Kazutora x Baji

1.1K 53 62
                                    

Commande de Keisuke_baby, qui voulait un os où Kazutora est beau et riche, et où il tombe amoureux de son partenaire d'affaire
C'était soit avec Baji soit avec Hanma, et étant donné que le bajitora est le ship de ma vie... j'ai choisi Baji (en plus j'ai abusé du Shuzou là-)
Bonne lecture (et bonne saint Valentin 🤭)

─────── ༻𖥸༺ ───────

Le bâtiment était assez petit, plus que ce que Kazutora n'avait imaginé. Il avait l'air très ancien, il tombait en ruine par endroit, la partie gauche était presque entièrement réduite à la forme de débris. La plupart des fenêtres étaient brisées, des éclats de verre brillaient au pied du bâtiment, comme des diamants éparpillés dans l'herbe sauvage. Les murs gris étaient effrités, la pierre tombait toute seule et se transformait en poussière. Elle était sale, couverte de taches de moisissure où grouillaient de petits insectes, et du lierre grimpait le long des façades du bâtiment. Il ne devait pas avoir été occupé depuis un bon moment, il n'y avait même pas de portes, et pas une trace de meubles à l'intérieur. De là où il était, Kazutora pouvait voir des éclats dans le mur, il avait sûrement dû y avoir une fusillade ici.
Apparemment, c'était là que se trouvait l'ancien siège d'un clan ennemi au Bonten. Il y avait eu une attaque assez violente, le Bonten avait lancé un assaut et le clan avait dû fuir en catastrophe. Depuis il avait disparu, et leur siège avait été laissé à l'abandon. À l'époque le Bonten avait récupéré tout ce qu'il y avait ici pour le revendre sur le marché noir, il s'était fait beaucoup d'argent. Mais Kazutora n'avait pas participé à cette opération. C'était il y avait plusieurs années, il n'était pas encore entré dans le gang à ce moment-là, lui il n'était là que depuis cinq ans, alors que le Bonten était un gang assez ancien.
C'était le plus grand gang du Japon, le plus dangereux également. Il était considéré comme un gang, une organisation, ou encore un clan, et il faisait beaucoup parler de lui. Il était vraiment grand, il y avait beaucoup de membres, de divisions et de capitaines, alors Kazutora ne les connaissait pas tous. Il avait d'abord commencé à coopérer avec le gang en tant qu'espion, puis il l'avait officiellement rejoint et été entré dans la division d'Hanma Shuji, celle des enquêteurs. Il avait de la chance d'avoir atterri dans cette brigade, car c'était celle qui lui permettait d'être le plus discret et d'avoir le moins d'interactions sociales. Et ayant un niveau de sociabilité égal à moins vingt, cela l'arrangeait beaucoup. Bien sûr, il devait parler à ses cibles, faire des infiltrations, se fondre dans la masse et converser avec différentes personnes... Mais il se forçait à le faire, et se rassurait en se disant que même s'il se ridiculisait ce n'était pas grave, puis que les personnes avec qui il parlait restaient rarement en vie. C'était très rassurant pour lui...
Malheureusement, Shuji, qui était donc son supérieur, voulait tout le temps le sociabiliser. Sans parler de Rindo. Il était dans la même division que Kazutora, c'était son meilleur ami sans aucun doute, et il passait son temps à essayer de lui faire rencontrer d'autres membres du Bonten. Shuji et lui essayaient tout le temps de le traîner dans des soirées, de lui présenter des personnes, ils organisaient même de fausses missions pour le faire tomber sur ses collègues ! Kazutora ne sortaient de chez lui que pour ses missions et pour ses besoins de premières nécessités, et il se rendait rarement au quartier général. Il avait bien un bureau là-bas, mais il ne lui servait pas à grand chose puisqu'il passait son temps en mission extérieure et il préférait travailler chez lui. Alors il ne croisait pas souvent les membres du Bonten. Ça lui arrivait quelques fois de devoirs faire équipe avec deux trois personnes, mais sinon... il parlait à peine aux autres membres de sa division alors...
En réalité, il connaissait presque tous les membres du clan, puisque son travail était d'enquêter sur eux lorsqu'il le fallait. Mais il ne les avait pas rencontré pour la plupart, alors c'était comme s'il ne connaissait personne...
Kazutora poussa un long soupir, faisant sortir de la fumée de sa bouche. Il était adossé contre une voiture noire, arrêtée juste en face du bâtiment laissé à l'abandon. Rindo et Shuji se trouvaient justement à ses côtés, eux aussi avaient une cigarette à la mains, et ils pianotaient sur leur téléphone depuis quelques minutes.
— Tu vas bientôt pouvoir y aller Kazutora, dit Shuji au bout d'un moment. La première division a presque terminé de faire le ménage à l'intérieur.
— Mais pourquoi c'est à moi d'y aller, dit le jeune homme en laissant tomber sa tête en avant.
— Parce que c'est ta mission. C'est de ton partenaire qu'il s'agit.
— Je le connais même pas. Si ça se trouve il va me détester et me gâcher la vie. Si ça se trouve il va même me forcer à travailler au QG, ou pire ! Il va me faire aller dans sa division !
— Ça c'est possible, accorda Shuji. Mais c'est l'un des chefs considérés comme les plus cool, s'il t'apprécie il va pas te mener la vie dur.
— Il va me tuer.
— On a pas le droit de s'entretuer.
— Et ben il demandera à la division de Sanzu de le faire. C'est celle qui cherche les traîtres, eux ils peuvent tuer qui ils veulent.
— N'importe quoi. Rindo occupe toi de le rassurer, moi je sais pas le faire.
— Hein, dit Rindo en relevant les yeux de son téléphone. Ah euh ouais ça va aller t'inquiète.
— T'étais en train de parler à Sanzu, demanda Kazutora en regardant le téléphone de son ami.
— Oui, c'est dingue à quel point il me tape sur les nerfs... il passe son temps à me donner des missions, à croire que j'ai que ça à faire. Il croit que je suis son chien ou quoi ?
— Ben faut le comprendre, t'es souvent à quatre pattes devant lui, dit Shuji en haussant les sourcils.
— Pardon, s'exclama Rindo. C'est faux, je couche pas avec un mec comme lui !
— Ah bon ? Alors pourquoi t'avais ta bouche ventousée à la sienne l'autre jour en boîte ?
— Parce que j'étais bourré et il en a profité. T'aurais pu nous séparer au lieu de m'abandonner avec lui.
— Je l'ai fait et tu m'as dit, je cite « dégage je veux baiser ». Est-ce que j'y peux quelques choses si t'ouvres les jambes dès que Sanzu s'approche de toi ?!
— Espèce de sale clochard, on peut vraiment pas compter sur toi, dit Rindo en jetant sa cigarette sur Shuji. Tu dois m'empêcher de sortir avec Sanzu je te signale, son QI est pas assez élevé pour moi et il va m'être nocif.
— Il en a surtout rien à faire de toi, il veut juste te sauter, répliqua Shuji.
— N'importe quoi, il m'adore !
— Il t'adore quand il est bourré ouais. Désolé mais il est trop haut placé pour s'intéresser à toi, t'es dans une division trop inférieur pour attirer son attention.
— Peut-être, mais en attendant il adore m'avoir dans son lit.
— Si ça se trouve il te prend pour sa traînée, dit Shuji d'un air moqueur.
— ... Ben je veux bien devenir sa traînée personnelle, déclara Rindo avec un sourire.
— Mais t'as aucune dignité mec.
— Vous pensez vraiment que c'est le moment de parler de ça, intervint Kazutora d'un air blasé. Je vais bientôt vivre le moment le plus gênant de ma vie et vous vous parlez des problèmes de cul de Rindo ?
— C'est quand même plus interessant que toi, dit Rindo.
— ... J'espère que Sanzu va te plaquer pour une vraie prostituée.
— Oh mais je rigole, dit Rindo en le prenant dans ses bras. Ça va bien se passer Kazu t'inquiète pas. Regarde, t'as juste à entrer dans le bâtiment, libérer Keisuke, faire copain-copain avec lui, et travailler avec lui ! C'est pas si difficile, en plus Keisuke est super compréhensif. Et puis il sera pas ton chef, il sera ton partenaire, ça veut dire que ton grade va monter en flèche. Je suis sûr que tu vas l'adorer.
— Hmm..., fit Kazutora avec incertitude.
— D'ailleurs il faut que tu y ailles, dit Shuji en consultant son téléphone. C'est bon, la voie libre.
Kazutora déglutit difficilement et jeta sa cigarette au sol. Il n'avait plus la possibilité de s'enfuir...
— Allez, roule ma poule, dit Rindo en lui donnant une petite tape sur les fesses.
— Essaye de parler et de pas avoir l'air d'un psychopathe, lança Shuji alors que Kazutora s'en allait. Et évite de trop paniquer et de le tuer.
— Je suis ému, j'ai l'impression que mon bébé prend son envol, dit Rindo à l'adresse de Shuji.
— Il quitte le nid. Et dire qu'hier encore il oubliait de baisser la gâchette sur son pistolet...
Kazutora arrêta de les écouter et s'avança vers le bâtiment silencieux. Shuji et Rindo le prenaient vraiment pour un bébé, c'était désespérant. Il avait quand même vingt-cinq ans, et il était un criminel depuis un bon moment, alors il savait se débrouiller seul. Certes, il avait beaucoup de mal à parler avec les autres, (il avait mis plus de cinq mois avant d'oser adresser la parole à un collègue autre que Shuji, et encore, à l'époque il ne lui parlait que parce que c'était son tuteur), mais bon... il n'était pas non plus incompétent.
Le jeune homme soupira et entra dans le bâtiment. Le hall était désert, excepté quelques cadavres qui jonchaient au sol. Kazutora poussa une expression de dégoût et souleva le bas de son long manteau noir pou ne pas qu'il trempe dans le sang sale. C'était dégoûtant, il détestait que ses vêtements soient salis par du sang. Allez, il n'avait pas de temps à perdre. Il devait retrouver son nouveau partenaire au plus vite pour pouvoir rentrer chez lui, se rouler dans son lit et tenter de disparaître pour fuir toute interaction sociale.
De ce qu'il avait compris, son nouveau partenaire, qui était le chef de la première division du Bonten, était retenu prisonnier ici par des ennemis du gang. Apparemment, il était en mission avec son ancien partenaire, mais les choses avaient dérapé, ils s'étaient faits tirés dessus, son partenaire avait été gravement blessé et Baji s'était fait capturé. Il s'était fait emmener ici et devait sûrement être enfermé dans l'une des cellules de l'immeuble. Depuis, son partenaire était tombé dans le coma et d'après les médecins du Bonten, il y avait peu de chances qu'il se réveille un jour. Et résultat, Kazutora avait été choisi pour le remplacer, et c'était donc à lui de venir récupérer son nouveau partenaire. Il n'avait jamais rencontré Baji, ils étaient toujours en déplacement tous les deux, et puis Kazutora était parti plusieurs années à l'étranger, ce qui expliquait qu'il ne connaissait pas en personne les membres les plus importants du clan. Bien sûr, il avait une fiche chez lui avec toutes les informations qui concernaient Baji, mais ils ne s'étaient jamais croisés, et Baji ne connaissait même pas son existence. Il fallait prier pour qu'ils s'entendent bien, ou juste qu'il se supporte...
   C'était la première fois que Kazutora allait faire équipe avec quelqu'un, il ne savait même pas en quoi cela consistait, ce qu'ils devraient faire, qu'elles seraient ses obligations... Et comment ferait-il s'il ne s'entendait pas avec Baji ? Est-ce que Baji avait le droit de le virer ? Il restait son supérieur hiérarchique, alors peut-être qu'il avait des droits sur Kazutora... Non. Kazutora devait garder la tête froide, et puis il était une bonne recrue, il n'y avait pas de raison pour que cela se passe mal...
   — Monsieur Hanemiya, cria soudain quelqu'un.
   Kazutora se tourna et vit un homme un peu plus petit que lui courir dans sa direction. Il portait un gilet pare-balles, un pistolet dans la main, et ses cheveux noirs volaient autour de son visage. Kazutora le reconnu immédiatement, c'était Chifuyu Matsuno, l'un des membres de la première division. Chifuyu se planta devant lui avant qu'il n'ait le temps de réagir, et il s'inclina aussitot devant lui.
   — Nous avons sécurisé la zone, tous les ennemis ont été tués et nous avons trouvé les clés des cellules, dit-il à toute vitesse. Baji est au second sous-sol !
— Tu peux me tutoyer tu sais, dit Kazutora en se reculant pour ne pas être trop proche de lui.
   — Mais vous êtes notre supérieur.
— Mais non, je fais parti d'une division moi aussi.
— Maintenant vous êtes aussi notre supérieur, puisque vous êtes le partenaire de Baji, expliqua Chifuyu. Venez, vous devez le rencontrer et le libérer.
   Kazutora enfouit ses mains dans ses poches et suivit Chifuyu en marchant, qui lui était parti en courant. Il n'allait pas courir non plus, il faisait déjà l'effort de venir récupérer son nouveau partenaire, il n'allait pas en plus se presser. Le jeune homme prit alors son temps pour éviter les cadavres et ne pas salir ses chaussures de sang, puis il descendit au sous-sol, en regardant attentivement les couloirs. Rencontrer Baji le stressait plus que prévu, il avait l'impression que sa vie était en jeu...
   — Désolé de vous poser la question, mais de quelle division êtes-vous, demanda Chifuyu en ralentissant, voyant que Kazutora n'était pas décidé à courir.
   — Celle des enquêteurs. La quatrième.
   — Ah oui c'est vrai, dit Chifuyu. Alors vous devez en savoir beaucoup sur nous, je suppose que les membres de la quatrième connaissent par cœur le gang.
   — Euh... oui, dans un sens.
   — C'est vrai que vous nous fichez dans un classeur ?!
   — Je ne peux pas répondre.
   — Oh...
   La quatrième division n'était pas secrète pour rien, Kazutora n'avait pas le droit de parler de ce qu'ils faisaient dedans. Et puis, il devait avouer qu'il avait un peu honte, parce que c'était vrai... Il faisait vraiment des fiches pour chaque membres du Bonten, et il connaissait les plus importantes par cœur... C'était assez gênant, s'il le disait il allait passer pour un psychopathe. Après vu son clan... il n'était sûrement pas le seul psychopathe. Chifuyu finit par s'arrêter devant une cellule, dont la porte était entouré d'autres criminels. L'un d'eux, que Kazutora reconnut comme étant Ryusei Sato, était agenouillé devant, occuper à crocheter la serrer. Un déclic se fit rapidement entendre, puis il se releva, s'inclina devant Kazutora en le saluant, et se recula.
Kazutora prit son courage à deux mains, le coeur battant, puis poussa prudemment la porte et regarda à l'intérieur de la pièce. Elle était assez sombre, une ampoule pendait au plafond et diffusait une faible lumière jaune. La pièce était minuscule, carrée, sale, et une horrible odeur flottait dedans. Un corps était allongé à même le sol. Kazutora posa immédiatement les yeux dessus, et croisa alors un regard brillant qui l'immobilisa sur place. Baji était juste là.
   Il était allongé par terre, dans la crasse qui couvrait le sol, ses longs cheveux noirs éparpillés en désordre autour de son visage. Il était couché sur le flanc, des mèches barraient son visage et le cachait, mais ses deux yeux sombres brillaient dans le noir. Il ne portait presque rien, seulement un t-shirt sale et un caleçon qui semblait déchiré. D'épais anneaux de fer entouraient ses poignets et ses chevilles, il reposait sur lit de chaînes qui l'emprisonnaient au sol. Il n'avait par l'air d'avoir peur du tout, ni même de souffrir. Il regardait seulement Kazutora avec curiosité, comme s'il avait déjà compris que Kazutora ne venait pas là pour lui faire du mal. Il avait l'air couvert de saleté, le seul fait de voir des traces de suie sur ses jambes dégoûtait Kazutora et lui donnait envie de repartir. Il détestait vraiment la saleté, surtout lorsqu'elle le touchait. Il avait horreur de se sentir sale, cela lui donnait envie de vomir...
   Mais il allait devoir prendre sur lui, il n'avait pas le choix. Le jeune homme fit alors un pas en avant, et un frisson fit trembler son corps.
   — Vous êtes bien Keisuke Baji, demanda-t-il d'une voix mal assurée.
   — Non, tu t'es trompé de cellule, répondit le jeune homme d'une voix douce.
   — ... Ok, au revoir.
   Kazutora fit un pas en arrière et reprit la poignée de la porte pour la fermer sèchement.
   — Non attends, s'écria Baji en se redressant vivement. Oui ! Oui c'est moi !
   — Me fait pas perdre de temps, dit simplement Kazutora en revenant.
   — Désolé, s'excusa Baji avec un petit sourire. T'es venu me chercher ?
   — Oui. Je suis Kazutora Hanemiya, membre de la quatrième division, dit le jeune homme en s'inclinant légèrement. Je suis votre nouveau partenaire, l'ancien est tombé dans le coma et ne pourra pas reprendre du service.
   — Oh...
   Baji ne semblait pas plus affecté que cela par cette nouvelle, il avait l'air d'y être complètement indifférent. Au moins Kazutora n'aurait pas à le consoler ni à servir de roue de secours... Le jeune homme s'approcha de nouveau et s'accroupit devant lui, alors que Baji se mettait à genoux.
   — Tu t'es pas fait mal, demanda-t-il avec inquiétude.
   — Hein, demanda Kazutora sans comprendre.
   — En tombant du ciel ?!
   Kazutora regarda avec étonnement son nouveau partenaire. En tombant du ciel ? De quoi il parlait ? Est-ce que c'était un code secret qu'il était sensé connaître ? Personne ne lui avait rien dit à propos de cela !
   — Mais qu'est-ce que vous racontez ?
   — Quoique, les anges ont des ailes alors t'as pas dû sentir grand chose. Elle sont où tes ailes ? Tu les caches dans ton dos, demanda Baji en se penchant vers lui pour l'inspecter.
Des ailes ? Un ange ? C'était lui l'ange ? Est-ce que c'était Kazutora qui était stupide ou ce qu'il disait n'avait aucun sens ? Peut-être que... peut-être que Baji avait été drogué ?
   — Il est toujours comme ça, demanda Kazutora en tournant la tête vers Chifuyu, qui l'attendait à l'entrée.
   — Oui, ne vous inquiétez pas, il fait juste ça quand il rencontre un membre du gang. Il va vous draguer deux trois jours et ensuite il arrêtera.
... Oh. Donc c'était de la drague. D'accord, Kazutora était vraiment à côté de la plaque. Il aurait dû s'en douter, c'était évident.
   — Je suis intimidé, j'ai jamais fait équipe avec une bombe, dit Baji en continuant de s'approcher de lui.
   — Ok on va dire que vous n'êtes pas dans votre état normal, dit Kazutora.
   — Hé mais tu peux me tutoyer beauté !
   — Je vais devoir procéder à une fouille corporelle pour m'assurer que rien n'a été implanté dans ton corps, dit Kazutora en essayant de rester calme. Je peux ?
   — J'adore me faire toucher par des beaux gosses, dit Keisuke avec amusement.
   Kazutora le regarda d'un air sceptique, avant de jeter un nouveau regard à Chifuyu. Celui-ci lui hocha la tête l'air de dire « vous vous y habituerez », puis il se retourna vers Baji. Soit il était tombé sur un vrai pervers, soit il était tombé sur un fou. Ou alors, Baji était juste très bizarre. Il ne le connaissait même pas et il le draguait ouvertement, devant tous ses collègues en plus ! Kazutora avait déjà eu affaire à des personnes qui le draguaient lors de ses missions, et en général lorsqu'elles insistaient trop, elles finissaient au fond d'une poubelle. En plusieurs morceaux. Alors il ne savait pas trop comment réagir...
   Bon il n'allait tout de même pas tuer son nouveau partenaire dès le début de leur coopération... Et puis Baji n'était pas méchant pour l'instant, il devait juste le taquiner. C'était gênant, mais d'un autre côté, ça restait agréable...
   Kazutora évita de trop s'attarder sur cette pensée. Il retroussa ses manches et posa ses mains sur Baji, en plongeant son regard dans le sien. Baji soutint son regard, une lueur d'amusement dans les yeux, et il déploya même les bras pour que Kazutora le fouille. Sans le lâcher du regard, il passa ses mains sur épaules, serra ses biceps, inspecta ses poignets. Il toucha ses pectoraux, contourna la ligne qui les démarquait, descendit sur ses abdominaux. Il toucha minutieusement chaque muscle de son torse, effleura sa peau de ses doigts, et caressa chaque partie de son corps. Il ne semblait pas avoir la moindre trace de graisse sur son corps, il n'y avait que du muscle... et ce serait mentir que de dire que ce n'était pas agréable à toucher.
   — Ça t'excite, demanda Baji tandis que Kazutora descendait ses mains sur ses fesses.
   — Non, c'est pas trop mon truc les cellules glauques, répliqua Kazutora en gardant son sang froid. Ça me dégoûte de toucher ta saleté.
   — Si tu veux on pourra refaire ça chez toi, dit alors Baji.
   — Bien sûr. J'ai terminé, dit Kazutora en le lâchant. Lève toi, il faut que je te passe au détecteur de métaux, tu pourrais avoir un traceur.
   Le jeune homme se releva et Baji l'imita difficilement. Kazutora sortit alors son détecteur de sa poche, et le passa rapidement près de corps de son partenaire. Inutile de dire que le sourire de Baji s'agrandit considérablement lorsque Kazutora passa son détecteur entre ses jambes.
   — C'est bon, finit par dire Kazutora. Bouge pas, je vais te détacher.
   Baji s'immobilisa et regarda avec indifférence Kazutora lever son arme vers lui. Le jeune homme tira quatre coups, un sur chaque anneaux qui le retenait, et Baji n'eut pas le moindre mouvement de recul, pas même un sursaut. Il était visiblement trop occupé à dévisager Kazutora de haut en bas pour avoir peur.
— Tiens mets ça, dit Kazutora en retirant son manteau pour le donner à Baji. Est-ce qu'ils t'ont fait du mal ? De la torture ou... quoique ce soit ?
— Rien de bien méchant, en fait je m'ennuyais, dit Baji en enfilant son manteau. Mais je suis quand même fatigué, j'ai pas mangé depuis des jours et mes magnifiques cheveux ont besoin d'un soin tout de suite.
— Je vais te ramener chez toi. Tu peux marcher seul ?
— Non, j'ai besoin de sentir un beau gosse contre moi pour trouver la force d'avancer.
Kazutora ouvrit la bouche avec surprise, mais il ne trouva rien à dire. Il finit alors par prendre Baji par la taille pour le laisser s'appuyer sur lui, et les deux jeunes hommes purent enfin sortir de la cellule. Baji était vraiment étrange, Kazutora ne l'avait pas du tout imaginé ainsi... il pensait vraiment qu'il allait être plus stricte, distant. Mais Baji lui parlait comme s'ils se connaissaient depuis toujours, et comme s'ils passaient leurs nuits ensemble. Ce qui était assez perturbant.
Ce n'était pas que cela le dérangeait, seulement il ne savait pas quelle réaction avoir. Il entrerait bien dans son jeu, mais il avait peur que s'il le faisait, Baji le prennent comme un manque de respect, ou alors qu'il se fasse des films et qu'il essaye vraiment de faire quelque chose avec lui... Et s'il ne le faisait pas, Baji pouvait aussi avoir cette réaction...
Mieux valait garder une certaine distance avec lui, juste le temps qu'ils apprennent à travailler ensemble. Connaissant Kazutora, cela ne prendrait pas beaucoup de temps... juste six mois...
— Oh d'ailleurs, dit Baji alors qu'ils montaient dans les escaliers. Mon appartement a explosé, c'est comme ça qu'ils m'ont capturé. J'ai pas d'endroit où aller.
— Je sais. Je t'ai loué une chambre dans un hôtel près du siège.
— ... Je ne peux pas aller chez toi ?
— Pourquoi ?
— Pour qu'on fasse connaissance, on doit apprendre à se connaître. Et puis je suis faible et traumatisé, j'ai vécu tant de souffrances... J'ai besoin de toi pour me rassurer et me protéger, dit Baji dans un gémissement.
   — Tu seras en sécurité à l'hôtel.
   — Beauté, on va être partenaire jusqu'à ce que l'un de nous finisse dans une tombe, alors on va passer tout notre temps ensemble. Si tu commences déjà à me fuir, ça va être un vrai calvaire pour toi.
   Kazutora ne trouva rien à répondre. Il avait déjà conscience de cela, mais étant donné que sa sociabilité était inexistante... ce n'était pas aussi simple pour lui de passer du temps avec un inconnu. Et encore moins de le faire venir chez lui, il n'osait même pas inviter ses amis chez lui, il n'était jamais assez à l'aise avec les autres...
   Contrairement à lui, Baji avait l'air très à l'aise, mais il était difficile de savoir s'il l'appréciait. Peut-être qu'il testait juste Kazutora pour l'instant, il arrêterait sûrement de le draguer une fois qu'ils se connaîtraient mieux.
   Les deux jeunes hommes finirent par remonter au rez-de-chaussée, suivis des membres de la première division, et ils sortirent du bâtiment. Rindo et Shuji étaient toujours là, à attendre devant leur voiture, une nouvelle cigarette à la main. Les revoir soulagea Kazutora, eux au moins ils connaissaient Baji, ils allaient savoir comment s'y prendre avec lui.
   — Shuji, dit Baji avec surprise.
   — Keisuke, répliqua Shuji en le dévisageant avec dédain.
   — Rindo ?!
   — Keisuke, répéta Rindo.
   — Kazutora, Chifuyu, Ryusei, les présentations sont faites, s'exclama Ryusei avec amusement.
   — Très amusant, commenta Chifuyu.
   — Tu ressembles vraiment à rien, lança Shuji en le regardant de haut en bas.
   — Va faire un séjour dans un trou à rat et on verra à quoi tu ressembleras, répliqua froidement Baji.
   — On a oublié de te le dire Kazu, mais Keisuke et Shuji se détestent, annonça Rindo.
   — Ah...
   Il ne l'aimait pas ? Donc Baji n'était pas quelqu'un de bien ? C'était vraiment un pervers ?? Oh non, dans quoi est-ce que Kazutora se retrouvait embarqué... Il fallait toujours que ce genre de choses lui arrive. Certes, il se faisait peut-être des films, mais tout de même.
   — Oh c'est adorable comme surnom Kazu, dit Baji d'un air attendri.
   — C'est juste mon prénom coupé en deux.
   — C'est aussi craquant que toi.
   — Oh non, ne me dis pas que tu lui fais le coup de le draguer, dit Shuji d'un ton plein de jugements. Il a dragué la moitié du Bonten.
   — Il s'arrête au bout de trois jours ne vous inquiétez pas, répéta Chifuyu pour le rassure. C'est juste pour vous mettre en confiance, mais il ne vous fera pas de mal.
   — Je suis adorable, confirma Baji.
   — Kazutora déteste qu'on envahisse son espace et qu'on le touche, et il est facilement mal à l'aise, alors t'as intérêt à faire attention à toi, menaça Rindo.
   — S'il se plaint une seule fois de toi, on te coupe la tête, dit Shuji.
   — C'est vrai, demanda Baji en lâchant Kazutora pour s'écarter de lui.
   — Oui, dit simplement Kazutora. Mais si tu fais quelque chose qui me dérange je te le dirais.
— Ok.
— Bon, maintenant qu'on s'est assuré que Keisuke n'allait pas faire n'importe quoi, on peut y aller, dit Rindo en ouvrant la portière de la voiture.
— On vous emmène à l'hôtel, dit Shuji.
— On va aller chez moi, dit finalement Kazutora. Baji veut y aller pour qu'on fasse connaissance, et puis il n'est peut-être pas en sécurité à l'hôtel, après tout son appartement a explosé donc il vaut mieux le mettre en sureté. Mon adresse est secrète, il ne va rien lui arriver là-bas.
   — C'est vrai, sa vie est encore en danger, affirma Chifuyu. Les appartements des membres de la quatrième division sont les seuls à être entièrement sécurisés, personne n'a votre adresse alors elle ne peut pas fuiter.
   — Kazutora, tu es sûr de vouloir le ramener chez toi ? Vous vous connaissez à peine, dit Rindo avec perplexité.
   — Au pire mon adresse fuite et je meurs, dit simplement Kazutora en haussant les épaules.
   — T'inquiète pas beauté, je ne dirais à personne où t'habites, promit Baji.
   — Bon comme vous voulez, dit alors Shuji en montant au volant. Chifuyu et Ryusei on ne peut pas vous prendre. Vous ne connaissez pas l'adresse de Kazutora alors vous ne pouvez pas venir. Débrouillez-vous pour rentrer.
   Chifuyu et Ryusei acquiescèrent silencieusement, tandis que le reste du groupe montait dans la voiture. Rindo s'installa à l'avant, et Kazutora et Baji montèrent à l'arrière, l'un contre l'autre.
   Il n'y avait que très peu de membres du Bonten qui connaissaient l'adresse de Kazutora. Étant membre de la division des enquêteurs, il bénéficiait d'une protection particulière, ce qui faisait qu'aucune information ne devait être diffusée, même dans le gang. Son nom ne figurait nulle part, pas même dans une archive, son âge n'était marqué nulle part, ni son passé, ses voyages, ses missions, et encore moins son adresse. Shuji, Rindo, Mikey et Hajime la connaissaient. Shuji était son mentor alors il était souvent venu chez lui, et Rindo était son meilleur ami, alors Kazutora acceptait de le faire venir chez lui. Mikey était le chef du Bonten donc il pouvait tout savoir, et Hajime gérait les comptes, alors pour des questions financières il devait savoir quel était son appartement.
   Dévoiler son adresse à Baji pouvait être dangereux, mais Kazutora n'avait pas grand chose à perdre au fond... et puis Baji serait son partenaire, ils allaient devoir passer du temps ensemble. Kazutora commençait à penser qu'ils pourraient s'entendre... Son sans gêne et sa personnalité étaient déstabilisants, mais c'était aussi amusant, et pour l'instant il avait l'air d'apprécier Kazutora. Et puis il avait arrêté de le coller lorsque Rindo lui avait dit qu'il n'aimait pas les contacts. Alors peut-être que travailler avec lui ne serait pas si horrible...
   — Il sent bon ton manteau, dit Baji en reniflant le col du manteau qu'il portait.
   — Oui, je ne vais pas mettre un parfum qui ne sent pas bon.
   — J'étais sûr que tu avais des bons goûts. J'aurais été très déçu que tu sentes mauvais, dit Baji avec sérieux.
   Kazutora se contenta de le regarder sans savoir quoi répondre. Qu'est-ce que c'était embêtant d'être asocial, il ne savait jamais quoi dire... Il allait vite passer pour quelqu'un d'ennuyant s'il ne tenait pas de conversations avec son partenaire. Mais qu'est-ce qu'il pouvait dire de pertinent ? Rien ne lui venait à l'esprit !
   — ... Il ne reste plus rien de ton appartement, demanda-t-il au bout d'un long moment de silence.
   — Peut-être des cendres ? Oh, j'avais plein de yakisobas en plus, et dire que j'ai tout perdu... Et mon chat ! J'avais un chat, j'espère qu'il n'était pas là quand ça a explosé, s'exclama Baji avec horreur. S'il est mort je n'aurais plus aucune raison de vivre !
   — Il va bien, Chifuyu m'a dit qu'il l'avait récupéré, intervint Rindo. Il y a juste une patte cassée.
   — Tant mieux, je sais pas ce que j'aurais fait s'il était mort... T'aimes bien les chats, demanda Baji en se tournant vers Kazutora.
   — Je les trouve mignon, mais eux ils ne m'aiment pas en général.
   — Peke J aime tous ceux que j'aime ne t'inquiète pas. Oh d'ailleurs, tu peux m'appeler Keisuke tu sais ?
   — Tu peux aussi m'appeler par mon prénom, dit alors Kazutora.
   — Je préfère t'appeler beauté, dit Keisuke en lui jetant un regard charmeur.
   — Quel beauf, lança Rindo d'un ton moqueur.
   — Plus lourd que mes ex, commenta Shuji.
   — Hanma tu ferais mieux de respecter tes supérieurs, sinon je dirais à Mikey de te faire tuer, répliqua Keisuke en lui donnant un coup dans son siège.
   — Fais attention à toi où je te reprends ton partenaire.
   — Tu vas rien faire du tout, ici c'est moi le plus fort.
   — C'est une blague j'espère ?
   Kazutora échangea un regard las avec Rindo dans le rétroviseur, et soupira. Il laissa tomber sa tête contre la vitre près de lui, arrêtant d'écouter la dispute de Shuji et Keisuke. Dans quelques minutes il allait se retrouver en tête à tête avec Keisuke... Il avait besoin de s'y préparer mentalement, sinon il n'allait pas y survivre. De ce moment dépendrait leur collaboration. Soit Keisuke l'appréciait et tout ce passerait bien, soit il ne l'appréciait pas et alors... il ferait de sa vie un enfer. Kazutora allait devoir faire un effort pour socialiser avec lui.

Commande d'os Où les histoires vivent. Découvrez maintenant