WIOSNA / PLK

12 / MATHIEU

31 décembre 2021, 17:27. Paris.

Je me rhabille machinalement et quitte la chambre de la brune avant qu'elle n'ait le temps de se réveiller. Après avoir déposé mon frère et ma soeur chez eux, je suis allé au studio avec les gars et j'ai galéré pendant un après-midi entier sur le même son. Ça me prend trop la tête.

Du coup j'avais besoin de décompresser. J'avais besoin de baiser. J'ai appelé Olympe, on a baisé, j'ai relâché la pression. Mais une fois que ça s'est fini, c'est Olympe qui a commencé à me prendre la tête.

Voilà pourquoi je suis en train de m'échapper en douce de son appartement. À chaque fois qu'on couche ensemble, elle veut des papouilles et des mots doux. Pourtant je lui ai toujours répété que je ne voulais plus de relation amoureuse avec elle. Mais elle espère encore, je le vois dans ses yeux. À chaque fois, je me répète que je devrais tout arrêter mais dès que je suis faible, je la rappelle. Et rebelote aujourd'hui.

Je décide de marcher un bout avec la seule chose qui peut me vider complètement la tête: mon joint. Je me promène dans les rues de la capitale, les mains tremblantes à cause du froid. Malgré tout, j'avance et je fume mon joint qui prend petit à petit possession de ma tête.

Olympe est une fille qui ne me correspond plus, c'est une meuf qui ne pense qu'à sa gueule et qui n'a jamais eu à bouger le petit doigt pour obtenir ce qu'elle veut. Elle est sympa et plutôt drôle en tant que pote mais ça ne pourrait plus jamais être ma meuf. Il n'y a que son gros boule qui m'empêche d'entretenir une relation purement platonique avec elle.

Je prétends être prêt à avoir une relation sérieuse et me poser mais peu importe la meuf que je rencontre, je suis incapable de lui faire confiance et me livrer à elle. On me dit que je suis beaucoup trop méfiant mais j'ai appris dès ma plus tendre enfance que les relations amoureuses étaient instables et sources de problèmes. Alors j'ai suivi les conseils de mon père et j'ai barricadé mon coeur.

Pendant que je marche, je reçois un appel de Lesram et je réponds à contrecoeur parce que je voulais être seul, mais ça peut être important.

Moi: Allo?
Lesram: Ouais polak, tu fais quoi?
Moi: Je rentre là, et toi? dis-je d'un ton neutre.
Lesram: T'étais où?
Moi: Au studio, mentais-je.
Lesram: D'acc. Bah écoute Esmée vient de m'appeler, elle finit à 22h ce soir mais moi je peux pas partir avant 23h de mon truc.
Moi: Ok...? demandai-je sans comprendre où il veut en venir.
Lesram: Bah j'me demandais si tu pouvais aller la chercher.

Je soupire, un peu agacé qu'on me prenne pour son babysitter — ou bien son chauffeur personnel, je ne sais pas trop.

Moi: Vas-y j'irai la chercher, mais juste parce que c'est toi. Tu m'en dois une hein!
Lesram: Ça marche gros, dit-il en riant. Appelle-la pour lui dire quand tu passes la prendre, je lui ai dit que tu le ferais.
Moi: Vas-y.

Je raccroche et je vais dans le groupe pour trouver le numéro d'Esmée que je n'avais pas enregistré. Je me résigne donc à l'appeler, puisque Lesram lui a dit que je le ferais.

Esmée: Allo?
Moi: Wesh Esmeralda, ça dit quoi? souriais-je fier de moi.
Esmée: Eh commence pas, dit-elle en riant.
Moi: Je dois passer prendre Sa Majesté à quelle heure ce soir? continuai-je sur le même ton.
Esmée: Je finis à 22h mais faut que j'me prépare vite fait donc viens à 22h30.
Moi: Vas-y, on fait comme ça.
Esmée: Merci, à toute à l'heure.
Moi: Ouais à toute.

Je raccroche et je continue de marcher un peu.

22:34

Je m'arrête devant le restaurant où travaille Esmée et je baisse la vitre quand je l'aperçois pour crier « Esmeralda » juste pour l'embêter et lui foutre la honte. Je change d'avis quand je vois qu'elle est en train de parler avec un mec. Enfin on dirait qu'ils s'engueulent vu les grands gestes qu'elle fait en même temps qu'elle parle. Elle tourne la tête et quand elle me voit, elle me fait signe d'attendre. Je soupire et je coupe le moteur de la voiture.