Chapitre 24

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tw : mort, enterrement 

Vie, nom féminin : désigne quelques choses qui a un cœur qui bat, des poumons qui respirent. Avoir mal au cœur quand la vie décide de parsemer de petites choses qui font que tu écris ton histoire. Être rempli de bonheur quand tu penses que tout va bien. La vie on l'appréhende tous à nôtre manière. Mais une chose est sûre, on vit tous avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, avec cette date de fin qui menace d'arriver du jour au lendemain.Si je meurs demain qu'est-ce que j'aurais fait ? Qu'est-ce que je vais devenir ? Qu'est-ce que je vais laisser sur cette Terre ? On ne se souviendra plus de moi, comme les millions de personnes qui n'ont pas marqué l'histoire. Comme ce petit boulangers du XVIIe siècle qui offrait des baguettes à des enfants, plus personnes se souvient de lui. Finalement on n'est rien. Rien du tout. Une personne sur sept milliards, ce n'est pas beaucoup. On vit, on respire, on aime et tout s'arrête.

Rose,

La journée est dédiée à ce petit garçon. Ce petit garçon de neuf ans qui avait déjà accompli plus de choses qu'une personne normalement constituée aurait pu faire. La vie nous l'a pris pour venir éclairer les cieux. Ce petit garçon que j'aurais aimé tant connaître encore un peu plus. Il s'est endormi dans le nuit pour le plus doux des voyages, le plus calme et le plus solitaire.

Je montais chez Alessio le cœur serré, consciente que la journée allait être difficile pour lui. Le jour où je l'ai trouvé sur son balcon avec un nombre incalculable de bouteilles vides à ses pieds. Ce jour-là était arrivé quelques jours après nôtre sortie au musée.  

Et ce jour-là je m'en souviendrais probablement toute ma vie. C'était la première fois que je le voyais aussi anéanti aussi démuni de toutes émotions..

On n'a pas beaucoup parlé ce jour-là, je lui avais dit que je serais toujours là pour lui dans la mesure du possible. Il m'a dit que j'étais qu'une simple assistante et que je n'avais rien à faire ici. Il m'avait dit cette phrase avec tellement d'amertume dans le voix que je me suis imaginée le croire. Croire à ses quelques mots qui avait eu l'effet d'une douloureuse gifle sur ma joue. J'ai mis cela sur le coup de l'émotion, sur le fait qu'il est face à quelque chose dont il n'était pas préparé. J'avais eu raison d'y croire, car quand j'ai commencé à faire le chemin inverse, il m'a pris dans ses bras et s'est excusé. Ses yeux ne pleuraient pas, mais son cœur, lui, criait « à l'aide ».

L'accueil du deuil est différent pour tout le monde et on passe par beaucoup d'étapes avant de réussir à apprendre à vivre avec. Réussir à se dire que rien de tout ça n'est arrivé, que ce n'est pas sa faute, qu'on ira le rejoindre à un moment donné.

Alessio avait choisi le silence et l'éloignement de la situation.

Quand j'arrivais dans son grand salon, je le voyais au-dessus de son ilot de cuisine, les mains plaquées sur le marbre froid, le regard visé sur son verre à moitié remplit d'un liquide brun, du whisky probablement.

— Je ne comprendrais jamais ce principe de se préparer pour un enterrement, dit-il en ayant senti ma présence.

— Pour rendre un dernier hommage correct au défunt je suppose ? Dis-je en passant mes mains sur son torse afin de l'enlacer.

Il ne discutait qu'avec moi. La France c'était il n'y a que quelques semaines, depuis sa vie semble lui échappé. Mais quant à nous, parce que oui il y a bien un nous, on avançait à notre rythme. On se sentait bien tous les deux ensemble. On faisait l'amour en rentrant du bureau, même au bureau pour être honnête (ça a ses avantages d'être pratiquement seul à un étage). On discutait de la pluie et du beau temps. On allait au restaurant. On agissait comme le couple le plus en vogue des Etats-Unis sans même s'être dit les termes.
Est-ce que je ressens quelques choses pour Alessio ? Oui, quelque chose de fort même, je ne saurais pas encore dire quoi. Mais si je ne ressentais rien je ne serais pas là à tenter de le réconforter, à être là dans cette situation qui marquera forcément un tournant dans sa vie. Et j'aimais m'imaginer le fait que lui aussi ressentait quelque chose, aussi petite soit-elle, mais quelque chose de respectueux.

NOLANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant