentation. C'est cette voix qui me balança droit dans les bras de la démence. Lentement, mais sûrement, ma tête se tourna vers la source de cette voix. Je ne donne pas cher du propriétaire de cette maudite voix.

Propriétaire qui se tenait debout, à quelques pas de moi, sa silhouette complètement couverte par une tenue noire. Impossible de distinguer la moindre caractéristique le concernant, si ce n'est que c'est probablement un homme. Loin de comprendre ce qu'il venait de provoquer, il continua de parler, pas le moins inquiet du monde.

- Je l'ai personnellement achevé, il n'en a pas pour très longtemps. Il n'arrêtait pas de geindre au sujet de sa sœur qu'il ne pourrait pas protéger.

C'est des yeux vides, totalement dénués d'émotions que je vins poser sur lui. En temps normal, lorsqu'une personne est en colère, elle serre les dents ou même les poings, elle se laisse aller et décide de donner libre cours à ses émotions les plus violentes.

Ça, c'est un aspect de la colère. Le plus commun. Il en existe un autre. Celui de la résignation. Celui dans lequel on décide que tout ceci ne vaut plus la peine. Celui qui nous pousse à avoir des pensées autodestructrices pour nous, mais également pour notre entourage. On se dit simplement que si on doit souffrir autant, alors ce serait injuste d'être le seul à souffrir ainsi. Si on doit connaître le désagréable sentiment de chute, alors on fera en sorte que ce soit une expérience collective.

- Enfin, il s'est plutôt bien battu ! Il n'arrêtait pas de se battre tout en protégeant les autres. S'il s'était concentré sur lui-même, il aurait probablement survécu.

Après avoir terminé cette phrase, il éclata de rire. Un rire si glacial. Un rire juste inhumain. À l'opposé de ces émotions brûlantes qui sont en train de consumer tout sens rationnel que je possède.

- Quelle mort pathétique.

Ce fut la phrase de trop. Calmement, je vins me redresser, j'époussetai rapidement mes habits d'un geste net et précis. Joan, qui était toujours à genoux, à côté d'Eden, m'observa éberluer. Il ne s'attendait pas à une réaction aussi calculée.

L'héritière- Tome 1 ( En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant