Chapitre 28 : Franziska

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Depuis plusieurs jours, nous nous efforçons tous d'apaiser Valentina. Tous les habitants du manoir se doutaient que l'italien allait gâcher la cérémonie. Dès que j'ai foulé l'herbe, j'ai eu un mauvais pressentiment. Malgré mon flair aiguisé, je n'arrive pas à distinguer d'autres odeurs que celles des personnes réunies pour la revendication de mon amie. Choses étranges vues qu'habituellement mon nez est extrêmement développé, je ressens celles des animaux dans les bois, et même celle du petit étang caché au fond de la forêt... J'ai tout de suite compris que les ennemies étaient sur nos terres, c'est pour cela que quand le carreau d'arbalète a frôlé le haut du crâne de Val, je n'ai pas été étonnée. Encore moins lorsque j'ai aperçu Finn se déplacer près de cette pourriture d'Abramo. Lui qui est un beau parleur, prêt à tout pour faire rire, il était étrange depuis quelques jours. Jamais je n'aurais imaginé qu'il se retournerait contre son plus vieil ami.

De petites disputes de clan, j'en ai connu. Des coups bas aussi, en revanche, toujours avec des troupes aux nombres équitables. Inconsciemment, celle que j'ai menée au côté de mon père assaille mes pensées... Cette idée me tord le cœur, la dernière remonte à plusieurs siècles et a été féroce. Celle-ci également sera sanglante. Je frissonne et jette un œil à Ian et Valentina. Leurs regards déterminés ne trompent personne, ils veulent mettre un terme à cette histoire.

Voir les deux leaders de notre famille aussi enragés fait décupler la mienne. Mes crocs s'étirent d'une longueur démesurée, il ne me manque plus que mon sabre d'officier pour me sentir invincible.

— Franzi ! Attrape !

La voix de Zofia résonne dans mon dos, j'ai à peine le temps de lui faire face pour saisir mon Graal que six hommes se jettent sur moi, tous armes aux poings. Ces imbéciles doivent penser que je suis une faible petite Müller, je les vois se lécher leurs lèvres, à croire qu'ils vont avoir le dessus sur moi et me manger toute crue. J'attrape mon précieux et me mets en garde.

— Erbärmlich ! Hurlé-je en serrant un peu plus ma prise sur la garde de mon sabre.

C'est exactement ce qu'ils sont : misérables. S'attaquer en si grand nombre à nous tandis que Ian est réputé pour être sanglant et que l'on m'appelait la faucheuse lorsque je combattais auprès de mon père. Je ne vais en faire qu'une bouchée, ensuite, j'irais porter secours à Zofia pour protéger Valentina.

Le premier larbin des Abramo s'avance d'un pas me sortant de mes pensées. Un homme blond me dépassant de deux têtes et aux larges épaules, équipé seulement d'une dague. Il se met en garde avec son arme minable. Un rire meurt au fond de ma gorge, quel imbécile de se lancer le premier, mais finalement, il faut bien commencer par l'un d'entre eux.

Nous formons un rond en ne nous arrêtant pas de tourner, jusqu'à ce qu'il se jette enfin sur moi. J'évite sans aucun souci sa petite lame, contre-attaque et en un clignement d'œil. Mon sabre fend l'air et plonge droit sur son cœur. Un bruit de succion qui m'est trop familier emplit notre cercle et un filet écarlate se repend sur mes doigts, rendant ma prise sur la garde difficile. Un combat terminé bien rapidement, loin de ceux auxquels j'ai pu participer. Le pauvre homme essaie tant bien que mal de répliquer, me lacérant les mollets, déchirant le bas de mon bustier en vain. Sa fin est proche et il le sait. J'attrape la dague à ma cuisse pour abréger ses souffrances, le contourne et le transperce une seconde fois pour ne plus être dérangé. Je me délecte de son sang qui coule de nouveau sur mes mains et je m'aperçois que cette sensation m'avait manqué. Les trois suivants récoltent le même sort, tous tués dans une danse mortelle que j'effectue majestueusement avec mon sabre. Je fixe le cinquième, un homme à la tignasse cuivré et lui lance un sourire mauvais. J'ai bien conscience d'être remplie de l'hémoglobine de ses amis, de ressemblé à un monstre avec ma robe déchirer, les pieds nus couverts de boue et les cheveux en bataille. Mais c'est si bon d'endosser à nouveau « l'armure » de la faucheuse.

Valentina Tome 1 : un monde nouveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant