22 / ESMÉE

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11 mars 2022, 12:09. Lausanne (CH).

Je fixe longuement le livre à la couverture rose et je finis par le glisser dans ma valise pour l'emporter avec moi. Je finirai de le lire, éventuellement. Je ferme ma valise et je soupire avant de descendre en bas, la portant avec difficulté. Certains sont déjà réveillés, d'autres pas.

Ma sœur me regarde avec un regard triste et elle me fait un câlin.

Ludovica: T'es sûre de toi?
Moi: Ouais, répondis-je tristement.
Ludovica: On se voit bientôt.
Moi: Oui t'inquiète, dès que j'ai un moment de libre je viens te voir.
Ludovica: Je t'appelle dès qu'ils seront partis pour que tu me parles de ce qu'il s'est passé, me chuchote-t-elle dans l'oreille.

Je hoche la tête, baissant le regard sur mes pieds.

Ce matin, je me suis réveillée avec une culpabilité immense à cause des événements de la veille avec Mathieu. Elio s'est montré adorable avec moi depuis que je suis en Suisse et moi je le remercie en ayant un comportement ambigu avec le mec dont il est jaloux... J'ai donc décidé de ne pas aller au ski avec l'équipe ce week-end, prétextant un début de grippe. Je vais prendre le train et rentrer à Clamart pour faire une surprise à mon copain.

Heureusement, Mathieu n'est pas encore réveillé donc je n'aurai pas à lui faire face pour l'instant. Je salue donc tout le monde et Lesram se désigne pour me déposer à la gare puisque ma valise est plutôt lourde.

Ludo lui prête donc les clés de la BMW et on part en direction de la gare. Il m'aide à mettre la valise dans le coffre et on monte dans la voiture. Le silence devient un peu lourd pendant le trajet mais je ne sais pas quoi lui dire.

Lesram: Tu te sens bien? dit-il préoccupé.
Moi: Pas trop, avouais-je.
Lesram: T'as attrapé un coup de froid?
Moi: Possible, j'sais pas.
Lesram: On aurait mieux fait de tous rentrer à Paris si tu t'sens pas bien, je suis pas rassuré de te laisser prendre le train seule. T'habites seule en plus!
Moi: T'inquiète pas pour moi, c'est pas si grave. J'me suis juste dit que le ski ça aiderait pas. Je vous appelle si ça va pas.

Il sourit et on arrive finalement à la gare. Il m'aide à sortir ma valise du coffre et il me fait un bisou sur la joue.

Lesram: Prends soin de toi.

Je souris et lui promets de le faire. C'est ce que je suis en train de faire en rentrant, pensais-je.

Je prends le TGV direction la capitale française et j'écoute de la musique pendant tout le trajet, me repassant les moments de cette dernière semaine dans la tête.

Ça a été difficile pour moi de revenir, de me retrouver confrontée à tous ces souvenirs. Je suis allée sur leur tombe pour la première fois — je n'ai pas pleuré — et j'ai dû aller chez le notaire avec Ludovica pour accepter de recevoir mon héritage — je ne dépends donc plus d'un SMIC.

En contraste, ça m'a fait tellement de bien d'être avec mes amis pendant une semaine où on ne s'est pas pris la tête. Je me suis rapprochée de chacun d'entre eux et je les apprécie encore plus qu'avant, même avec leurs habitudes énervantes comme Elyo qui laisse ses chaussettes traîner dans tous les endroits imaginables.

On a fait une soirée pyjama entre filles un soir et on a toutes dormi dans ma chambre, ce qui m'a permis de mieux connaître Zoé et Olympe avec qui je n'avais jamais vraiment fait l'effort de parler plus que ça.

C'est pourquoi je suis vraiment contente de ce voyage en général, sans compter la situation bizarre avec Mathieu. On a partagé des moments géniaux lui et moi et on a une complicité que je ne pense avoir avec aucun des autres garçons, mais... je suis attirée par lui et je ne peux plus le cacher. Il chamboule tout dans ma tête, ça me rend malade de penser à lui de certaines manières alors que je suis en couple avec Elio. Je suis tactile avec Mathieu et je cherche constamment le contact physique avec lui alors que je ne supporte pas d'être touchée par Elio.

Tout ça me retourne la tête et je préfère prendre quelques jours loin de Mathieu pour y réfléchir. Passer ces quelques jours avec Elio me permettra de remettre les pendules à l'heure.


18:17. Paris.


En arrivant à Paris, la première chose que j'ai faite c'est rentrer pour poser mes affaires et prendre une douche, avant de me préparer et
partir en direction de chez Elio.

Me voici donc devant sa porte, stressée à fond. Je ne l'ai pas prévenu de mon arrivée mais je sais qu'il ne travaille pas aujourd'hui. J'espère que ma surprise va lui faire plaisir.

Je me suis faite belle: j'ai mis ma plus belle tenue avec quelques bijoux et j'ai fait l'effort de me maquiller. J'ai même mis le parfum qu'il préfère pour le charmer.

J'espère qu'il sera disponible pour moi mais il n'a pas grand chose de prévu le week-end en général alors je ne me fais pas trop de soucis

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J'espère qu'il sera disponible pour moi mais il n'a pas grand chose de prévu le week-end en général alors je ne me fais pas trop de soucis. Ce n'est pas un homme qui sort beaucoup.

Je sonne donc à la porte mais j'attends qu'il vienne m'ouvrir, ne voulant pas être malpolie. J'attends impatiemment en gigotant sur mes deux jambes, prête à lui sauter dessus.

Imaginez ma surprise quand une grande blonde aux formes généreuses vient m'ouvrir la porte, un enfant aux boucles blondes en bas âge posé sur sa hanche. Elle me regarde de haut en bas et replace une mèche de ses cheveux blonds bouclés derrière son oreille.

Blonde: Qui êtes-vous? me demande-t-elle avec un accent.

Son accent est italien, on dirait celui de ma nonna. Je ne comprends pas ce qu'elle fait là, chez Elio. Il ne m'a pas dit qu'il avait de la visite, ça doit sûrement être sa sœur ou sa cousine.

Moi: Elio est là?
Blonde: Oui, il se douche. Vous êtes qui? demande-t-elle une nouvelle fois.
Moi: La copine d'Elio, dis-je avec un sourire. Je sais que c'est pas la meilleure manière de se rencontrer mais... commençais-je.
Blonde: Quelle copine? m'interrompt-elle. Son amie?
Moi: Non, sa copine.

Elle rit nerveusement et elle prend l'enfant de ses hanches avant de le tendre vers moi, comme pour mieux me le montrer au cas où je ne l'avais pas vu. Le petit me fixait avec ses gros yeux bleus qui m'étaient familiers, tandis que les beaux yeux verts en amande de celle que je suppose être sa mère me regardaient avec mépris.

Blonde: Ça, c'est le fils d'Elio, il s'appelle Matteo. Et moi, je m'appelle Chiara. Je suis sa femme.

WIOSNA / PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant