— Plus haut, ta garde Valentina prend bien tes appuis ! Hurle, Louise.
Je réarrange ma position tout en respirant avec grande difficulté. Jamais je n'aurais pensé que cette séance serait aussi éprouvante. Je m'essuie le front du revers de la main et me mets face à mon amie.— Déjà fatiguée ? Je t'imaginais plus endurante ! Chantonne Zofia, un immense sourire aux lèvres et ses poings devant le visage.
Nous nous entraînons depuis tôt ce matin, je suis épuisée et j'ai énormément de mal à suivre la cadence de Zofia. Elle va tellement vite dans ses déplacements, que je la vois à peine se mouvoir de droite à gauche. Je me retrouve une nouvelle fois au tapis et elle se jette sur moi, m'empêchant de bouger un seul de mes muscles.
— Stop, je la supplie, haletante. Je n'en peux plus !
— Ça fait juste deux heures que nous avons commencé Val, un peu d'entrain, bougonne Zofia. Il reste encore deux avant la pause de midi.
Chouette, je suis déjà toute transpirante et je ne sens ni mes jambes ni mes bras, ni... pour faire simple, plus rien du tout. En quittant mon lit ce matin, je savais que cette séance d'entraînement serait un enfer. Je n'ai jamais fait un seul sport de combat ni en général. Dans mon état, ç'aurait été compliqué, il faut se l'avouer. La paraplégie m'a privée de beaucoup de choses, même si je me suis adaptée au fil des années.
— Aller debout, on passe aux mannequins. Zofia me tend la main, avec un sourire en coin. Voyons voir quelle arme t'attires le plus.
Une fois sur mes deux jambes, je contemple tout ce qui est entreposé dans la salle. Arc, dagues, armes à feu, épée... Après un énième tour sur moi-même, j'ignore encore vers quoi me diriger. Hier soir, quand j'ai retrouvé Ianatan dans sa chambre, il m'a expliqué deux ou trois petites choses. Il m'a appris que chacun de nous devait choisir un équipement qu'il prendrait sur lui lors d'un potentiel combat. Les clans adverses aiment attaquer sans raison certaines familles, de ce fait, nous devons toujours être sur le qui-vive. J'inspire profondément et classe mentalement chaque arme que je vois et leurs désavantages. Épées, avec ma chance, j'arriverais à me trancher la tête avant un ennemi. Pistolets, fusils, snipers, je risque de tuer l'un de mes amis. Je souffle dépitée, avoir l'un deux entre les mains, c'est la mort assurée ! Je caresse doucement la dague que Ian m'a donnée ce matin, elle pèse lourd sur ma cuisse. Chaque membre du manoir en possède une et je ne fais pas exception à la règle, malgré mes nombreux refus. Je scanne une nouvelle fois la salle et mon regard est de nouveau attiré par les arcs accrochés au mur. Avec eux, impossible de faire d'impaire et en ayant déjà utilisé un, je sais que je me débrouille plutôt bien. J'avance jusqu'à celui qui m'appelle depuis ma première visite dans cette salle. Dès que je pénètre dans la pièce, il me tente si fort que je peine à résister. Je l'empoigne et le pèse dans mes mains, il est aussi lourd que léger, si brillant que je me demande s'il est réel.
— Un arc à poulie, on ne se refuse rien ma chère Val, me taquine Zofia.
— Tu as déjà utilisé une arme pareille ? Me questionne Louise assise près d'une grande fenêtre qui donne sur l'entrée du château.— Jamais. Enfin pas un de la sorte... En rééducation, ma kiné voulait que j'améliore ma posture, alors elle a exigé que je rejoigne les autres jeunes. Ça m'a obligée à me tenir droite et à faire un sport avec quelques personnes de mon âge.
Devant leurs mines étonnées, je me racle la gorge et reprends à mi-voix :
— J'étais assez sauvage après mon accident, j'ai perdu toutes mes amies et je m'enfermais dans ma chambre du matin au soir. À plusieurs reprises, les soignants pensaient que je me laissais mourir.
Me remémorer ces moments est douloureux, je me redresse au souvenir de ma monitrice et me force à sourire même si mes larmes menacent de s'échapper. J'ai été solitaire par obligation et non par choix. Alors cette vie au château ressemble à un rêve, un vœu exaucé. Celui que je faisais égoïstement à chaque étoile filante.
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Valentina Tome 1 : un monde nouveau
VampireValentina jeune femme de 28 ans, paraplégique depuis 10 ans suite à un accident de voiture décide de mettre fin à ses jours. Tout aurait pu être simple, si l'ébauche de son suicide ne se serait pas passer un soir de pleine lune. C'est à ce moment...