Valentina Tome 1 : un monde nouveau

Chapitre 20

En arpentant les couloirs pour rejoindre ma chambre, je me repasse en boucle la fin du repas. Tout s'est bien déroulé, Finn est un homme adorable et j'ai pu apprendre une multitude de choses sur mes nouveaux compagnons. L'Autrichien a été captif d'un clan adverse, ils l'ont drogué à la mennalyptus, une plante robuste qui affaiblit grandement les vampires qui en ingèrent et peuvent parfois mourir si la dose est trop forte. Des chasseurs travaillaient avec cette famille l'ont poursuivi sans relâche avec leurs Bisoras (leurs animaux de compagnie en quelque sorte, mais qui n'ont rien à voir avec un bichon). La mennalyptus à laisser des séquelles à Finn, il n'a pas pu guérir certaines de ces cicatrices faites sous la torture et aujourd'hui, elles sont trop anciennes pour qu'elles disparaissent. J'ignore si Ianatan n'en a pas pris lui aussi, comme la balafre que je lui ai faite dix ans auparavant est toujours bien visible, à croire qu'elle avait été faite hier.

Alors que je suis à deux portes de la chambre que je partage avec mon Alpha, un mouvement derrière moi attire mon attention. Je fais appel à tous mes sens de vampire pour reconnaître la personne, que ce soit l'odorat ou l'ouïe, mais impossible de distinguer quoi que ce soit tellement elle ou il est silencieux. Je ressers ma prise sur l'une de mes dagues que j'ai dissimulées à ma cuisse gauche et sans un bruit la retire de son étui. Lorsque celle-ci est plus près de moi, je me retourne d'un mouvement fluide et le surprends. Je l'agrippe par l'une de ses épaules, plonge ma lame sous son cou et le maintien contre le mur le plus proche.
— Ce n'est que moi ! Hurle Conor.

— Pourquoi me suis-tu ? grogné-je.

— Je voulais te prévenir, il faut que tu te méfies...

— De qui ? Je ressers un peu plus fort ma prise sur ma dague et ne le quittent pas des yeux.

— De Mabon. Fait attention-toi de ce qu'il peut se passer, ta revendication ne les empêchera pas d'essayer de te nuire. Ian est peut-être puissant, mais il y a des personnes bien plus fortes que lui. Et, des traitres sont entrés dans le manoir.
— Qui sont ces personnes ? Explique-toi.
— Avant que je ne parle, écarte ta lame... La voix de Conor n'est qu'un murmure étouffé, ses yeux n'expriment aucune peur et je crois même reconnaître un rictus mesquin.
Je m'éloigne de lui sans pour autant remettre ma dague à ma cuisse et attends qu'il parle enfin. Le visage de Conor reprend un peu de ses couleurs, même s'il est passé de pale à blanc casser, une faible différence. Son regard brille avec le reflet des lumières allumé au-dessus de nous, ce qui leur donne une magnifique teinte émeraude. Ses taches de rousseur, elles, paraissent s'être dédoublées en l'espace de cinq petites minutes. Il est légèrement plus grand que moi et je suis étonnée que cela ne m'ait pas empêché d'avoir le dessus sur lui. Il ouvre enfin la bouche, mais son vilain rictus apparaît à nouveau. Je m'apprête à lui ordonner de m'en dire plus, quand des bruits de pas au loin, attirent mon regard. Et, je fais ma première erreur, le quitter de vu. Alors que je reviens au visage de Conor, il n'y a que le mur et les lampes qui me font face.

— Maudit téléporteur. Marmonné-je pour moi-même.
Je rejoins à vive allure ma chambre, dans l'espoir d'avoir un peu plus de réponses à mes questions grâce à Ianatan. Après cette journée fatigante, je n'ai qu'une envie : le retrouver. Mais, à ma grande surprise, quand j'entre dans la pièce, elle est vide. Il n'y a que Vamp est au pied du lit. Il n'y a personne, chose étonnante, car il met un point d'honneur à toujours arriver avant moi. Je me dirige dans la salle de bain pour enfiler mon pyjama — mon short préféré ainsi qu'un débardeur en soie. Quand je dors avec Ianatan, je ne porte rien vu la chaleur qui émane de son corps, mais dès que je suis seule j'aime revenir sur mes vieilles habitudes. Je m'installe dans le lit et le chaton me rejoint rapidement pour ses câlins du soir. Alors qu'il se pose sur mon ventre, je me perds dans mes pensées. Une personne désire vraiment me nuire, mais qui est-elle, et surtout, pourquoi me vouloir du mal ? Je ne suis une menace pour personne et ceux qui imaginent le contraire sont bien sots. Mes pouvoirs peinent encore à s'élargir et je suis loin d'être la meilleure, la plus compétente, ou la plus forte. Le fait de n'avoir aucune réponse met mes nerfs à rude épreuve. Vamp se redresse d'un coup et plonge ses beaux yeux verts dans les miens, miaule comme s'il voulait me parler et je sens l'urgence dans son joli regard émeraude. Ian m'a demandé de ne plus essayer de lire dans les pensées de qui que ce soit, mais il n'est pas là et n'est pas censé le savoir. Je décide donc de me concentrer sur cette petite boule de poils qui a bien grandi en quelques jours seulement. Après cette journée d'entraînement, je suis épuisée, mes muscles me font souffrir et je n'ai qu'une envie, celle de dormir. Pourtant, je me force à comprendre le chat et à force de volonté, j'entends quelques mots avant que le mal de crâne ne me foudroie sur place.

— Travail... Bébé... Repos.
Il a bien raison, j'ai besoin de me détendre. Si mon Alpha travaille encore, ça ne sert à rien que je l'attende, il vaut mieux économiser mes forces pour l'enseignement de demain. Surtout que Franziska a été claire, elle me réserve un entraînement militaire. J'ignore si elle ne faisait pas partie de l'armée autrichienne avant son exil, c'est peut-être ce que signifiaient les paroles que Zofia a dit en allemand.

Tandis que je cherche plusieurs explications, le sommeil me trouve et je pars dans une nuit agitée. Des cauchemars ne me quittent pas, accrocher à moi tels des chewing-gums.