Chapitre 19

49 4 0
                                    

Les rires de mes amies m'apaisent, je ne me suis jamais sentie aussi bien, aussi libre et aussi entourée. J'ai retrouvé les filles comme me l'a demandé Franzi et cela me fait un bien fou. J'ai bien été tentée de refuser, mais mes douleurs ont miraculeusement disparu à cinq minutes que je quitte ma chambre. Tandis que Zofia la questionne sur une technique autrichienne, je contemple la pièce avec le plus de discrétion possible. Elle est construite sur les mêmes bases que l'ancienne chambre que j'occupais, avant de rejoindre celle de Ian. Grande, bien équipée et cosy. Seul changement : la vue. Alors que la mienne avait accès sur les portes du manoir qui était toujours en plein soleil, la sienne donne sur la forêt à l'arrière du château... ce qui la rend plus sombre. Je me perds dans mes pensées en la contemplant et je m'aperçois qu'elle aurait bien besoin d'un coup de frais. Les plantes sont presque toutes mortes et le petit jardin face à la cuisine est complètement à l'abandon.

— Tu vas rester debout jusqu'à ce qu'on descende dîner ? Me questionne la voix fluette de mon amie. 

À contrecœur, je m'éloigne de l'une des grandes baies vitrées et me dirige vers l'énorme lit de Franzi qui peut facilement nous accueillir toutes les trois. Cependant, Zofia a pris possession du fauteuil contre la seconde fenêtre et a étendu ses jambes sur le rebord en cuir. Je dois pousser Franzi, qui s'est littéralement avachie sur son couchage.
— Val, tu n'as pas oublié que j'avais une surprise pour toi ? dit-elle avec un regard badin alors que je m'installe en tailleur près d'elle.

— Comment omettre ce détail Franzi, tu n'arrêtes pas de me le répéter depuis que je suis arrivée.

— Ferme les yeux, petite insolente, renchérit-elle avec un gentil coup de coude dans mes côtes.

Je déteste les cadeaux et pourtant je lui obéis. J'ai appris à connaître Franziska très rapidement, malgré son vécu, elle est toujours la première à rire ou faire des blagues. La première a sans cesse remonté le moral des troupes, comme elle aime si bien le dire. Les doigts froids de mon amie se posent sur mon avant-bras, je me lève et me laisse guider. Gauche de nature, Franzi me rattrape de justesse dès que mes pieds se prennent dans son horrible tapis en poils synthétique. Bien évidemment, les filles sont hilares. Morte de honte, je sens mon visage s'enflammer et m'apprête à protester lorsqu'elle met un coffret dans le creux de mes mains.

— C'est bon, tu peux ouvrir les yeux.

Soulagé de pouvoir retrouver la vue, je découvre une boîte en velours, d'une magnifique couleur mauve aussi douce qu'une peau de bébé. Je détache la petite pression qui la maintient fermée. Le souffle coupé, je suis le pourtour du bijou. Une paire de boucles d'oreilles en or, ornée de deux diamants et d'une améthyste dans une goutte d'eau sur chacune d'elles, trône au centre de l'écrin. Jamais je n'ai reçu un tel cadeau, encore moins venant de deux amies. Émue, je me précipite vers Franzi et la prends dans mes bras.

— C'est beaucoup trop les filles, comment je pourrai vous remercier ? Je... c'est... Merci... Je murmure tout en me mordant la langue pour ne pas fondre en larmes.

Zofia nous rejoint et me serre à son tour contre son cœur toute souriante. Je jurerais avoir senti Franziska se crisper et observer de la gêne, mais en contemplant son visage de porcelaine, je remarque qu'elle en affiche un également.

— Nous ne remplacerons jamais ta sœur de sang, mais nous sommes désormais une grande famille. C'est notre cadeau pour ta revendication, elles rendront à merveille avec ta tenue. Ne te tracasse pas à vouloir nous remercier, reprend-elle après quelques secondes, notre récompense est de t'aider à te préparer pour ce jour important.

Je regarde une nouvelle fois les boucles qui brillent dans leur écrin. Je suis du même avis que mon amie, elles iront vraiment bien avec ma robe, elles rappelleront les améthystes sur le décolleté. Je me sens tellement chanceuse d'avoir trouvé deux personnes si formidables qu'elles, jamais je n'aurais imaginé m'entendre aussi vite et si bien avec elles.Ma transformation a eu un effet positif sur ma vie. Je remercie alors les saints oubliés par les vampires d'avoir mis Louise sur ma route ainsi que tous les individus de ce château. En levant la tête en direction de Franzi, je remarque qu'elle ne m'a pas lâchée des yeux. Je danse d'un pied sur l'autre tout en jouant avec mes doigts.

Valentina Tome 1 : un monde nouveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant