Shinichiro et Wakasa

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   — Sérieux Shin... t'as vraiment des préservatifs avec des goûts, demanda Wakasa en éclatant de rire.
   — C'est mon grand père qui me les a donnés, il était trop fier de sa trouvaille alors il en a acheté plein, expliqua Shinichiro en caressant les cuisses de son petit ami, assis à califourchon sur son bassin.
   — Goût vanille, goût fraise, framboise... Sérieux, goût matcha ?! Mais qui a eu l'idée de faire ça ?!
   — Y'a vraiment goût matcha ?! Fais voir !
   Wakasa tendit le paquet au jeune homme et Shinichiro le prit avec amusement. Goût matcha... Mais où est-ce que son grand-père avait bien pu trouver tout cela ?! Shinichiro ne se souvenait même pas qu'il les avait ! Lui et son petit ami venaient de trouver les préservatifs dans une petite boîte fermée par un cadenas, ranger sous un tas de couvertures sous son lit (une précaution indispensable à prendre lorsque deux enfants de six et cinq ans vivent à la maison). Mais bon... Au moins, il avait de la réserve et il allait pouvoir pleinement profiter de son petit ami.
   C'était rare que Shinichiro ait la maison pour lui tout seul, d'habitude il y avait toujours quelqu'un ici. Mais son grand-père était parti à son club de tarot (club qu'il détestait mais auquel il était forcé d'aller pour « se faire des amis de son âge »), Mikey jouait dehors avec ses amis, sous la surveillance de Takeomi (Shinichiro et lui alternaient leur jour de « surveillance des gnomes »), et Emma était partie chez Hinata. Alors, pour une fois, Shinichiro était seul à la maison et pouvait se permettre de faire tout ce qu'il voulait avec Wakasa.
   Leur relation était secrète pour l'instant, ils n'avaient rien dit à leur famille, ni à leurs amis, et ça leur convenait très bien. Shinichiro aimait bien être le seul à savoir que Wakasa était son petit ami, et c'était excitant de vivre une relation secrète. Mais avoir un petit ami à dix-neuf ans, et vivre encore dans sa maison familiale, pouvait être parfois compliqué à concilier. C'était difficile d'avoir des moments intimes lorsqu'on avait un petit frère et une petite sœur qui débarquaient n'importe quand dans sa chambre. Shinichiro ne comptait plus le nombre de fois où Mikey était entré dans sa chambre alors qu'il était en pleine partie de jambes en l'air avec Wakasa. Heureusement qu'il était un petit enfant innocent et qu'il n'avait pas compris ce que son grand frère faisait. Mais le pire, c'était que Mikey était du genre très curieux, il fouillait souvent dans la chambre de Shinichiro et il était déjà tombé sur... des choses... qu'un enfant n'était pas censé voir.
   Du lubrifiant, bon, ça pouvait passer, après tout « c'est du gel pour se raser », d'après Mikey. Un caleçon de Wakasa, ce n'était pas si grave, « les amis se prêtent des caleçons » (Shinichiro n'avait pas cherché à contredire son petit frère). Des menottes... pas de problème, c'est pour jouer au policier...
   Si Shinichiro avait réussi à inventer des mensonges pour justifier la présence de ces objets dans sa chambre, il n'avait en revanche pas réussi à expliquer pourquoi il avait des « messages et des photos bizarres » de Wakasa. Ça avait été un moment très gênant quand Mikey les avait trouvés...
   Enfin peu importait, aujourd'hui Mikey n'était pas là, Emma et son grand-père non plus, et Shinichiro allait pouvoir offrir tous les orgasmes qu'il voulait à son petit ami !
   — Bon on teste lequel, demanda le jeune homme en donnant un coup de bassin à Wakasa pour lui montrer son impatience.
   — On teste le matcha ?
   — Vas-y.
   Wakasa ramena ses mèches bicolores derrière ses oreilles pour ne pas qu'elles le dérangent, il descendit du bassin du jeune homme et se plaça entre ses cuisses, puis il ouvrit le paquet vert du préservatif et l'enfila à Shinichiro.
   Le jeune homme, qui était déjà allongé dans son lit, laissa son petit ami l'embrasser, il leva les yeux sur son plafond en laissant un soupir de soulagement franchir la barrière de ses lèvres, et resserra ses mains sur ses draps. Les rougeurs montaient sur ses joues, il se sentait déjà enfiévré, rien qu'en sentant les coups de langue de son petit ami, et les petits gémissements qui lui échappaient ne faisaient que l'exciter davantage. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas pu passer ce genre de moment avec Wakasa, alors autant dire qu'il arrivait à se contenir autant qu'une bête affamée devant un gibier. Il n'avait qu'une envie, c'était de se jeter sur son petit ami, le plaquer contre ses oreillers et l'embrasser sauvagement. Le faire sien en le serrant contre lui, et le faire gémir de plaisir jusqu'à ce qu'il hurle dans toute la maison. Et juste imaginer tout cela faisait monter d'un cran son excitation.
   — C'est dégueulasse, grimaça Wakasa en se relevant.
   — C'est pas grave, viens-là, dit Shinichiro en tirant son petit ami vers lui.
   Wakasa le laissa faire, et il se retrouva plaquer en à peine deux secondes sur le matelas, avec Shinichiro sur lui, en train de lui écarter les jambes.
   — T'es pré- ah ! Shin préviens, s'écria Wakasa alors que le jeune homme entrait un doigt en lui.
   — Je t'ai fait mal ?
   — Non mais quand même ! J'étais pas prêt mentalement !
   — Waka, là j'ai trop envie de toi, t'imagine même pas à quel point c'est frustrant de te voir tous les jours sans pouvoir te toucher, répondit Shinichiro en s'allongeant sur lui pour pouvoir l'embrasser langoureusement.
   — Tu sais que tu peux quand même me toucher, même si les autres sont là, dit Wakasa en caressant son visage.
   — Je peux pas te soulever en public bébé...
   — Moi j'ado- ah !- J'adorerais, gémit Wakasa alors que Shinichiro introduisait un second doigt en lui.
   — Ah ouais ?! Tu voudrais que je te prenne où, questionna Shinichiro d'un air joueur.
   Wakasa se mordit les lèvres et ferma étroitement les yeux en s'accrochant au jeune homme. Ses joues étaient à présent aussi rouges que celles de Shinichiro, son corps était brûlant, et il était de plus en plus crispé, signe qu'il avait du mal à tenir.
   — Dans une salle de classe, murmura-t-il, la respiration précipitée, des toilettes publiques ou même dans une forêt ou un parc...
   — T'es du genre à jouer avec le feu, dit le jeune homme tout près de son oreille.
   — Ça m'excite de savoir qu'on peut débarquer à tout moment...
   — C'est pour ça que t'es toujours aussi chaud dans ma chambre... T'es coquin en fait !
   — Oh putain Shin j'en peux plus là, t'attends quoi, gémit Wakasa en rejetant sa tête en arrière.
   Shinichiro retira ses doigts et sourit. Il saisit les jambes de son petit ami pour les écarter davantage, il le prit par les hanches en plongeant son regard dans le sien, et le fit lentement sien. Wakasa gémit de plaisir sans se retenir, ce simple son suffit à faire complètement vriller le jeune homme. Shinichiro commença aussitôt ses va-et-vient en lui, il suça la peau de son cou en griffant le dessous de ses cuisses, et fit encore plus gémir son petit ami. Il finit par attraper les mains de Wakasa pour les plaquer près de sa tête, l'empêchant ainsi de le toucher, et l'embrassa passionnément. Wakasa se cambra contre lui, sa poitrine brûlante se frotta contre la sienne, il répondit à son baiser en lui offrant un baiser langoureux, et donna un soudain coup de bassin à Shinichiro.
— J-j'y suis, gémit-il d'une voix aiguë
Shinichiro se redressa en accélérant aussitôt la cadence.
— J-je veux que tu me regardes, dit-il en serrant les poignets de son petit ami. Re-regarde moi dans les yeux.
Wakasa se força à ouvrir les yeux et fit de son mieux pour maintenir le contact visuel avec Shinichiro, même si c'était de plus en plus compliqué. Le jeune homme donnait des coups de bassin de plus en plus fort, de plus en plus intense, et il serrait tellement les poignets de son petit ami que la trace de ses doigts apparaissait sur sa peau blanche.
   — Je vais jouir, s'écria Wakasa en se cambrant un peu plus.
   — Vas-y, s'écria Shinichiro à son tour. Vas-y maintenant !
   — O-Oui ! Ou-ui ! Shin !
   — SHIIIIINNNIIIIICHHHIIIIIRRROOOO, hurla soudain une voix stridente.
   Le jeune homme sursauta violemment et tourna vivement la tête vers la porte de sa chambre, avant de soudain voir débarquer son petit frère en courant.
   — MIKEY SORT TOUT DE SUITE, s'écria Shinichiro en lançant un oreiller à son petit frère.
   — MAIS HARU IL PLEURE, cria Mikey avec hystérie.
   — MIKEY DÉGAGE.
   Mikey lui lança son chausson avec colère et partit en courant, aussi vite qu'il était arrivé.
   — Putain, gémit Shinichiro en s'écroulant près de son petit ami. Je le hais...
   Le jeune homme enfouit son visage son oreiller et poussa un cri étouffé. Pourquoi est-ce qu'il avait fallu que son petit frère débarque au moment où il allait avoir un orgasme ?! Pourquoi, pourquoi, POURQUOI ?! Il le détestait, Mikey méritait que Shinichiro le prive de doroyakis jusqu'à la fin de ses jours, et encore, c'était gentil comme punition.
   — Shin, il était en train de pleurer, dit Wakasa d'une voix essoufflée.
   — Je m'en fiche, c'est bien fait pour lui, dit Shinichiro avec dépit.
   — Bébé c'est ton petit frère... c'est pas grave, on ira chez moi la prochaine fois, et personne ne nous interrompra.
   Shinichiro ne répondit pas. Il était actuellement en train de maudire son frère, ainsi que toute sa descendance.
   — Mon amour, appela doucement Wakasa en caressant sa tête. Il a dit que Haruchiyo pleurait, peut-être qu'il y a un problème. C'était Takeomi qui les gardait non ?
   — Oui...
   Shinichiro se releva et fronça les sourcils. Même s'il était frustré pour avoir loupé un incroyable orgasme, il ne pouvait pas s'énerver de cette façon contre son petit frère. Il n'avait que six ans, il n'avait pas la notion d'intimité et le pauvre n'avait pas dû faire exprès d'entrer comme ça dans sa chambre. Et Shinichiro avait dû lui faire peur à lui crier dessus. Surtout que Mikey pleurait, il avait besoin de lui.
   — T'as raison, il doit y avoir un problème, dit Shinichiro en se rhabillant rapidement.
   Le jeune homme remit ses vêtements à la hâte, imité par son petit ami. Il jeta son préservatif à la poubelle, puis il sortit de sa chambre et partit dans celle de son frère.
   — Mikey, ouvre moi s'il te plaît, dit-il en frappant à la porte.
   — Non t'es le pire grand frère au monde, t'es comme Takeomi, cria Mikey derrière la porte.
   Shinichiro soupira et échangea un regard avec Wakasa. Il pourrait très bien entrer dans la chambre de son petit frère sans attendre son autorisation, mais s'il voulait inculquer à Mikey le respect de l'intimité, il devait d'abord lui montrer l'exemple. Et puis forcer l'entrée ne ferait que le braquer, ce n'était pas la meilleure solution.
   — Mikey je suis désolé de t'avoir crié dessus, j'aurais pas dû, je m'excuse, dit alors Shinichiro. Je te promets que je le ferais plus, alors tu veux bien me laisser entrer ?
   Un silence s'installa un instant, puis la porte s'ouvrît et Mikey apparut alors, les yeux remplis de larmes.
   — Qu'est-ce qu'il se passe mon chat, demanda Shinichiro en s'accroupissant devant lui.
   — Takeomi a tapé Haru, dit son petit frère en pointant du doigt son lit.
   Shinichiro fronça les sourcils et tourna la tête vers le lit de son petit frère. Haruchiyo était assis dessus, à côté de Keisuke qui lui donnait la main pour le rassurer. Une trace de main rouge couvrait sa joue droite, elle était si marquée que Shinichiro pouvait même distinguer la forme d'une bague au niveau de l'index. Le jeune homme se releva aussitôt et fonça sur Haruchiyo avec horreur.
   — Mais qu'est-ce qu'il s'est passé, demanda-t-il en relevant délicatement le visage baissé de Haruchiyo.
   Celui-ci ne répondit pas. Il renifla et continua de pleurer silencieusement, sans oser regarder le jeune homme.
   — C'est Takeomi qui t'a giflé, demanda Wakasa en entrant à son tour dans la pièce.
   — OUI, cria Keisuke avec colère. ON JOUAIT AVEC D'AUTRES ENFANTS AU PARC ET HARU EN A POUSSÉ UN SANS FAIRE EXPRÈS, MAIS IL S'EST FAIT MAL ET TAKEOMI L'A TAPÉ POUR LE PUNIR !
   — IL EST TROP MÉCHANT JE LE DÉTESTE, hurla Mikey en pleurant à chaudes larmes. JE VEUX QUE HARU VIENNE HABITER À LA MAISON !
   — Les garçons calmez-vous et arrêtez de crier, dit Wakasa.
   — Haruchiyo, c'est la première fois qu'il te frappe, demanda Shinichiro avec inquiétude.
   Haruchiyo ne répondit pas et continua de sangloter en silence, en griffant nerveusement ses petites mains.
   — Dès qu'il fait une bêtise, ou que Senju en fait une, il le frappe, dénonça alors Mikey.
   — Pourquoi tu me l'as pas dit plutôt ?!
   — Parce que Haru a dit que j'avais pas le droit, sinon on était plus amis.
   — Mais c'est très important ça Mikey... Haru, pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
   — Parce que c'est pas grave, murmura Haruchiyo d'une faible voix.
   Shinichiro le regarda avec peine, sans savoir quoi répondre.
   Il savait que Takeomi n'était pas aussi tendre que lui, et qu'il était assez sévère, surtout avec Haruchiyo. Mais de là à penser qu'il le frappait... C'était choquant, il ne l'en aurait pas n'imaginé capable...
   Shinichiro prit doucement Haruchiyo dans ses bras et le souleva pour le faire s'asseoir sur ses cuisses.
   — Haruchiyo, quand tu as des problèmes, tu peux venir me le dire, même si je ne suis pas ton vrai grand frère, ok ? Takeomi n'a pas le droit de te frapper, il ne t'a peut-être pas battu, mais une gifle c'est tout aussi grave. Les coups, les gifles, et les fessés c'est très grave, personne n'a le droit de t'en donner, même si tu as fait une bêtise. Et ce n'est pas de ta faute si cet enfant s'est blessé, tu n'y es pour rien. Ok ?
   Haruchiyo hocha la tête sans répondre.
   — Tiens, dit Wakasa qui était parti chercher de la pommade dans la salle de bain. Vous avez bien fait de venir nous le dire les garçons, c'est grave ce qu'il se passe.
   — Est-ce qu'il frappe aussi Senju, demanda Shinichiro en appliquant délicatement de la crème sur la joue de Haruchiyo.
   — Non, c'est que moi qui me fais punir...
   — Il est trop méchant Takeomi, il faut le tuer, cria Keisuke en se mettant debout sur le lit.
   — Euh, le tuer, répéta Shinichiro sans comprendre.
   — Oui parce que les méchants il faut les tuer, dans les films c'est comme ça, dit Keisuke en hochant la tête.
   — Même s'ils sont méchants, tu n'as pas le droit de décider de qui peut vivre ou non Kei, ce que tu vois à la télé, c'est pas vrai ok ?
   — Oui Shinichiro...
   — Tiens Haru, cria Mikey en fonçant soudain sous son lit.
   Euh-
   Sous son lit ?
   Mikey roula sous le sommier de son lit, sous le regard incrédule de son grand frère, et ressortit rapidement avec un sac dans la main. Il monta sur son lit et vida le contenu du sac sur sa couette, révélant une dizaine de paquets de doroyakis. Il les prit ensuite dans ses bras, fier de lui, et les donna à son ami avant de lui faire un bisou sur la joue.
   — C'est des cadeaux ! Mais j'en garde un parce que moi aussi j'aime bien ces gâteaux.
   — Merci, dit Haruchiyo en rougissant vivement.
   — Mais Mikey, d'où tu sors tout ça, demanda Shinichiro d'une voix abasourdie.
   — J'en vole un par semaine, comme ça tu vois pas qu'ils sont plus là.
   Shinichiro le dévisagea sans savoir quoi répondre. Mais... Son petit frère était un génie. Un génie tout simplement. Mais il était aussi vraiment grave.
   — Mais qui t'as appris à faire ça, demanda Wakasa en riant.
   — Ben c'est Shin.
   — Je vole pas de la nourriture moi !
   — Si, t'as plein de bonbon sous ton lit ! Et t'as plein de jouet, mais tu veux pas me les prêter.
   — Mais non c'est faux, j'ai rien sous mon lit.
   — Si, je t'en ai volé regarde.
   Mikey se baissa de nouveau et fouilla un instant sous son lit, avant de sortir une poignée de préservatifs et un vibro- Oh seigneur, mais pourquoi est-ce qu'il avait ça dans sa chambre ?!
   — Mikey mais ça va pas, s'écria Shinichiro alors que Wakasa s'empressait de récupérer les « jouets et bonbons ». C'est des jouets pour adultes !
   — Et ça se mange pas, précisa Wakasa. 
   — Qu'est-ce que c'est, demanda Keisuke sans comprendre.
   — C'est rien t'inquiète pas. Vous êtes trop jeunes pour comprendre...
   — De toute façon Wakasa il mange aussi en secret, dit Mikey avec sérieux.
   — Ah bon ?
   — Oui, avec toi. Vous faites comme les mamans, dit Mikey en s'asseyant sagement sur son lit.
   — Comme les mamans, répéta Shinichiro en haussant les sourcils.
   — Oui, je vous ai vu.
   — Tu nous as vu faire quoi, demanda Wakasa d'un air suspicieux.
   — Shin était assis sur son lit, et toi t'étais par terre entre ses jambes, et il te donnait du lait, comme les mamans. Sauf que lui il le faisait par en bas, dit Mikey d'un air penseur.
   Shinichiro sentit ses joues s'empourprer violemment. Son frère l'avait surpris en pleine... en pleine... Oh non mais sérieusement ? C'était un complot ?
   — Mais Mikey il faut pas regarder quand tu vois ça, gémit Shinichiro avec gêne.
   — Ah bon ?
   — Oui, tu n'as pas le droit et c'est pas de ton âge.
   — Mais je suis grand moi !
   — Tu seras assez grand pour ça quand tu auras seize ans, pas avant. 
   — Juste, tu nous as vu faire d'autres choses un peu bizarres ensemble, demanda Wakasa.
   — Je vous ai vu jouer au cheval ensemble.
   — Au cheval ?
   — Oui. Waka t'étais sur Shinichiro et tu galopais.
Il galo- Mais pardon ?! Mikey les avait vu coucher ensemble ?!
— Et t'étais tout nu, moi quand je joue au cheval je suis pas tout nu.
   — Oh mon dieu, dit Shinichiro en rougissant horriblement de gêne. Les garçons, quand vous voyez des personnes nues, il ne faut jamais regarder d'accord ? Surtout quand ils sont plusieurs, et qu'ils se font des câlins. C'est intime, ça ne se fait pas de regarder.
   — Mais t'es toujours tout nu avec Waka, gémit Mikey avec ennui.
   — O-oui mais... c'est parce que... ça ne te regarde pas Mikey. C'est parce qu'on est grands, tu peux pas comprendre. 
   — Moi je vois toujours Takeomi tout nu avec plein de filles, dit Haruchiyo en reniflant.
   Euh... plein de filles ? Comment ça « plein » de filles ?! Plein en même temps ou... ?! Oula. Shinichiro savait que Takeomi était du genre à vivre beaucoup d'aventures mais bon... Quand même. Il faisait ce qu'il voulait évidemment, seulement il vivait avec deux enfants, il devait les préserver de tout ça et ne pas leur imposer des scènes qui pouvaient être aussi perturbantes... C'était la moindre des choses.
   — Moi ma maman elle m'a dit que quand les gens ils sont tous nus, c'est parce qu'ils font l'amour, s'écria Keisuke en sautant sur place.
   — C'est quoi faire l'amour, demanda Haruchiyo.
   — C'est quand tu fais des bisous à quelqu'un et que t'as pas du caleçon, ou que t'es tout nu, expliqua Keisuke. Mais les enfants ils ont pas le droit de le faire.
   Haruchiyo ouvrit grand la bouche avec horreur.
   — Mais je prends des bains avec Senju et elle me fait des bisous, dit-il avec inquiétude. Je vais me faire punir !
   — C'est pas grave mon chou, assura Shinichiro avec douceur. Faire l'amour avec quelqu'un c'est plus complexe que ça, mais vous êtes trop petits pour ça et ce ne sont pas des sujets pour les enfants. Vous en saurez plus lorsque vous aurez l'âge, en attendant, ne pensez plus à ça et préservez votre innocence.
   — De toute façon c'est trop bizarre de faire l'amour, dit Keisuke en se rasseyant sagement sur le lit.
   — Oui t'as raison, c'est bizarre, dit Wakasa avec un sourire.
   — Mais toi tu fais toujours l'amour avec Shin, dit Mikey sans comprendre.
   — Euh... pas toujours quand même...
   — Takeomi il m'a dit qu'un vrai homme il devait faire l'amour à plein de filles et que c'était comme ça qu'on grandissait, dit Haruchiyo d'un air penaud.
   — C'est n'importe quoi, dit aussitôt Wakasa. Tu n'es pas obligé de faire ça pour grandir, ça ne te rend pas plus mature ni plus grand, et ce n'est pas quelque chose à prendre à la légère. Avoir des rapports sexuels, c'est une étape importante dans ta vie, mais ça ne te fait pas grandir, au contraire, pour moi il faut justement mûrir pour être prêt à en avoir. Et puis, rien ne t'oblige à avoir des relations avec plein de filles. Ça peut être une fille, ou cinq, le nombre ne compte pas. Et ce n'est pas obligatoirement une fille. Peu importe le sexe et le genre de la personne, et peu importe le nombre, ça n'a aucun rapport avec le fait d'être ou non un vrai homme.
   — Oui, et puis il n'y a pas de vrai et de faux hommes, précisa Shinichiro en serrant Haruchiyo dans ses bras.
   Il apprenait beaucoup de choses sur son ami aujourd'hui... C'était vraiment bizarre tout ça, l'attitude de Takeomi n'était pas normal du tout. Pourquoi est-ce qu'il se comportait de la sorte avec son petit frère ? Il le frappait, il lui parlait ouvertement de sexe en lui inculquant des principes totalement faux, et en plus de cela, il ramenait toutes ses conquêtes à la maison et ne se cachait même pas. C'était étrange, et vraiment malsain...
   Shinichiro leva les yeux vers son petit ami et lui jeta un regard perplexe. Il ne savait vraiment pas quoi faire dans cette situation. Il avait toujours eu confiance en Takeomi jusque-là, mais maintenant... Est-ce qu'il pouvait vraiment laisser Haruchiyo rentrer chez lui sans s'inquiéter de son sort ?
   — Comment est-ce que tu te sens quand t'es chez toi, demanda alors le jeune homme à l'adresse de Haruchiyo.
   — Ça va, je joue avec Juju et on s'amuse bien.
   — Et Takeomi ?
   — Il est pas souvent là. Mais j'ai peur de lui, il me punit toujours, dit tristement Haruchiyo.
   — Quel genre de punition ?
   — Des fessées ou des gifles. Des fois il me prive de repas aussi, ou il m'interdit de sortir de ma chambre. Et du coup Juju elle m'amène des bonbons en secret.
   — Tu as peur de rentrer chez toi ?
   — Un peu... je veux pas me refaire disputer... Tu vas me disputer aussi toi ?
   — Non, et tu es en sécurité ici mon cœur. Tu peux rester autant que tu veux.
   Shinichiro embrassa le front du petit garçon, puis il le confia à ses deux amis et se leva.
   — Je dois aller parler à Takeomi, vous allez m'accompagner, vous êtes trop petits pour rester seuls. Changez-vous, vous êtes couverts de terre. Mikey, tu prêtes des vêtements à tes amis ?
   — Oui Shin, dit sagement Mikey en prenant la petite main de son ami.
   — Ah et je t'interdis d'aller dans ma chambre, c'est compris, demanda Shinichiro à son petit frère.
   — Oui...
   — Parfait.
   Shinichiro jeta un dernier regard aux trois minimoys, puis il sortit de la chambre, suivit de son petit ami. Les deux jeunes hommes descendirent en silence dans le salon de la maison, puis ils se dirigèrent vers l'entrée pour se préparer à sortir.
   — Tu penses qu'il faut prévenir la police, s'inquiéta Wakasa.
   — Je sais pas... Peut-être qu'il faut d'abord discuter avec Takeomi ? Je sais pas... J'arrive pas à réaliser...
   — Moi si, j'ai toujours trouvé qu'il était bizarre, surtout avec Haruchiyo.
   — Vraiment ? Moi non... Je le connais depuis super longtemps, ça me fait un choc d'apprendre ça...
   — Oui je comprends. Mais ça m'étonnerait que Haru dise n'importe quoi... Il est peut-être en danger.
   — C'est ce que je me dis aussi, mais je ne peux pas le prendre comme ça et le garder chez moi. C'est Takeomi son responsable légal, si je garde Haru, ça serait du kidnapping, dit Shinichiro d'une voix perdue.
   — C'est pour ça qu'il faut prévenir la police. C'est son rôle de protéger les enfants non ?
   — Oui mais si ça se trouve, Haruchiyo et Senju seront placés dans des centres d'accueil ou des maisons d'accueil, ils seront peut-être séparés et ils peuvent mal le vivre...
   — C'est mieux que de se faire frapper non ?
Oui bien sûr... Mais Shinichiro refusait d'abandonner Haruchiyo. Il l'avait vu grandir, c'était presque son petit frère et il voulait le protéger... Il ne pouvait pas le laisser à des inconnus, ni à son grand frère si celui-ci le maltraitait.
— Je vais le protéger, dit alors le jeune homme avec détermination. Peu importe comment je dois m'y prendre, je vais prendre soin de lui. Je vais parler avec Takeomi et m'arranger avec lui pour prendre la responsabilité de Haruchiyo. Et si ça ne marche pas, je préviendrai les services sociaux.
Shinichiro enfila son manteau, la tête baissée.
— Mais je ne laisserais personne lui faire du mal.

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