7 / ESMÉE

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24 décembre 2021, 12:24. Clamart.

Je glousse en lisant le message d'Elio, accompagné d'une photo de lui avec un magnifique paysage d'une campagne de Toscane derrière lui. Il est parti rejoindre sa famille en Italie pour passer les fêtes de fin d'année avec eux, ce que je trouve extrêmement mignon même si je n'ai pas vraiment l'esprit famille de mon côté. Je croque dans mon morceau de pain et je réponds à son message.

Je lève la tête et fronce les sourcils quand j'entends sonner. J'avais presque oublié le bruit de la sonnette de mon appartement car littéralement personne ne me rend visite. Je me lève donc de ma chaise et je salue au passage Orion qui joue avec une de mes chaussettes par terre.

Je regarde dans le judas avant d'ouvrir, afin de m'assurer que ce n'est pas un tueur en série qui vient sonner chez moi. Mon estomac se retourne quand j'aperçois qui c'est et j'avoue que j'hésite à faire la morte au lieu d'ouvrir.

Finalement, le peu de conscience qu'il me reste me force à ouvrir.

La blonde face à moi me fusille d'abord du regard et après avoir tâté le terrain en échangeant des regards, elle s'avance vers moi et me prend dans ses bras. On se serre aussi fort que l'on peut et ce câlin me réconforte. J'ai l'impression d'être à la maison, après de nombreux mois passés à errer dans cette ville étrangère. Soudain, un parfum vient me gifler en pleine face et je me recule brusquement.

Moi: Tu portes le parfum de maman?

Ma petite sœur baisse le regard et elle hoche doucement la tête.

Ludovica: Oui, ça me fait du bien de sentir comme elle...

Ses yeux s'embuent et je ne peux pas être fâchée contre elle: je la serre de nouveau très fort dans mes bras. Je niche ma tête dans son cou et je renifle son odeur si réconfortante.

Moi: Qu'est-ce que tu fous ici Ludo?
Ludovica: Puisque tu veux pas rentrer, je me suis dit que j'allais venir te rendre visite moi-même, dit-elle sarcastiquement.

Je ne réponds pas, n'ayant pas d'excuse valide.

Moi: Entre.

Je l'aide à faire rentrer sa grosse valise dans mon appartement et je me mords l'intérieur de la joue en imaginant le bordel qu'elle va foutre dans mon petit appartement.

Ludovica fait le tour de mon chez moi et je la laisse faire. Je prends le temps de l'observer: elle n'a pas vraiment changé mais je peux voir sur son visage qu'elle n'a toujours pas retrouvé son éclat. Elle est triste mais elle le cache bien, si je ne la connaissais pas comme ma poche je ne l'aurais jamais remarqué.

Ludovica: T'as un chat? hurle-t-elle.
Moi: Oui! C'est Orion, mon bébé.

La blonde prend mon chat dans ses bras, comme si c'était un bébé humain. Elle lui fait un câlin avant de le reposer. Orion est très affectif, même avec les inconnus, alors il reste près d'elle.

Un léger silence s'installe.

Moi: J'étais en train de manger, t'as faim?
Ludovica: Un peu qu'j'ai faim, j'ai rien mangé depuis ce matin!

Je rigole et la guide jusqu'à la cuisine.

Ludovica: C'est mignon chez toi, mais comment tu paies le loyer? T'as finalement accepté l'héritage?
Moi: Non, dis-je en me grattant la nuque. Je travaille en tant que serveuse dans un restaurant sur Paris.

Je vois le visage de ma soeur changer. Je ne sais pas si j'y lis de l'inquiétude, de la peur, du jugement ou de la condescendance.

Ludovica: Mais? Et tes études? Tu vas pas les arrêter quand même?

WIOSNA / PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant