Chapitre 17

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Rose,

Depuis que nous sommes en France rien ne se passe comme j'avais pu le prévoir. « Tu n'as rien prévu pauvre cruche » me rappelle gentiment la voix qui a pris place dans ma tête. Après le rendez-vous que nous avions eu le lendemain de notre arrivée, afin de parler d'une quelconque collaboration entre un magazine française et notre journal.

On s'était alors rendu dans l'une des tours de la Défense qui me faisait rêver quand j'étais simplement qu'une étudiante ici, afin de rencontrer un autre PDG. J'avais les mains moites, le discours que m'avait fait le matin même Alessio tournait en boucle dans ma tête : « je comprends le français à un certain stade, interprétez-moi tous leur mots, sans aucune petite exception, je suis clair ? » Limpide même.

Malgré l'effort qu'on avait fourni, on s'était retrouvé à conclure cet entretien par un échec. Ils n'avaient pas réussi à trouver un arrangement avantageux pour les deux côtés. C'est ainsi que nous avons quitté la tour, une bonne heure après notre arrivé. Alessio a quand même tenu à que je laisse une carte au cas où l'idée de renégocier leur viendrait à l'esprit.

Après ce mouvement de la matinée, je savais que j'avais la journée de libre. Je le sais vue que c'est moi qui m'occupe de l'emploi du temps. J'avais alors décidé de ne pas perdre une seule minute et d'aller retrouver mon meilleur ami, qui n'avait aucune idée de notre proximité inédite.

Sans savoir où il est exactement, je savais bizarrement par où commencer. Le cinéma qu'on occupait tous les deux avant mon départ me semble un bon point de départ. Il a encore besoin de gagner de l'argent, pour pouvoir payer son appartement et je l'ai toujours connu avec cette envie de vivre indépendamment sans toucher à son héritage, ni à l'argent de son père. Alors avec un peu de chance, je le trouverais là-bas.

— Bonjour, une place pour voir « Jack, Izy et la forêt enchantée », dis-je tout sourire à l'encontre du caissier qui fouillait en dessous de sa caisse.

Evidemment, ce film n'existe pas. De toute manière ça aurait donné un mauvais film, c'est évident. En revanche, Oscar et moi-même on faisait les plus bels arbres en cartons sur scène. Et je savais qu'il s'en souvenait, d'une parce que c'est inoubliable et de deux, une photo de nous était dans son album cadeau d'anniversaire. En dessous il avait marqué « les carrières commencent toujours quelque part... ». Quand j'avais lu ça, j'avais pleuré. Parce qu'il me manquait et même si on n'avait pas eu les premiers rôles par manque de discipline, qu'est-ce qu'on s'était amusé. Et le voir là, aussi proche de moi, me réchauffe tellement le cœur que j'aimerais ne plus jamais repartir.

— « Coupe ces arbres Jack, ils sont maléfiques ! », il avait dit une simple réplique comme réponse avant de faire surface les yeux bloqué sur moi.

Ouais, c'est ça le manque de quelqu'un. Le manque d'un meilleur ami. Avoir les larmes qui perlent aux coins des yeux, ne sachant pas trop quoi dire, juste se regarder à se demander si on est réel. Juste profiter de l'instant qui nous est donné. Puis se prendre dans nos bras et pleurer. Pleurer en essayant de faire logique avec des mots, puis abandonner tellement l'émotion est forte.

Je le serrais dans mes bras autant qu'il le faisait, quitte à se briser les cotes. Il m'a tellement manqué, je n'arrive pas à le croire.

— Est-ce que c'est un genre de rêve ? Est-ce qu'une belle princesse sur son cheval blanc va venir ? Dis-moi que non, dit-il en rigolant en se remettant face à moi.

— Je suis bien devant toi, comme tu l'es pour moi.

— Bordel ! Je n'y crois pas ! J'ai bien fait de me lever ce matin ! Dit-il en me reprenant dans ses bras. Et regarde-toi, New-York te va si bien. Qu'est-ce que tu fais là ?

NOLANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant