Chapitre 1

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Rose,

Mes dernières valises étaient bouclées. Comme si je mettais un point final à ma vie parisienne. Les mains moites, je prenais les poignets de mes valises pour les amener jusqu'à mon salon où je retrouvais ma mère. Ma mère la seule et unique femme de ma vie. Je la voyais s'activer dans la cuisine essayant tant bien que mal de faire fonctionner le mixeur.

Je m'approchais d'elle sans qu'elle ne remarque ma présence. J'ai toujours su me faire discrète, ne pas me faire remarquer, marcher sur la pointe des pieds. Le moment où je posais mes lèvres sur sa joue droite, elle semblait revenir sur Terre.

— Ma chérie ! Tu vas finir par me faire peur.

Je rigolais face à son état de panique, théâtralement illustré par la main qu'elle venait de poser sur son cœur.

— Tu devrais appuyer sur ce bouton maman.

— Oh ! Tu sais sans Helga je ne sais plus trop comment fonctionne une maison.

— Tu aurais pu lui dire de rester, ça ne m'aurait pas gênée, dis-je en prenant ma viennoiserie préférée qui trônait chaudement sur la table en verre. Et puis je l'aime bien, ça m'aurait fait plaisir de la voir avant de partir.

— Je suis désolée ma chérie, je ne savais pas quelle relation tu avais avec elle. Je me suis dit que passé une journée seulement avec ta vieille mère te suffirait.

Je savais qu'elle rigolait, à sa façon évidemment, mais je le savais. Ça me faisait chaud au cœur. Ma mère à une dame à tout faire. Elle n'était pas beaucoup présente à la maison, seulement là quand les occasions en avaient besoin. C'est grâce à ça que je me suis rapprochée très rapidement d'Helga. Et j'avais rapidement trouvé un réconfort auprès d'elle. J'aurais aimé la voir avant de partir, lui dire merci pour tout, tout ce qu'elle m'avait apporté. Mais je comprenais pourquoi elle avait fait ça et je ne lui en voulais pas. Ma mère était parfaite à sa façon. Et pour ça, je l'aimais d'un amour admiratif. Comme une fille pouvait et devait aimer sa mère.

— Tu sais quoi, je vais lui écrire un mot, et on lui laissera pour qu'elle le voie ! Dis-je en approchant ma tasse de chocolat chaud à mes lèvres en cœur.

— Excellente idée ma chérie ! Je suis sûre que ça va lui plaire.

— Alors dit moi ce que tu m'as prévue pour cette journée !

On avait quitté l'appartement aux alentours de 10 heures. Sourire aux lèvres, on s'était toutes les deux dirigés vers mon endroit préféré pour faire les magasins : les Champs Élysée. Cette grande avenue, bordant l'Arc de Triomphe, était de loin l'une des choses qui allait le plus me manquer dans cette ville. Je savais qu'il n'y allait pas avoir beaucoup de gens. Un peu trop cher, la température trop base, le fait que les vacances scolaires touchaient à leur fin. Voilà ce qui me permettait d'affirmer que ma mère et moi, on n'allait pas être embêté par des gens inconnus, des touristes ou un truc du genre.

Les Français ne m'ont jamais réellement accepté, j'étais trop italienne pour être considéré comme une Française et je serais sûrement trop française pour être considéré comme une Américaine. C'est ça ma vie, ne jamais être considéré comme à la bonne place.

Mes mains étaient chargées de nombreux sacs et ma mère elle, elle tenait une nouvelle valise, car je la cite « ma fille, je t'oblige à prendre tous ces vêtements pour faire tourner la tête d'un jeune et bel Américain ». Ma mère et son obsession pour me trouver un copain me firent beaucoup rire. Je ne savais pourquoi, mais je suis persuadée que la mort ne viendra pas la chercher si je ne suis pas mariée et avec deux enfants. C'était ça ma mère, amoureuse de l'amour et de son travail, le parfait petit cliché parisien. 

NOLANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant