Chapitre 10

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Alessio,

Comme à mon habitude, le weekend, j'allais souvent là où je savais que quelqu'un m'attendait. Coupé du monde je savais que j'allais être accueilli de la meilleure des façons. Ça faisait déjà plusieurs mois que c'était le cas.

J'en étais bien conscient que j'étais patron de la plus grande frime des Etats Unis, que je devrais passer tous mes weekends la tête dans les papiers. Mais ce n'était pas moi, du moins ça ne l'était plus. Plus depuis que j'ai rencontré Nolan. Il a su donner un second souffle à ma vie, pendant l'un des moments où j'en avais le plus besoin. Alors à ma manière j'essaie de lui donner le sourire, parce que la vie ne l'a en aucun cas épargné des épreuves qu'il vit.

Nolan est un petit garçon que j'ai rencontré il y a quelques mois, par hasard en me garant devant sa maison quand j'avais un rendez-vous non loin de cette dernière. Ce petit garçon qui était venu tout sourire me voir, à cette période il n'était pas plus haut que trois pommes. Il voulait une voiture comme la mienne plus tard, c'était son rêve, même s'il savait que ça allait être compliqué. Je m'étais assis sur les marches de la maison et je lui avais demandé pourquoi il pensait ça. C'est alors qu'il m'a expliqué, tout expliqué. Ce petit garçon d'à peine neuf ans était déjà condamné. Et la charge d'émotion que j'ai ressentie ce jour, je la ressens encore à chaque fois que je le vois. Ce petit garçon qui avait des centaines d'étoiles dans les yeux me parlait de sa mort. Je lui avais demandé si je pouvais aller voir sa maman, c'est là que j'ai rencontré Jane, pour lui dire que j'allais revenir après mon rendez-vous et lui demander si je pouvais emmener son fils en balade. Depuis ce jour, je m'étais promis qu'importe les jours qui lui restent sur cette planète, qu'importe s'il allait mourir demain, ce soir où dans des années. Je l'avais regardé dans les yeux et je lui avais dit que j'allais rendre tout ça plus beau. J'ai eu une chance, que j'aimerais partager avec ce garçon.

Je faisais mon maximum pour tenir cette promesse. Et il me le rendait plutôt bien.

— Bonjour Jane, alors comment il va ? Dis-je à l'encontre de l'hôte de la maison.

C'était souvent la première des questions que je posais en arrivant, m'attendant souvent au pire.

— Son état à l'air stable, même si je dois l'avouer que quelquefois il nous fait peur. Surtout avec le temps qui s'est refroidit, dit-elle dans un sourire qui cachait une énorme tristesse.

Ce petit garçon marquait à sa manière. De sa joie de vivre, aux éclats de rires pour un rien, tout semblait être beau dans son monde. Il était et devait être un exemple pour beaucoup d'entre nous.

— Nolan, apostrophe Jane en appelant le petit garçon.

Et j'entendais des pas descendre les escaliers, et je revoyais comme toutes les semaines ce même visage éclairer par la bienveillance alors que la maladie le consumait un peu plus chaque jour. Il arrivait jusqu'à moi et comme à notre habitude je le prenais dans mes bras et il me faisait le plus gros des câlins. C'était réconfortant d'entendre son cœur battre contre ma cage thoracique.

— Alessio, je suis si content de te voir, dit-il alors que sa tête est encore dans mon cou.

Voilà ce que je ressentais, une énorme haine et une énorme jalousie envers le monde. Parce que quelqu'un d'horrible a pris la place de ce petit garçon qui avait tellement de chose à accomplir. Et je hais le monde pour ça.

— Va préparer ton jeu préféré ou dis-moi si tu as prévu de m'amener quelque part fiston, j'ai hâte de savoir ce que tu nous as préparé, dis-je en le posant au sol. J'arrive dans quelques minutes.

Il partait en courant vers la salle de jeux, criant de joie. On était pour chacun notre bouffé d'air. Quant à moi je suivais Jane jusqu'à la cuisine, je sentais que l'ambiance avait chuté.

— Des nouvelles pour lui ? Demande je simplement.

— Non pas vraiment, sa maladie qui peut le faire basculer à tout moment, freine les demandes. Je crains bien le pire, dit-elle en se mettant dos à son évier la tête baissée.

Je commençais sérieusement à me créer une liste noire des habitants de cette ville. Je déteste les gens qui peuvent faire, mais qui n'osent pas.

— Puis quand bien même quelqu'un souhaite me faire une demande. Les réponses sont tellement longues qu'on ne sait pas ce qui peut arriver entre temps. J'ai tellement peur Alessio, tellement peur de me réveiller un matin et voir son corps d'ange sans vie. Le savoir parti rejoindre les étoiles sans même lui avoir dit au revoir.

Meryl était la première sur cette liste noire, elle freinait tout.

— Ne pense plus à ça Jane. Profite de l'incroyable petit garçon qu'il devient et ne pense pas à l'après. Si un jour il doit partir ce ne sera jamais dans la douleur et il sera toujours très reconnaissant de tout ce que tu lui as apporté. Regarde-le, dis-je en montrant mon petit bonhomme qui jouait avec d'autres enfants dans la salle.

— Tu as raison. J'aimerais tellement qu'il puisse trouver une famille. Je suis tellement désolée que tu ne puisses rien faire.

— Ce n'est pas ta faute, j'essaie de faire au plus vite, crois moi.

Je la rassurais. Jane est une femme formidable. Elle a tellement d'amour à donner que je ne suis même pas surpris de voir l'éducation de tous les enfants ici.

Je commençais à rejoindre la salle de jeux pour profiter de chaque instant. Je sentais Jane me suivre.

Il avait sorti des briques de construction. Il m'a dit qu'en ce moment ils essayaient tous de monter le château de Poudlard dans Harry Potter. Que beaucoup aimerait être un sorcier pour réparer tout le mal qu'ils avaient fait pour se retrouver ici. Je suis anéanti. Ce sont juste des gamins et avoir ce genre de propos à leur âge ne devrait pas être normal. Je me prêtais au jeu en pensant que moi aussi j'aurais aimé être un sorcier pour pouvoir lancer Réparo et soigner mon camarade de jeu.

— Nolan, as-tu dis à Alessio où tu voulais te rendre dans quelques jours ? Dit soudainement Jane, assise sur son fauteuil.

— Oh, eh bien... Tu sais, j'ai vu dans les livres qu'à New-York il y avait une place où il y avait un grand sapin, il reprenait son souffle. J'aimerais tellement y aller pour voir le Père Noël !

— Au Rockefeller ? Mon garçon tu crois que c'est une bonne idée ?

Je le regardais lui ainsi que Jane, chacun à leur tour. Est-ce vraiment une bonne idée ? Surtout quand il y a quelques minutes on me dit que son état s'est dégradé à cause des faibles températures ? J'étais perplexe.

— Aller, s'il te plait Alessio. C'est maintenant ou jamais ! Dit-il en me regardant dans les yeux. Et regarde, cette fois ci il me montrait la figurine du personnage à la cicatrice de la saga, on demandera à Harry de me lancer le sort « oubliette » pour que mon corps oubli !

— Tu as vraiment tout prévu toi.

— Vraiment tout, j'en ai vraiment beaucoup envie. Ce serait trop bien avec tous les copains. On prendra des pommes caramélisées et on jouera dans la neige !

— Alors si monsieur a tout prévu, lui dis-je en le regardant dans les yeux, alors je m'engage à t'emmener voir le grand sapin. Parole de scout !

— Je ne sais même pas ce que c'est. Dit-il en rigolant avant de s'accrocher à ma nuque. Merci pour tout Alessio.

Et pour la deuxième fois de la soirée, j'essayais de croire en la magie et en un miracle qui pouvait arriver. 

NOLANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant