Rose,
Qui dit dimanche, dit weekend. Qui dit weekend, dit pouvoir téléphoner à la France. Je m'étais levé plus tôt pour l'occasion. On ne s'était pas encore très bien habitué aux décalages horaires, ce qui faisait que parfois nos conversations par SMS n'avaient aucun sens. J'entendais par-là, par exemple le fait que je lui ai dit bonne journée, lorsque lui m'avait répondu bonne nuit.
Ça faisait que trois semaines que j'avais posé le pied dans la ville américaine. Et je sentais le manque de ce garçon plus que mon envie de manger des pains aux chocolats. On rêvait de vivre en collocation ensemble, on se l'était promis depuis le collège. J'aurais eu le droit à la plus grande chambre si c'était lui qui pouvait décider la plupart du temps de notre programme télé. Puis les années ont passé, on a rencontré d'autre gens, d'autres amis. Et lorsqu'on pensait que le système scolaire français allait nous séparer à tout jamais, ça a été tout le contraire. Je lui présentais mes amis de mon école et il faisait également la même chose. Ce qui fait que j'ai laissé pas mal de gens derrière moi en France.
Mais les choses étaient comme elles devaient l'être.
Depuis que je suis arrivée ici, aucunes personnes qui se disaient être mon ami en France avait pris le temps de prendre mes nouvelles. Seulement Oscar. Ce garçon qui même loin sera le premier à me dire bonjour le matin ou le seul à me faire croire que mes trois années de licence n'étaient pas faites que d'hypocrisie cachée.
Notre conversation avait duré que quelques minutes. Il était dix-sept heures en France quand Oscar avait décidé de couper l'appel, car il me disait qu'il avait quelques choses de prévue dans la soirée avec ses amis. Parce que lui, il a ses amis. Moi je n'ai concrètement plus personne. Ma vie en France me manquait quand je ressentais le vide dans ce grand appartement qui était le mien. Il s'avérait être trop grand pour moi, mais maman me tuerait si je décidais de changer, elle l'avait choisi avec moi et bizarrement je me sentais rattachée à elle grâce à cela.
— Richard ! J'ai un problème avec la salle de sport, dit une voix féminine au gardien de notre immeuble.
— Je le sais bien Adèle. Il y a un problème de machine et pour votre sécurité elle est fermée jusqu'à nouvel ordre.
— On est dimanche Richard ! Je fais comment pour commencer la semaine si je ne me suis pas dépensé avant.
Tout le hall l'entendait et ça semblait en aucun cas la gêné. J'étais descendu pour discuter avec Richard justement. Le gardien qui m'avait accueilli et qui m'étais de la grande utilité.
— Mademoiselle Watson, pitié dites-moi que vous pouvez me sortir de là, me dit-il en me lançant un regard plein de détresse.
Je rigolais face au désarroi de ladite Adèle qui semblait vexée de ce faire oublier comme ça.
— Oui, j'aurais aimé savoir si dans les parages il y avait un magasin qui vendait du jus de fruit de la passion. Je ne peux pas commencer la semaine sans.
Je sais qu'en France la plupart des magasins ferment le dimanche, et je n'ai aucune idée des horaires des magasins Etatsuniens. Et c'était embêtant jusqu'à que je trouve l'idée d'aller embêter le réceptionniste.
— Bien donc vous avez un peu le même problème. Un plus facile à régler que l'autre. Il y a un magasin qui reste ouvert sept jours sur sept, vous devriez peut-être trouvez votre bonheur là-bas, me dit-il avant de reprendre avec Adèle. Quant à vous vous n'avez qu'à la suivre, courrez à côté d'elle ça vous fera pratiquer du sport, conclu-t-il avec un sourire.
— Richard... Elle le menaçait.
— Je ne peux pas faire mieux Adèle, au mieux la salle réouvre demain.
— Bien, dit-elle vaincue avant de se tourner vers moi. Et ce que ça vous dérange si je vous accompagne ?
— Quoi ? Euh, bien sûr que non ! Je ne risquerais pas de me perdre avec vous. Vous êtes la bienvenue, dis-je dans un sourire.
Et on était parties toutes les deux en direction de l'épicerie. Les premiers mètres se faisait en silence. Elle ne courait pas.
— Vous ne courez pas ? Demande-je afin de débuter une conversation.
— Non c'est un peu gênant, dit-elle dans un sourire. Vous voyez, il y en a qui préfère faire des cookies pour commencer la semaine ou lire un bon livre. Mais moi c'est le sport, j'adore ça. Et bordel commencer la semaine la tête vide ça change la vie.
— Je n'ai jamais réellement testé le sport avant le travail je dois vous l'avouer.
— Par pitié tutoie moi, j'ai l'impression d'avoir quarante ans.
— J'accepte de vous... de te, tutoyer si tu m'appelles Rose.
— Marché conclu Rose.
— De ce que j'ai compris tu t'appelles Adèle, c'est ça ?
— Oui, enfin, c'est Adélaïde, mais c'est trop long. Et tout le monde m'appelle Adèle. J'ai fini par m'y habituer.
— C'est un joli prénom.
— Merci pour mes parents. Enfin je crois ?
Et on avait rigolé jusqu'au supermarché. Elle avait pris des barres chocolatées et moi mon fameux jus de la passion. Elle m'avait fait part du fait qu'elle n'en avait jamais gouté de toute sa vie. Je lui avais répondu qu'à l'occasion elle devait passer à la maison pour en gouter. J'avais appris qu'elle vivait au cinquième étages. Ce qui était cool parce que je découvrais au fur et à mesure tous mes voisins.
Quand nous sommes rentrés à l'immeuble, elle avait émis l'idée de nous échanger nos numéros de téléphone, si un jour on avait besoin l'une de l'autre.
Quant à moi j'avais passé tout le reste de l'après-midi à regarder ma série préférée, à manger des bonbons et à lire. J'aimais ce genre de journée, une journée où je ne fais concrètement rien. « Rien » était mon activité préférée. Je n'avais rien qui m'obligeait à sortir. Rien n'y personne. Ok, j'étais plutôt d'accord que faire le poisson échoué sur mon canapé n'allait pas m'aider à avoir une vie sociale, surtout à New-York. Mais à New-York les gens ne sont pas heureux. Et mon rêve newyorkais n'était pas vraiment comme je l'imaginais à vrai dire.
Mon téléphone sonnait et le nom de ma voisine s'affichait. Je mettais ma série en pause pour lire son message.
De : Adèle
Coucou ! C'est encore moi ! Avec des amis on a prévu de sortir dans un bar ce soir. Et comme tu m'as dit que tu n'avais rien de prévue je me disais que ça pourrait être cool de te voir.
Il se pourrait que ce soir, je sors. Nuit de New-York accueille moi dans tes plus grands secrets.

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NOLAN
RomanceManhattan, New-York, Novembre Une arrivée qui se veut explosive dans la vie de nos deux protagonistes. Une vient de Paris et rêve depuis toujours de faire ses preuves sur le sol Américain pour se montrer qu'elle peut y arriver sans l'aide de son pè...