Sanzu x Rindo | Partir 1 ❅

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La commande est de PeaceD2810 :)
Contexte : de base j'avais posté un tiktok en story où un mec faisait un grand écart et où un autre gars l'aidait en disant que ça pourrait être Rindo et Sanzu. Et du coup la personne m'a demandé un Rinzu dessus haha.
Euh... l'os est un peu beaucoup long-
Désolée
(Petite dédicace à toi Noah, on est tous les deux dans notre période patinage-)

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   Il était déjà huit heures cinq. L'aiguille de l'horloge accrochée au mur ne cessait d'avancer dans un « tic, tac » assourdissant. Le bruit du temps qui passait résonnait dans l'espace, on entendait plus que ça, et plus l'aiguille avançait, plus Sanzu était stressé. Il allait vraiment être en retard s'il ne se pressait pas plus, arriver en retard pour son premier jour « sur le terrain », c'était vraiment décevant. Il aurait dû mieux s'organiser, se réveiller plus tôt, préparer ses affaires et son repas la veille, mais non, il avait totalement oublié et voilà qu'il était en retard à présent.
   Sanzu ferma le sac qu'il était en train de préparer, tant pis s'il ne se faisait pas à manger, il trouverait bien un magasin où acheter à manger ce midi. Il attrapa son manteau, l'enfila en ouvrant à la hâte la porte de son appartement et s'empressa de partir. Il dévala les escaliers de son appartement, atteignit le hall d'entrée et se figea.
   — Oh non merde, s'écria le jeune homme avant de faire vite demi-tour.
   Son masque, il avait oublié son masque ! Il ne pouvait pas sortir sans, il n'avait pas envie que tout le monde le dévisage dans la rue, ses cicatrices attiraient les murmures et les regards insistants, et il avait du mal à le supporter. Surtout lorsqu'il travaillait, ça faisait souvent mauvaise impression. Lorsqu'il montrait ses cicatrices, Sanzu faisait peur et il passait pour un délinquant. Il préférait passer pour un maniaque de l'hygiène en mettant un masque.
   Le jeune homme courut donc dans son appartement, il récupéra son masque, et partit de nouveau. Heureusement que la gare n'était pas très loin de chez lui, avec un peu de chance, il réussirait à avoir un train sans trop attendre. Sanzu couru jusqu'à la gare et sauta dans le premier train qu'il trouva, qui par chance, n'était pas encore parti avant son arrivée. Le jeune homme se fraya un chemin dans la foule jusqu'à trouver une place de libre, et s'assit près de la fenêtre, essoufflé.
   C'était son premier jour sur le terrain, et il était déjà en retard, c'était honteux. Depuis trois semaines, il avait commencé à faire un stage lié à ses études. Il était en cinquième année d'études de management, et lors de cette année il était obligatoire de faire un stage de plusieurs mois. À vrai dire, il n'appréciait pas particulièrement ses études, elles ne l'intéressaient pas plus que ça, mais ça lui permettait de faire quelque chose de sa vie. Sanzu n'avait rien d'autre à faire sinon. Il n'avait pas de passion particulière, pas d'intérêt pour quoique ce soit. Il n'avait pas de rêve d'avenir, et aucune idée de ce qu'il pouvait faire pour s'occuper. Les études de management étaient assez simples pour lui, et c'était supportable donc c'était tout ce qu'il avait trouvé à faire.
   Il avait réussit à trouver un stage grâce aux différents intervenants dans ses écoles, après avoir parler avec eux et avoir un peu chercher, il avait fini par trouver un stage qui avait l'air moins ennuyant que les autres. C'était auprès d'un manager qui s'occupait d'une équipe de patineurs, dont une patineuse qui se trouvait être sa petite sœur, Senju. Sanzu n'en avait clairement rien à faire du patinage, il n'y connaissait rien et il n'aimait pas vraiment ce sport honnêtement. Bien qu'il se rende aussi souvent que possible au compétition de sa petite sœur pour la voir et la soutenir depuis des années, il n'avait jamais réussi à comprendre une seule figure de patinage. Mais peu importe.
   Travailler avec des athlètes de haut niveau pouvait être intéressant, c'était toujours mieux que de se retrouver avec un manageur qui s'occupait de « célébrités » issues des réseaux sociaux. Au moins les athlètes avaient un vrai talent.
   Une vingtaine de minutes plus tard, le train s'arrêta à l'arrêt de Sanzu et le jeune homme se pressa dehors. Il était huit heures quarante, et il était censé être arrivé à la patinoire depuis dix minutes. Génial, la journée commençait bien. Heureusement que son employeur était un homme gentil. Comme ça faisait déjà trois semaines que son stage avait commencé, Sanzu avait eu le temps de montrer à son patron qu'il était compétent et qu'il était sérieux, et son patron n'était pas très rigoureux, il n'allait pas lui en vouloir d'être en retard. Oui mais aujourd'hui c'était la première fois qu'il rencontrait les patineurs... Bon, inutile de se stresser pour rien, de toute façon il était en retard, il n'avait plus qu'à prier pour ne pas se faire disputer.
Le jeune homme vit le bâtiment de la patinoire apparaître. Il courut vers lui en traversant une route sans faire attention, il manqua de se faire renverser par deux voitures, de trébucher sur un trottoir, et de percuter une jeune femme qui passait par là, mais il réussit à rester debout et à arriver dans le bâtiment. À peine pénétra-t-il le bâtiment qu'un froid polaire l'enveloppa. Oh oui, c'était vrai qu'il allait toujours faire froid ici... Non mais il ne fallait pas se plaindre, il avait beaucoup de chance de pouvoir faire ce stage.
Son employeur devait sûrement être près de la patinoire, en tout cas Sanzu l'espérait car il ne connaissait pas du tout les lieux et ne savait pas où se trouvaient les bureaux, ni même s'il y en avait. Le jeune homme suivit les flèches accrochées au mur qui conduisaient à la piste de patinage et arriva dans une grand salle. Le toit était haut, en forme de voûte, et la partie centrale était en verre de sorte à former de grande fenêtre et à apporter de la lumière. La piste de patinage était entourée de hauts gradins fait de bois sombre, ils s'élevaient sur plusieurs rangées, mais ils étaient complètement vides. Sur un banc cependant, un sac était posé, ainsi qu'une veste et une bouteille d'eau. Et sur la piste, un jeune homme que Sanzu reconnut rapidement était en train de patiner.
   Il avait déjà vu son visage sur les fiches des patineurs que son agence manageait, et il l'avait assez marqué pour qu'il se souvienne de lui et le reconnaisse au premier coup d'œil, même s'il ne l'avait jamais vu en vrai. Rindo Haitani, champion du Japon en patinage artistique, trois fois médaillé d'or. Beaucoup de titre prestigieux, un talent subjuguant et énormément de charisme, c'était difficile de l'oublier.
   Sanzu s'approcha en silence de la piste, se sentant soudain timide face à un champion tel que Rindo devant lui, et s'accouda à la barrière pour le regarder patiner. Rindo avait des écouteurs dans les oreilles, il était plongé dans sa chorégraphie alors il ne remarqua pas tout de suite la présence de Sanzu. Vu de près, il avait l'air bien plus petit que ce que Sanzu avait imaginé, mais aussi bien plus mince. Mais ça n'enlevait rien au fait qu'il était visiblement très musclé.
   Son corps était très beau et magnifiquement dessiné. Il portait un ensemble noir moulant, synthétique, sûrement spécial pour le patinage, ce qui faisait que chacun de ses muscles ressortait à la perfection. Il n'avait visiblement pas un seul gramme de graisse en trop, tout était parfaitement sculpté, son ventre était marqué par ses six abdominaux qui ressortaient, les muscles de son dos, ses biceps et ses cuisses contractées, tout était parfait. Sans parler de son visage tout simplement magnifique. Rindo n'était pas juste joli, il était beau. Au sens qu'il incarnait la Beauté Idéale, celle que peu de personne possédait, parce que tout dans son corps correspondait aux critères de la Beauté.
   Et il patinait divinement bien. Sanzu avec déjà vu des personnes patiner, même beaucoup puisqu'il aller voir sa petite sœur à ses compétition. Il avait vu beaucoup de femme patiner, mais peu d'homme, et à chaque fois qu'il en avait vu patiner, il avait facilement pu constater la différence de grâce entre les deux. Les femmes étaient généralement plus gracieuses que les hommes, ça ne voulait pas dire que les hommes ne l'étaient pas, non, ils l'étaient juste moins, et différemment. Pourtant, ce n'était pas le cas de Rindo. Il était infiniment plus gracieux que toutes les femmes et tous les hommes que Sanzu avait pu voir patiner.
   Il évoluait sur la glace et tournait sur lui-même avec une légèreté déconcertante, son visage ne traduisait presque aucune expression de concentration, il semblait faire chaque geste avec tant de facilité, comme si c'étaient les choses les plus simples au monde, comme s'il les faisait naturellement. S'en était presque déconcertant, mais c'était si beau à voir. Chacun de ses mouvements était emprunt d'une grâce infinie, comme s'il flottait dans les airs. Sanzu était complètement hypnotisé par lui.
   Mais Rindo finit par remarquer sa présence, après avoir fait une figure dont Sanzu ne connaissait évidemment pas le nom, ses yeux se posèrent sur lui et leur regard se croisèrent un court instant, avant qu'il ne détourne les yeux et se déconcentre sur sa danse.
   — T'es Sanzu c'est ça, demanda-t-il en patinant en arrière.
   Le jeune homme sursauta. Rindo lui avait parlé et il connaissait son nom. Le champion japonais de patinage artistique lui avait parlé et il connaissait son nom et son existence. Oh la la la. Non il devait rester calme. Un peu de tenu devant lui. Mais comment est-ce qu'il connaissait son nom ?!
   — Euh oui, je cherche Shinichiro, dit Sanzu avec gêne.
   — Tu peux couper ma musique, je t'entends pas, dit Rindo levant une jambe et en tournant lentement sur lui-même.
   Il avait ralentit le rythme de sa chorégraphie pour parler à Sanzu. Non c'était trop, ce n'était pas possible, Sanzu devait rêver. Ok. Du calme. Du calme du calme du calme. Tout allait bien se passer.
   Sanzu regarda autour de lui et ses yeux se posèrent sur le sac de Rindo, sur lequel était posé son téléphone. Le jeune homme le prit timidement et l'alluma pour mettre en pause sa musique, en évitant de trop regarder l'écran de son téléphone.
   — Tu disais quoi, demanda Rindo une fois que sa musique fut coupée.
   — Euh je-je cherche ton... votre... euh... manager, Shinichiro Sano, bégaya Sanzu avec gêne.
   — Il est pas là, répondit Rindo en levant une jambe devant lui tout en tournant.
   — Vraiment ? Mais il m'a dit de venir ici...
   — Parce que je vais m'occuper de toi, l'équipe va arriver.
   — Tu... euh... vous allez vous occuper de moi ?
   — Tu peux me tutoyer. Attends deux minutes que je termine.
   Rindo accéléra la cadence et reprit sa chorégraphie à la bonne vitesse. Sanzu hésita un instant. Est-ce qu'il devait lui remettre sa musique ? Il ne lui avait pas demandé donc peut-être pas...
   Sanzu s'éloigna des affaires du patineur sans y toucher et attendit patiemment qu'il termine sa chorégraphie. Rindo finit ses derniers mouvements en s'appliquant, puis il enleva ses écouteurs et patina jusqu'à lui, avant de s'arrêter en face de lui.
   — Shinichiro fait une réunion avec mes entraîneurs, donc il m'a demandé de t'accueillir et de m'occuper de toi, expliqua Rindo d'une voix essoufflée. Tu peux me passer de l'eau ?
   — Oh d'accord, mais comment vous connaissez mon nom, demanda Sanzu en s'exécutant.
   — Shinichiro me l'a dit, répondit simplement Rindo avant de boire dans sa bouteille.
   — Ah...
   — Et arrête de me vouvoyer.
   — Mais c'est bizarre de vous tutoyer, vous êtes quand même le champion japonais...
   — Et alors ?
   — Ben...
   — On doit avoir le même âge non ? J'aime pas quand les personnes de mon âge me vouvoie.
   — En fait je suis plus vieux de deux ans...
   — Et ben raison de plus, lança Rindo en lui rendant sa bouteille. Tu y connais quelque chose au patinage ?
   — Pas vraiment. Ma petite sœur patine alors je vais souvent la voir et elle me traîne aussi à la patinoire quand elle peut, mais c'est tout.
   — C'est qui ta petite sœur ?
   — Elle n'est pas de vo... ton niveau, je ne pense pas que tu la connaisse.
   — Je connais beaucoup de monde. Alors ?
   — Senju Akashi, une petite avec des cheveux-
   — Blancs et des yeux bleus ? Évidemment que je la connais, elle patine super bien, dit Rindo en s'amusant à glisser légèrement sur la glace.
   — Tu l'as déjà vu ?!
   — Plein de fois même, elle vient souvent voir mes répétitions. En plus elle donne des cours aux moins de huit ans avec l'un de mes coéquipiers tous les dimanches, donc je la vois à chaque fois.
   — Tu donnes des cours toi aussi ?
   — Oula non, je ne suis pas du tout du genre à faire du social avec les autres. Mais j'ai beaucoup d'ami qui donnent des cours. Tu sais patiner toi ?
   — Je sais avancer sur de la glace sans m'étaler.
   — Vas-y viens on va patiner, dit alors Rindo.
   — J-j'ai pas de patins.
   — Va à la réception, y'en a plein, ordonna Rindo.
   Oh, en fait il n'avait pas le choix. Bon, on ne dit pas non à un champion national. Sanzu partit donc dans la réception et chercha sa taille de patin, avant de réaliser que Rindo voulait patiner avec lui. Rindo. Rindo Haitani. Oui, il allait encore le répéter mais Rindo ! Le champion japonais de patin ! C'était pas n'importe qui, c'était... c'était... pour Sanzu il était comme une star !
   Le jeune homme secoua la tête et attrapa une paire de patins. De toute façon, il savait déjà qu'il allait sûrement le rencontrer puisque son agence le manageait, mais tout même. C'était déstabilisant. Sanzu retourna près de la piste de patin, sur laquelle Rindo s'amusait à faire des tours de piste, et enfila ses patins pour le rejoindre. Il n'avait aucune idée de ce que comptait faire Rindo, mais au moins il devait savoir qu'il ne savait pas faire grand chose sur la glace. Il tenait debout et pouvait avancer, c'était déjà ça.
   — Euh, je ne sais pas aller aussi vite que toi, dit Sanzu en voyant la vitesse à laquelle Rindo faisait ses tours de pistes.
   — Mais si t'en fais pas, lança Rindo en fonçant sur lui.
   Il se plaça devant lui et prit ses mains avant de se mettre à patiner en arrière pour le tirer vers l'avant. Sanzu manqua de tomber, déstabilisé par la vitesse à laquelle allait Rindo, mais il réussit tout de même à s'adapter à sa cadence, juste avant de remarqué que Rindo avait ses mains dans les siennes. Il avait ses mains dans les siennes. Rindo Haitani avait ses- Stop ! Oui c'était un champion de patinage mais il fallait vraiment que Sanzu arrête avec ça.
   — Et ben tu te débrouilles bien, dit Rindo avec satisfaction.
   — Oui enfin on est obligé de patiner aussi vite ? J'ai l'impression de plus pouvoir m'arrêter là !
   — Plus tu vas vite plus c'est agréable, répondit Rindo. Bon alors, tu sais ce que tu vas faire ou pas ici ?
   — Shinichiro ne m'a pas vraiment expliquer, répondit Sanzu en se concentrant sur ses mouvements pour éviter de trébucher, vu sa maladresse légendaire, et de s'étaler sur Rindo. Il n'avait pas envie de le casser en deux et de lui détruire sa carrière.
   — Ok, alors comme tu as le rôle d'apprenti manager, tu vas t'occuper de moi, et aussi d'autres patineurs de mon équipe.
   — Comment je fais ça ?
   — Hmm... tu vas nous trouver des marques pour nous sponsoriser par exemple. Tu vas travailler avec mon entraîneur, Wakasa, et ensemble vous allez chercher des personnes pour payer nos voyages, nos costumes et tout ça. Mais ici les managers ne sont pas juste là pour la pub et l'argent. Tu vas aussi gérer nos emplois du temps, nous accompagner quand on va quelque part. Tu t'occupes de nous quoi, dit simplement Rindo.
   — Je suis votre assistant un peu, dit Sanzu.
   — On va plutôt dire que t'es là pour veiller sur nous, rectifia Rindo avec un sourire. À notre image, à notre bien être, et à notre épanouissement.
   — Je vois. Et qui sont les autres personnes que je vais manager ? Je connais l'équipe mais Shinichiro a dit que je ne m'occuperais pas de tout le monde.
   — Déjà tu m'auras moi.
   — Et ben... t'as pas peur d'être confié à un débutant, demanda Sanzu avec gêne.
   — Tu es en master quand même, tu n'es pas non plus un novice. Et non, ça ne m'importe pas tant que ça que tu sois débutant ici.
   — Mais tu es quand même un grand patineur, ta carrière est précieuse.
   — Crois moi, tu ne risques pas de la ruiner, j'ai trop de talent pour ça, dit Rindo avec sûreté.
   — Oui mais on ne sait jamais...
   — T'inquiète pas. Ensuite tu vas aussi t'occuper de Seishu, tu vois qui c'est ?
   — Un blond avec une brûlure sur le visage ?
   — C'est ça. Tu vas t'occuper de mon partenaire aussi, tu le connais non ?
   — Euh... je ne sais plus son nom, c'est celui avec un grain de beauté sous l'œil, demanda Sanzu en fouillant dans ses souvenirs.
   — Kazutora ? Oui c'est ça. Et après tu vas aussi manager Chifuyu, qui lui est le partenaire de Seishu.
   — Que vous quatre, s'étonna Sanzu.
   — C'est beaucoup hein ! On a besoin de beaucoup d'attention, tu vas voir, t'auras beaucoup de fil à retordre avec nous.
   — Comment vous faites pour choisir vos partenaires, demanda curieusement Sanzu. Vous êtes de vrais couples ou... ?
   — Oh non, ça peut arriver, mais ce n'est pas mon cas en tout cas, même si on peut avoir l'impression. En plus il y en a qui ont plusieurs partenaires. Inui patine aussi avec Yuzuha, d'ailleurs Kazutora patine parfois avec Senju.
   — Je ne savais même pas...
   — Mais après, les couples se font au feeling. Je ne patine presque qu'avec Kazutora parce que c'est avec lui que je suis le plus doué, et c'est à lui que je fais le plus confiance.
   — Je vois. Et depuis quand tu fais du patin ?
   — Mes cinq ans, t'as un petit prodige en face de toi, plaisanta Rindo.
   — Je l'avais déjà remarqué...
   — Pourquoi tu portes un masque, demanda soudain Rindo. Tu sais on est que tout les deux, et il n'y a pas de pollution ici.
   Sanzu rougit légèrement gêné et détourna le regard.
   — Je n'aime pas l'enlever devant les autres...
   — Pourquoi ? C'est par rapport à l'hygiène ou c'est autre chose ?
   — C'est... en fait j'ai des cicatrices que je ne veux pas montrer, après on me prend pour un monstre, dit Sanzu avec gêne.
   Rindo fronça les sourcils, puis il ralentit la cadence. Il lâcha ses mains et se rapprocha de lui pour lui enlever doucement son masque. Sanzu baissa les yeux sans oser affronter son regard. Il était horrible avec ses cicatrices, il faisait peur...
   — Comment tu t'es fait ça, questionna Rindo d'un air incrédule.
   — Je me suis fait agressé quand j'étais petit, marmonna le jeune homme. Tu peux me rendre mon masque ?
   — Je te trouve beau comme ça tu sais, déclara Rindo en joignant ses mains dans son dos et en reculant pour empêcher Sanzu de récupérer son masque.
   — Je suis défiguré, il n'y a rien de beau...
   — C'est quoi être beau pour toi, demanda Rindo en continuant de reculer.
   — Je sais pas... ne pas avoir de cicatrice sur son visage.
   — Donc tu trouve que Seishu n'est pas beau ?
   — Si ! Mais c'est... lui il a un charme naturel. Et de ce que j'ai vu, ses yeux sont super beaux.
   — Les tiens aussi.
   — Non, ce n'est pas pareil.
   — Pourquoi est-ce que toi tu ne serais pas beau et les autres si ?
   — Je ne l'ai pas décidé, c'est comme ça. Mes cicatrices me défigurent, déjà que mon visage n'est pas très plaisant... Rends-moi mon masque.
   — Hmm non.
   Sanzu s'arrêta avec surprise. Il venait de dire non ? Comment ça non ?
   — Non, répéta Sanzu avec incrédulité.
   — J'ai pas envie, dit Rindo avec insolence.
   — ... Oui mais moi si.
   — C'est moi la célébrité, c'est moi qui décide. Aller, je garde ton masque juste le temps que les autres arrivent et ensuite je te le rends.
De toute façon il n'avait pas vraiment le choix... Sanzu ne répondit donc rien et fit la moue. Satisfait, Rindo leva leur main liées et tourna sur lui-même comme si de rien n'était. Le jeune homme le regarda faire, émerveillé.
   — Tu veux que je te lâche, demanda-t-il au bout d'un moment.
   Le jeune homme hésita. En soit, il pouvait avancer tout seul à la vitesse de Rindo maintenant, il s'était habitué. Mais... il aimait bien tenir ses mains...
   — Je... Ça ne me dérange pas que tu me tiennes, dit le jeune homme en rougissant.
   Rindo garda donc ses mains dans les siennes et les deux jeunes hommes patinèrent ensemble en silence. C'était étrangement agréable de faire ça avec lui. Sanzu ne le connaissait pas, enfin, seulement depuis aujourd'hui, mais la connexion passait vraiment bien avec lui, c'était surprenant. Il ne l'avait pas imaginé comme ça.
   Lorsqu'il avait vu sa photo, Sanzu avait trouvé que Rindo avait l'air vraiment froid, son regard glacial était intimidant et sur les vidéos qu'il avait vu de lui, Rindo avait toujours le visage fermé, et ne semblait jamais vraiment heureux d'être là où il était, sauf lorsqu'il patinait. Et même lorsqu'il lui avait parlé au tout début, Rindo ne s'était pas montré particulièrement chaleureux.
   Mais à présent qu'ils parlaient ensemble et qu'ils patinaient, Rindo avait l'air beaucoup plus ouvert à lui, et plus agréable aussi. Il souriait même, il lui tenait les mains ! Alors il n'avait plus du tout l'air froid, et Sanzu aimait beaucoup parler avec lui, il avait l'impression qu'ils se parlaient comme s'ils se connaissaient depuis longtemps. Et puis, Rindo n'avait pas du tout peur de ses cicatrices, c'était la première fois...
   — Tu dois être beaucoup pris par le patinage non, demanda soudain Sanzu, après un moment de silence.
   — Oui, je passe mes journées ici, j'ai peu de temps libre, répondit Rindo en tournant de nouveau sur lui même, sans lâcher sa main.
   — Ça ne te dérange pas pour ta vie privée ? Pour voir ta famille, tes amis... ta copine ?
   — Non pas vraiment. Ma seule famille c'est mon grand frère et il travaille ici en tant que médecin. Mes amis sont aussi ici, et je n'ai pas de copine, dit simplement Rindo.
   — Oh...
— Tu sais ma vie est ici, et celle des patineurs de haut niveau c'est pareil. La plupart déjà à qui on tient son dans le même domaine que nous. Seishu a un petit ami qui est aussi son sponsor officiel, sa sœur travaille avec le costumier. Et le petit ami de Chifuyu travaille aussi avec notre équipe, c'est notre diététicien.
— Ah c'est sûr que c'est plus pratique pour les voir...
   — Et toi ? Tes études te prennent pas trop de temps ?
   — Non ça va, dit Sanzu. Et de toute façon je n'ai pas beaucoup d'amis ou de famille à voir.
   — Et t'as une copine ?
   — J'oserais jamais avec mes cicatrices...
   Rindo eut un rictus d'agacement et s'arrêta d'un coup. Sanzu, qui n'avait pas prévu ce soudain arrêt, ne freina pas attend et percuta le jeune homme. Une alerte se déclencha aussitôt dans son esprit, la phrase « champion en danger ! » s'afficha en grand devant ses paupières et il lâcha ses mains pour le retenir immédiatement et l'empêcher de tomber. Il le retint au creux des reins en le serrant contre lui et Rindo s'accrocha par réflexe à lui.
   Mission accomplie, il n'était pas tombé et ne s'était rien cassé. Tout allait bien. Enfin, tout allait bien... ils étaient collés l'un et l'autre à présent, Sanzu n'osait plus bouger. Rindo était dans ses bras. Rindo était dans ses bras. Rindo était dans ses bras ! Oh la la... Du calme, du calme, du calme !
   Visiblement, Rindo n'osait plus bouger non plus, il tenait toujours Sanzu, hisser sur la pointe de ses patins, ses mains crispées sur ses épaules, son torse contre le sien. Mais le pire était sûrement que leur visage n'était qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Certes Rindo était légèrement recroquevillé sur lui-même, mais leur nez se touchait presque, Sanzu était si proche de lui qu'il pouvait voir chaque détail de ses iris améthystes.
   Ils étaient vraiment, vraiment proches. Qu'est-ce qu'ils étaient censés faire maintenant ?
   Sanzu baissa les yeux sur les lèvres de Rindo sans même s'en rendre compte, il le fit naturellement, sans y penser. Et Rindo l'imita.
   Si ça ne tenait qu'à lui il...
   — Ah parfait, vous êtes déjà là, dit soudain quelqu'un en entrant dans la salle.
   Sanzu et Rindo sursautèrent et se détachèrent vivement l'un de l'autre. Sanzu récupéra à la hâte son masque et l'enfila, avant de se tourner pour voir qui les avait interrompu, les joues toutes rouges.
   Une homme qu'il reconnut comme étant l'entraîneur, South, arriva près des barrières de la piste, alors que trois hommes s'élançaient sur la piste, tous vêtu du même survêtement, avec marqué dans le dos de leur veste le nom de leur club. Le reste de l'équipe.
   — Sanzu c'est ça, demanda South en s'accoudant à la barrière.
   — Oh euh oui, dit le jeune homme avec gêne. Je suis le stagiaire de Shinichiro Sano.
   — Oui je sais, qu'est-ce que vous faisiez ?
   — Je lui expliquais ce qu'il allait faire, dit Rindo en s'adossant contre la barrière avec indifférence.  
   — À deux centimètres de son visage, lança Chifuyu en passant à toute vitesse devant eux.
   — T'es sûr que tu voulais pas lui faire une inspection buccale, questionna Kazutora en passant à son tour devant eux.
   — Coup de foudre sur la glace, s'exclama Seishu en le suivant.  
   — Fermez-la bande de comères, dit sèchement Rindo avant de partir pour les suivre.
   — Shinichiro n'est pas là, demanda Sanzu en quittant la piste pour laisser les patineurs s'entraîner.
   Vu la vitesse à laquelle ils allaient, il ne voulait pas prendre le risque de rester sur la glace et de se faire rentrer dedans, il allait plutôt partir se mettre en sécurité.
   — Il arrive, il range ses papiers, expliqua South. Ça été avec Rindo ? Il ne t'a pas maltraité ?
   — Pourquoi est-ce qu'il l'aurait fait ?
   — Disons que c'est le membre le plus froid de l'équipe, j'aurais préféré que tu rencontre Chifuyu en premier pour être sûr que tu aies un accueil chaleureux, dit South avec un petit rire.
   — Hé je vous entends, lança Rindo depuis l'autre côté de la piste.
   — Occupe toi de patiner au lieu de nous écouter, va faire tes portés !
   Rindo grimaça et repartit faire ses tours de pistes avec ses amis qui s'échauffaient.
   — Ça s'est très bien passé, dit alors Sanzu. Il m'a à peu près tout expliquer je pense.
   — Tant mieux. Bon on va les laisser s'amuser un peu et on va visiter les locaux ? Je peux te montrer ton bureau ?
   — J'ai un bureau ?
   — Évidemment.
   — Pour moi tout seul ?!
   — Bien sûr. Ou alors tu veux rester les regarder un peu patiner ?
   — Euh... Ils vont faire quoi là ?
   — Sûrement leur portés. Quoique, tu dois voir de quoi ils sont capables. Bon on reste un peu et ensuite on y va, décida South.
   — D'accord.
   — ALLEZ LES GARS, cria South en tapant dans ses mains. ON SE BOUGE, ARRÊTEZ DE FAIRE DES TOURS DE PISTES COMME DES DÉBUTANTS, VOUS VOUS ÊTES ÉCHAUFFÉS TOUT À L'HEURE, MONTREZ MOI QUE J'AI EU RAISON DE VOUS CHOISIR DANS L'ÉQUIPE !
   Les patineurs réagirent aussitôt. Kazutora prit la main de Rindo et le tira en avant pour qu'ils se détachent de Chifuyu et Seishu. Les deux jeunes hommes accélèrent leur cadence et se rapprochèrent face à face l'un de l'autre, Kazutora posa ses mains sur la taille de Rindo en le faisant patiner en arrière et fléchit ses jambes. Rindo posa ses mains sur ses épaules et donna un puissant coup dans la glace. Kazutora le souleva à ce moment là, il l'éleva au-dessus de son corps avec une facilité étonnante alors que Rindo ouvrait et tendait les jambes, le regard ancré dans celui de son partenaire.
   — KAZUTORA TEND PLUS TES BRAS, RINDO GAINE, cria South en les regardant attentivement.
   Kazutora dû tendre d'avantage ses bras, et Rindo contracta sûrement plus ses abdominaux, mais honnêtement Sanzu ne voyait aucune différence, il était totalement subjugué par leur figure. Et il avait vraiment peur que Kazutora fasse tomber Rindo, comme pouvait-il le tenir comme ça ?!
   Kazutora baissa alors les bras, Rindo posa un patin au niveau de sa cuisse, en levant son autre jambe jusque derrière sa tête, faisant un magnifique grand écart. Il resta quelques secondes comme ça, alors que Kazutora continuait de glisser sur la glace, puis il descendit au sol et les deux jeunes hommes patinèrent l'un près de l'autre, faisant les mêmes mouvements. Kazutora se plaça ensuite derrière Rindo et les deux jeunes hommes se baissèrent en même temps. Kazutora enlaça Rindo par derrière en se penchant sur le côté, Rindo s'allongea sur son corps en posant le creux de ses reins sur la cuisse gauche pliée de son partenaire, il entendit ses jambes sur la jambe droite tendue de Kazutora, sa tête toute proche de la sienne.
   Sanzu ne comprenait même pas la figure, il ne comprenait pas du tout comment Kazutora pouvait garder son équilibre, et comment Rindo pouvait s'allonger aussi gracieusement sur lui. Ils avaient l'air allongés l'un sur l'autre, alors que non, Kazutora était juste accroupi, il n'y avait que Rindo qui était « allongé sur lui ». Mais c'était dingue comme figure, rien que la proximité qu'ils avaient sans être gêné, leur façon de se tenir et... c'était juste incroyable.
   Kazutora changea soudainement de position, si vite que Sanzu ne put pas voir comment il s'y prenait, et se releva en levant également Rindo. Les deux jeunes hommes restèrent l'un contre l'autre un moment, puis Rindo tendit la jambe à Kazutora pour qu'il la soulève et le hisse en l'air. Kazutora souleva son corps sans problème et l'envoya dans les airs au-dessus de lui, Rindo enchaîna les vrilles, les bras serrés contre son torse, avant de retomber dans les bras de son partenaire et d'être re-déposer sur la glace avec douceur.
   Sanzu n'arrivait pas à croire ce qu'il voyait. Il ne comprenait pas comment c'était humainement possible, Kazutora avait l'air d'à peine toucher Rindo lorsqu'il le réceptionnait et le tenait, il le saisissait comme s'il s'agissait de porcelaine et qu'il ne fallait absolument pas le froisser, l'égratigner. Mais comment pouvait-il avoir la force de le soulever s'il le touchait aussi légèrement ?!  
   — C'est pas mal, dit South d'un ton autoritaire. Rindo il faut que tu te détende plus, on voit trop ta concentration, quand tu es allongé sur Kazutora n'aies pas peur de tomber. Tu n'as pas besoin de mettre ton bras au sol pour t'appuyer dessus, Kazutora le fait déjà.
   — Mais il a mal au bras, c'était pour ne pas trop forcer, dit Rindo en s'approchant de South.
   — Désolé c'est de ma faute, j'ai posé mon bras en retard, dit Kazutora en venant à son tour, alors que dans son dos Chifuyu et Seishu commençaient à patiner à leur tour.
   — Ayez confiance en vous, Kazutora ton bras peut tenir, et toi Rindo ne t'occupe pas de comment tu te fais porter d'accord ? Reposez-vous quelques minutes et reprenez quand ils auront fini. C'était pas mal pour un début. Bon. Venez Sanzu, je vais vous faire visiter les locaux. Je ne sais pas où a bien pu passer Shinichiro, on va aussi le chercher...
   — Il est parti voir Waka, dit Kazutora en appliquant un strap sur son avant-bras droit.
   — Waka, répéta Sanzu.
   — Il est aussi entraîneur.
   — Bon alors on va attendre qu'il nous rejoigne. Nous en attendant on part voir votre bureau et cette après-midi on fait une réunion. Vous pourrez revoir les patineurs demain, dit South en commençant ça partir.
   Seulement demain... oh dommage. Sanzu avait encore envie de voir les patineurs faire des portés et des figures impressionnantes. Et il voulait aussi encore voir Rindo patiner... Une prochaine fois.
   — Attends, dit Rindo avant qu'il ne s'en aille à la suite de South.
   — Oui ?
   — Tu peux prendre mon téléphone et mettre ton numéro dedans, demanda Rindo sans gêne.
   Sanzu rougit vivement.
   — H-hein ?
   — Appelle-toi avec mon téléphone pour que j'ai ton numéro. Comme ça on pourra se parler, dit Rindo avant de prendre la main de son partenaire pour l'entraîner avec lui patiner.
   Sanzu rougit et le fixa avec gêne. Rindo voulait son numéro. Rindo Haitani voulait son numéro. Une star voulait son numéro. Le champion japonais de patinage artistique-
   Ok stop. Il devait vraiment arrêter avec ça.  

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