53 / ESMÉE

4.3K 147 14
                                    

15 août 2022, 03:46. Montepulciano (Toscane, Italie).

Je pose mon doigt sur ma bouche pour prier mes accompagnants d'arrêter de rire, pendant que je passe la clé dans la serrure. C'est bien plus dur de le faire lorsqu'on a trop bu et qu'on ne tient plus tout à fait droit.

Derrière moi, ma sœur ainsi que nos copains tentent tant bien que mal de se retenir de rire. Sans grand succès puisque Ludo éclate de rire et que les garçons la rejoignent dans son fou rire, au moment où j'ouvre la porte d'entrée.

Moi: Taisez-vous! Je les gronde en chuchotant.

Ils font de leur mieux pour se taire et on monte tous à l'étage. On est sortis avec mes cousins dans le seul bar du village et on s'est tous bourré la gueule, d'ailleurs mes cousins y sont encore. On a été plus sages et on a décidé de rentrer...

Ça fait déjà quelques jours qu'on est ici et je nous sens tous apaisés. L'air frais et la vie simple nous font énormément de bien, on devrait peut-être songer à abandonner nos vies en ville et venir nous installer ici.

On se souhaite une bonne nuit et on se sépare pour aller dans nos chambres respectives.

Mon copain se couche sur le lit sans même prendre la peine de se changer et je l'entends directement ronfler. Je ricane et je me couche à côté de lui avant de déposer un baiser sur sa joue.

Mathieu: Bonne nuit, marmonne-t-il en entourant ma taille avec son bras.
Moi: Bonne nuit amore.

Il sourit et s'endort complètement. Je le tourne légèrement pour qu'il ne dorme pas à plat ventre, j'ai toujours peur qu'il s'étouffe dans son sommeil vu qu'il est bourré.

Je me libère ensuite de ses bras et je vais me changer pour mettre une tenue un peu plus cozy.

Après m'être démaquillée et avoir fait ma skincare routine, je décide d'aller boire un thé en bas parce que j'ai mal au ventre

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Après m'être démaquillée et avoir fait ma skincare routine, je décide d'aller boire un thé en bas parce que j'ai mal au ventre.

Sans grande surprise, ma nonna se trouve sur la terrasse en train de boire une limonade.

Moi: Y a de la limonade pour moi, nonna? demandai-je en italien en essayant de ne pas lui faire peur.
Nonna: Bien sûr mon bébé, allez viens vers moi. Elle tapote le canapé où elle est assise.
Moi: Je vais me faire un thé chaud, t'en veux?
Nonna: Non merci!

Je vais me préparer un thé chaud à la camomille et je rejoins ma grand-mère sur la terrasse.

Nonna: C'était bien?
Moi: Oui, on s'est bien amusés.

Je suis toujours alcoolisée mais l'euphorie est redescendue, je suis beaucoup plus calme qu'avant.

Nonna: J'aime beaucoup Mathieu, déclare-t-elle simplement.
Moi: Moi aussi, dis-je en souriant.

Ces derniers jours, j'ai vu mon copain et ma grand-mère développer une relation fusionnelle. C'était surprenant de le voir s'attacher à elle de cette manière et aussi rapidement, et nonna a adopté Mathieu comme si c'était son propre petit-fils. C'est pour ça que je l'aime, elle ne fait aucune différence entre ses petits-enfants et Mathieu ou Assaf. Il en va de même pour les maris et femmes de mes cousins.

Nonna: Tu sais, tu me fais beaucoup penser à ta mère. Elle était pareille que toi, la première fois qu'elle a ramené ton père avec elle ici. Elle parle d'un ton nostalgique.
Moi: Pourquoi? Je me sens flattée par la comparaison et j'aimerais en savoir plus.
Nonna: La manière dont tu te comportes avec lui. T'es collante avec lui, tu lui parles comme une mère parlerait à son nourrisson et tu le regardes avec des yeux brillants. C'est ridicule.

Je ricane et je bois une gorgée de mon thé.

Nonna: Et il paraît que j'étais pareille avec ton grand-père 50 ans plus tôt. C'est la vie.

Je souris de toutes mes dents. J'apprécie vraiment les discussions avec nonna, elles sont toujours riches.

Nonna: Tu penses que c'est le bon?
Moi: Oui, j'en ai le sentiment. Je peux pas deviner ce que demain nous réserve parce que la vie est imprévisible mais... j'sais pas. C'est lui.
Nonna: Ouais, je crois aussi.

Un léger silence s'installe et je réfléchis à ce que je viens de dire. Je ne crois pas l'avoir déjà dit à voix haute.

Nonna: Tu aimerais te marier avec lui? Tu penses que ça va arriver bientôt?
Moi: Honnêtement, je pense pas prochainement. C'est pas le style de Mathieu, il serait du genre à se marier dans 10 ans — et encore.
Nonna: Faites-le avant que je meure quand même! On rit.
Moi: Tu sais, je crois qu'on a tous les deux été traumatisés par l'idée du mariage à cause de nos parents.
Nonna: Mais vous êtes pas vos parents... C'est l'occasion de faire mieux qu'eux. Apprenez de leurs erreurs.

Elle a raison d'un côté, on peut éviter de refaire les mêmes erreurs que nos parents. Cela n'empêche pas qu'on puisse en faire d'autres...

Nonna: Comment tu te sens, par rapport à tes parents?
Moi: Je me sens mieux. Ludo m'a beaucoup aidée, elle m'a fait comprendre plein de choses. Et puis mon cœur s'est apaisé, je suis bien entourée.
Nonna: Je suis contente de l'entendre, j'ai constamment pensé à toi cette année. J'étais préoccupée à l'idée que tu souffres.
Moi: J'ai souffert et c'est toujours le cas mais ça va mieux et c'est déjà bien...
Nonna: Et ça te fait quoi d'être ici?

Je m'arrête et je contemple la vue pendant un moment, me rappelant de tous mes souvenirs dans cette maison.

Moi: Bizarrement, beaucoup de bien. Je n'ai presque que de bons souvenirs ici alors ça aide. Quand je suis rentrée à Lausanne cet hiver c'était beaucoup plus compliqué.

Elle sourit et hoche la tête.




15:29





J'éclate de rire en voyant le visage de Mathieu couvert de farine. Je tente d'en enlever un peu mais le polonais en profite pour m'embrasser et m'en mettre partout. Je rigole davantage et il me colle à lui en plaçant sa main droite dans le bas de mon dos.

Moi: Arrête, ils vont revenir là! dis-je contre ses lèvres.
Mathieu: J'ai pas le droit d'embrasser ma copine?
Moi: Pas comme ça.
Mathieu: Tant pis pour eux s'ils veulent pas voir de l'amour.

Je glousse, il sait comment me parler.

Assaf: Canard.

Mathieu me lâche et on se retourne pour voir ma sœur et son copain débarquer dans la cuisine avec la sauce tomate qu'on a préparée nous-mêmes hier après-midi. Le faux blond insulte son pote et marmonne dans son coin.

Ludovica: Séparez-vous avant que nonna revienne, elle va vous taper sur les doigts!
Nonna: Laissez-les s'aimer olala, quels rabat-joie! Sa voix nous surprend tous et nous fait rire.

Mathieu lui fait un clin d'œil et il vient embrasser ma tempe.

Nonna: Vous avez fini les pâtes?
Mathieu: Oui, c'est dans la casserole.

On a fait des pâtes nous-mêmes, grâce à la recette de nonna. C'est une tradition familiale, on fait ça chaque été lorsqu'on vient ici.

Ça me fait penser à ma mère, elle me manque beaucoup. Elle aurait adoré Mathieu et sa manière maladroite de cuisiner, ils se seraient bien entendus. Il manque vraiment sa touche dans cette recette, il manque la « pincée de magie de Valentina » comme elle avait l'habitude de le dire...

WIOSNA / PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant