60 / ESMÉE

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29 octobre 2022, 06:08. Clamart.

Je fixe le plafond et je me demande s'il est en train de dormir ou s'il est, comme moi, en train de cogiter. Je déteste Olympe de nous avoir mis dans cette situation, une fois de plus. Je ne doute pas de Mathieu et j'ai confiance en lui, mais je lui en veux de l'avoir laissée faire ça. S'il était parti plus loin tout de suite, elle n'aurait pas pu l'embrasser. Je déteste savoir que les lèvres d'Olympe ont à nouveau touché les siennes.

Je me lève du lit et je vais dans la cuisine pour me servir un verre d'eau. Je jette un coup d'œil dans le salon depuis où je me trouve et mon regard croise celui de Mathieu, dans le noir.

Mathieu: Tu dors pas?
Moi: Je te parle toujours pas.

Je l'entends souffler. J'ai refusé de dormir avec lui donc il m'a laissé le lit et il est parti dormir sur le canapé.

Il se lève et il vient me rejoindre dans la cuisine, il s'assoit face à moi.

Mathieu: Bébé, s'te plaît... Il fait la moue.
Moi: Arrête, tu m'énerves. Je l'évite.
Mathieu: Ça commence à me casser les couilles ça aussi. J'ai rien fait bordel! Il hausse le ton. J'vais pas me faire embrouiller alors que j'ai rien fait de mal quand même?
Moi: Justement, t'as rien fait! T'aurais dû t'éloigner d'elle directement, tu savais de quoi elle est capable! Je lui montre que moi aussi, je peux hausser le ton.
Mathieu: Putain, c'est pas possible. Il dit d'un ton las en soupirant. J'me casse, je peux plus écouter des conneries pareilles.
Moi: Des conneries?! T'essaies même pas de me comprendre Mathieu.
Mathieu: J'essaie de comprendre, Esmée. Je crois que j'ai bien compris. T'as juste la haine et tu reverses tout sur moi! T'en fais pas, je te laisse du temps seule pour que ta colère redescende.

Il parle d'un ton posé et calme, comme s'il voulait m'arranger, mais je sais qu'il est en colère. Il récupère son porte-monnaie et ses clés sur le comptoir et il part dans le couloir pour s'habiller.

Moi: Sérieusement, tu crois que c'est la meilleure solution de te barrer là?
Mathieu: Tu voulais pas dormir avec moi, tu supportes pas ma présence. Je t'offre du temps sans ma présence. C'est bon?

Il enfile sa veste et ses chaussures avant de partir en claquant la porte. Je n'y crois pas, il a réussi à retourner la situation et faire en sorte d'être la personne énervée. Je reste dans le couloir à fixer la porte pendant quelques minutes, espérant dans le fond qu'il finisse par revenir. J'espère juste qu'il n'a pas réveillé la chienne, il est trop tôt pour que je joue avec.

Je retourne me coucher et je me mets en étoile de mer sur le lit en fixant le plafond. Peut-être qu'il a raison, on a besoin d'une nuit l'un sans l'autre pour déverser notre colère sur autre chose et mieux se retrouver plus tard pour oublier cette histoire.







17:05







Je pince mes lèvres et je toque à la porte, peu confiante. Pendant l'attente, je songe à partir en courant. Peut-être que je n'aurais pas dû venir ici... Malheureusement ou heureusement pour moi, mamie vient ouvrir la porte accompagnée de son sourire rassurant. 

Mamie: Oh, Esmée! Comme ça me fait plaisir de te voir! dit-elle en me prenant dans ses bras.
Moi: Moi aussi, je souris.
Mamie: Tu viens de louper mon petit-fils, c'est lui que tu cherchais?
Moi: Euh... Non, non. C'est vous que je suis venue voir.

Elle me fait un clin d'œil et elle m'invite à entrer, en me répétant d'arrêter de la vouvoyer. J'avais besoin de réconfort et c'est la première personne à laquelle j'ai pensé, c'est ironique quand on sait que son petit-fils est en partie à l'origine de mon malheur.

WIOSNA / PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant