Chapitre 4

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Rose,

Il avait suffi d'une photo de l'album photo que m'avait offert Oscar pour que je m'imagine de nombreux souvenirs. Tous les moments de notre vie à deux étaient dans ce livre, des moments joyeux, d'autres non. Oscar avait tendance à tout prendre en photo car il voulait être le photographe de nos souvenirs. Il tenait ça de sa mère qui était photographe. Il aimait regarder les clichés qu'elle prenait en souvenir de sa mémoire. Il avait abandonné la photographie quand sa mère est décédée. Alors je pouvais comprendre à quel point ce cadeau lui tenait à cœur, surtout maintenant que j'étais loin de lui.

Chaque page que je tournais me rappelais un souvenir. J'en avais les larmes aux yeux.

Je me rappelais :

Chérie dit au revoir à papa ! On va être en retard pour ta rentrée.

D'accord maman ! Dis-je en m'approchant de mon père qui lisait le journal. Au revoir papa ! À ce soir !

Bonne rentrée ma puce, dit-il en me serrant dans ses bras. Et rappel toi que si quelqu'un t'embête tu fais comme je t'ai appris, compris ?

Oui !

Aller file rejoindre ta mère.

C'était aujourd'hui mon premier jour de cours dans une école française en France. Je maîtrisais déjà assez bien la langue. Maman était franco-italienne et elle avait tenu à ce que je maîtrise toutes les langues de mes origines. L'anglais, le français et l'italien. Je savais que les gens de mon âge ne connaissaient qu'une seule langue et peut-être quelques mots inventés dans une autre langue. J'avais de la chance. Maman c'est elle qui doit me déposer à l'école. Je n'étais encore jamais arrivée après une rentrée officielle. Je n'allais pas avoir de copains. Et tous mes amis sont resté en Italie.

Quand maman et papa m'avaient annoncé que nous allions déménager en France pour le travail de maman j'ai vraiment été contente. Contente de pouvoir enfin découvrir les paysages qu'elle me racontait avant que je dorme le soir, découvrir là où elle avait vécu pendant une grande partie de sa vie. Puis j'avais réfléchi, et je m'étais mise à pleurer consciente de tout ce que je laissais derrière moi. On m'avait rassuré, me disant que le destin voulait qu'on aille en France. Et je croyais beaucoup au destin, même à neuf ans.

Nous y sommes, dit ma mère en débouclant ma ceinture de sécurité.

À travers la fenêtre il n'y avait finalement pas grand monde. Les gens dormaient encore, mais maman croyait ça intéressant que j'arrive plus tôt pour me familiariser avec les lieux. J'avais peur, une terrible angoisse qui naissait dans mon bas ventre.

Je ne veux pas y aller maman.

Je la regardais implorant qu'on rentre à la maison, mais rien n'y fait.

Tu vas te faire plein d'amis et c'est parce que c'est le premier jour. Je suis sûre que demain tu voudras y retourner sans rien dire.

Mes amis sont en Italie maman, je ne le reverrais plus !

File, ta maîtresse t'attend regarde.

Tu ne m'as jamais aimé de toute manière. Dis-je en boudant.

Evidement. Fais-moi un bisou et ne grandit pas trop vite.

La voiture partait me laissant dos à la brune qui deviendrait ma personne de référence pour les mois prochains.

Je m'approchais d'elle et elle m'accueillait avec un sourire des plus charmant, avant de me prendre la main pour m'obliger à la suivre.

NOLANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant