38 / ESMÉE

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29 avril 2022, 14:01. Paris.

Je pose mon bloc-notes et mon stylo dans mon casier avant de récupérer ma lunch box que j'ai préparée la veille. Ces deux dernières semaines, Ludo avait l'habitude de me faire à manger donc ça a été dur de cuisiner quoique ce soit hier soir, après son départ. Mathieu m'a donc aidée à faire une salade froide et je me réjouis de la manger, on a mélangé toutes sortes de légumes.

En sortant du vestiaire, je tombe nez à nez avec une grande blonde, ce qui me fait perdre mon sourire. Son visage se renferme lorsqu'elle m'aperçoit et elle fronce les sourcils.

Chiara: Qu'est-ce que tu fais encore là?
Moi: Je travaille ici, je sais pas si ton mari t'a mise au courant du coup.
Chiara: T'as été virée, pourquoi t'es là?

Elle commence à hausser le ton et à parler mal alors que je faisais de mon mieux pour rester calme. Ce n'est pas de ma faute si son mari menait une double vie, je n'étais pas au courant de son existence non plus.

Le concerné débarque presque en courant et il attrape violemment sa femme par les épaules, mon regard reste fixé sur ses mains qui s'agrippent fermement à la peau de l'italienne.

Elio: Chiara, on y va. Qu'est-ce que t'es venue faire ici? C'est mon lieu de travail, je t'ai déjà dit de pas t'en mêler.

Il parle d'un ton calme mais ses dents sont serrées et son regard est sévère.

Chiara: Pourquoi elle est là? Tu m'as dit qu'elle était virée! Je te laisse venir travailler pour que tu sois encore avec elle? Tu recommences? lui dit-elle en italien, la voix tremblante.
Elio: Non, c'est fini. Chiara s'te plaît, rentre à la maison. Je veux pas m'énerver ici, je t'expliquerai tout, répond-il en français.

Je me tiens à côté d'eux, sans pouvoir détourner mon regard des mains d'Elio, il tient sa femme si fermement que ses ongles s'enfoncent dans la peau de la blonde.

Cette dernière finit par céder et elle lui dit qu'elle rentre à la maison, qu'elle l'attend à 18h ce soir, etc. Elio place son bras autour de ses épaules et il la raccompagne en dehors du restaurant. Et moi je reste là, troublée par ce que je viens de voir et entendre. Elio a menti à sa femme, une fois de plus, en disant que je ne travaillais plus ici.

L'italien revient vers moi un peu plus tard et il me demande de le suivre dans le vestiaire, ce que je fais même si j'ai l'impression que je ne devrais pas.

Elio: J'étais obligé de lui mentir pour qu'elle me laisse venir travailler, dit-il sans introduction. Désolé qu'elle ait débarqué comme ça.
Moi: C'est pas grave, je peux comprendre sa réaction. T'aurais pas dû lui mentir.
Elio: Tu comprends pas, j'pouvais pas quitter ce job et elle voulait pas que je continuer de travailler avec toi.
Moi: Ce qui est compréhensible, dis-je sarcastiquement.
Elio: Bref, je voulais m'excuser pour elle. T'inquiète pas, ça arrivera plus.

Je n'en doute pas, vu la manière dont il l'a traitée. Dieu sait ce qu'il lui a dit une fois qu'ils étaient seuls. Je ne le reconnais plus, il ne me semble pas qu'il ait déjà été violent avec moi alors ce genre de comportement venant de sa part me choque.

Moi: Si t'as fini, je m'en vais.
Elio: Oui.

Je hoche la tête et je quitte le vestiaire avant de sortir dehors pour me poser et manger sur un banc. Je remarque immédiatement la présence de Chiara sur un banc, quelques mètres plus loin. Son visage est caché par ses mains, on dirait qu'elle est en train de pleurer.

Je ne sais pas pourquoi je le fais mais je décide d'aller la voir. Je m'assois à côté d'elle sur le banc, sans parler, et elle me regarde avant de rire jaune.

WIOSNA / PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant