Valentina Tome 1 : un monde nouveau

Chapitre 27

Je n'ai dormi que quelques heures cette nuit et malgré l'heure déjà avancée du début d'après-midi je n'arrive pas à émerger. Je fixe mon reflet dans l'énorme miroir de la salle de bain de notre chambre, ce n'est qu'à cet instant que je remarque que j'ai pris en muscle, mes épaules se sont élargies, des abdos se forment sur mon ventre et mes cuisses sont plus affuté. En remontant à mon visage, ce sont mes traits tirés, mes yeux cernés et ma mine grise qui me frappent. Mes iris dans ce maelström d'information se dénotent plus qu'à l'accoutumée, habituellement ils oscillent entre l'améthyste ou le lilas, aujourd'hui une couleur prune dérivant sur l'aubergine les habille. Même mon corps ressent inconsciemment que quelque chose se prépare... et l'absence de Ian n'arrange rien. Finn et Conor l'ont obligé à se changer dans l'une de leurs chambres, m'abandonnant avec les filles. Depuis plus d'une heure, mes amies se pressent autour de moi pour que tout soit parfait. Je distingue le reflet de Zofia se pencher au-dessus du bain pour faire couler l'eau, une fois à la température idéale elle y verse le lait d'ânesse. J'inspecte chaque détail pour les graver dans ma mémoire, comme me l'a répété Isadora depuis que je lui ai demandé de remplacer Louise, une revendication est unique et un vampire n'en a qu'une seule.

Ma créatrice ne nous a toujours pas de nouvelle et Zofia m'a appris qu'elle avait été convoquée par les femmes du conseil, ce qui n'inspire rien de bien. Il faut dire qu'avec ce que ma belle-sœur m'a annoncé hier et son regard, mon inquiétude a grimpé en flèche.

— C'est bon Val, tu peux t'immerger dans le bain. Zofia s'occupera de ton dos, et moi de tes jambes.

Mes amies se retournent pour me laisser de l'intimité et je plonge mon corps encore endolori par ma séance de sport de ce matin, dans ce bain chaud. Une sensation inhabituelle s'empare de moi, le lait sur ma peau me couvre d'un voile blanchâtre soyeux et le parfum de lavande ajoutée en fines gouttelettes m'apaise aussitôt. La rouquine frotte doucement mon dos de manière circulaire tandis que Franziska me frictionne les pieds dans le même sens pour évacuer tout ce qui n'est pas le bien venu en ce jour important, c'est une tradition assez spéciale et malgré mes refus étant pudique je n'y ai pas échappé.

J'entends Isa préparer ma tenue dans la chambre que je partage maintenant avec l'Alpha pendant que mes deux nouvelles amies plaisantent et me taquine, comme si je n'étais pas dans le plus simple appareil devant elles. Je rie, je pouffe et je me sens bien avec ces deux jeunes femmes que je ne les connaissais pas un mois auparavant. Aujourd'hui, grâce à elles j'ai réussi à me dépasser, je sais à présent me défendre et utiliser certains de mes pouvoirs facilement. Leur sympathie m'a sauvée, je ne vois plus ma vie sans elles et le soleil qu'elles ont fait entrer dans ma triste existence.

Hier en fin d'après-midi, Ian m'a demandé de désigner qui serait mes gardes du corps, qui prendraient le rôle que Connor et Finn ont depuis plusieurs siècles pour l'Alpha. Avant que sa phrase se termine, j'ai sueM que ce serait les deux jeunes femmes qui s'affairent autour de cette baignoire. Je ne leur en ai pas encore fait part, mais je suis certaine que ce sera auprès d'elle que je me dirigerais pour avoir les réponses à mes questions, celles en qui j'aurais le plus confiance pour mettre ma vie entre leurs mains. Celle à qui je demanderai l'impossible, m'aider à sauver ma sœur des griffes des monstres qui me l'ont enlevée. Et, je sais qu'elles me suivront dans cette folie.

Après une bonne heure, les frictions s'arrêtent et mes amies sortent de la pièce pour rejoindre Isa, qui s'est postée devant la grande baie vitrée. La magnifique tenue mauve que j'ai trouvée depuis une semaine détonne sur les draps blancs du lit, mais elle me paraît encore plus belle que quand je l'ai vue dans cette boutique. En peignoir j'enfile mes sous-vêtements et aperçois les bijoux qui habilleront mon cou ainsi que mes oreilles dans leurs écrins sur la table de chevet. Le coucher de soleil ajoute des touches de dorée et d'oranger dans la chambre et lorsqu'Isa se retourne dans sa sublime robe grenat qui lui arrive aux pieds, aussi fluides que de la lave en mouvement mon souffle se coupe. Ses iris flamboyants sont maquillés discrètement, misant tout sur sa bouche pulpeuse qu'elle a peinte en rouge également. Ses cheveux de jais qu'elle a bouclés ce matin tombent en cascade le long de son dos et laissent apparaitre un ravissant tatouage sur son épaule.