Deuxième partie.

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Bip biiiiip bip, bip biiiiip bip, bip bii--

*clac*

7:20.

Je soupire. Je me lève et me dirige vers mon armoire. J'ouvre le meuble et regarde à l'intérieur. Quels vêtements vais-je bien pouvoir choisir aujourd'hui ?

C'est souvent ainsi que les gens s'imaginent ma vie. Il pense que j'ai un palace, des serviteurs et des cadeaux à souhaits, ce qui est complètement vrai. Sauf pour les serviteurs, qui comptent actuellement le nombre de un.

Les gens pensent que j'ai des personnes qui m'aident à m'habiller, qui me servent mon petit-déjeuner au lit, que j'ai des professeurs privés...

Hm.

J'ai pas besoin de professeur privé.

Mes capacités intellectuelles sont tellement développées que ce serait dommage que je me limite avec un adulte qui en sait sûrement moins que moins.

Et j'ai horreur qu'on me dise quoi faire.

En vérité, je suis une personne normale. Enfin, « normale », tout est relatif... Il est vrai que j'ai une grande maison, de l'argent, des tonnes de vêtements... Les gens pensent que je devrais m'estimer heureuse d'avoir tout ça. D'un côté, y'a les personnes qui "t'admirent" et veulent à tout prix être ton ami pour être populaire et de l'autre y'a les personnes qui te jalousent et te crachent dessus en disant que tu te la pètes trop juste parce que t'as du pognon.

Et plus loin, y'a les gens qui s'en foutent, mais ceux-là ne comptent pas vraiment.

Aucun parti n'est meilleur que l'autre. En pensant comme ça, j'ai l'impression de parler de politique, c'est ouf. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres mais disparaît bien vite. Un petit sourire, comment dire... de mépris. Oui, j'ai du mépris autant pour les gens superficiels que pour les gens qui me détestent.

Et pour les gens qui s'en foutent, aussi.

Je secoue la tête légèrement pour me tourner vers mon réveil. 7:24. C'est le moment de choisir des vêtements où je vais être en retard dans mon emploi du temps. J'attrape après un petit moment un pull bleu à manches longues.

Je m'arrête.

Hmmm, que choisir : la jupe grise moulante ou le jean bleu-marine ?

J'opte pour la jupe après un intense moment de réflexion, ce qui a pour effet de me faire enrager en constatant que j'ai plus de deux minutes de retard dans mon planning. 7:32.

Je mets vite une paire de chaussettes blanches et descends à toute vitesse les grands escaliers du hall.

J'arrive en trombe dans la salle à manger, où Amélie a déjà fini de mettre la table.

- Ah, vous êtes là ! J'ai bien cru que vous ne vous étiez pas réveillée, me dit-elle gentiment.

Même si elle est adorable, son comportement m'énerve déjà. J'attrape une tartine d'une main et mon chocolat chaud de l'autre, en essayant de manger le plus élégamment possible tout en étant rapide.

- Tu chais...

J'avale d'une traite tout ce que j'ai dans la bouche.

- Pardon. Tu sais où est mon père ?

- Je crois que Monsieur est parti en réunion...

- Si tôt ?

Une sensation de déjà-vu...

- Oui, il est parti vers sept heures, pour se rendre à la cité de Mistral.

Je manque de m'étouffer avec mon chocolat chaud.

- Pardon ?

- Oui, vous savez la cité volan--

- Je sais, merci.

Je suis agacée. Non mais, il ne manquerait plus qu'elle me prenne pour une conne, elle. Je souffle lentement du nez malgré ma frustration, ce n'est vraiment pas le moment de faire une crise de colère. Je jette un coup d'œil rapide à l'horloge. 7:46.

Merde !

J'avale le restant du contenu de mon assiette en deux-deux et je file chercher mes baskets dans ma chambre. J'attrape mon sac au vol et fais un signe de la main à Amélie.

- À ce soir Amélie !

- Au revoir, mademoiselle !

Le chauffeur m'attend juste devant les marches du perron.

- Bonjour mademoiselle, c'est à quelle adresse ? me dit-il d'une voix aguicheuse.

Je soupire, encore plus agacée.

- Vous le savez très bien.

Il ne répond pas, mais je sens qu'il est frustré, ou du moins quelque chose dans le genre.

Pendant le voyage, je ne cesse de penser à ce que m'a dit Amélie sur mon père. Que va-t-il faire à la cité de Mistral ? Ça m'énerve de ne pas savoir ! J'en ai marre de rester toujours dans le flou. Il n'est jamais là, j'aimerais au moins qu'il prenne part à mon éducation. Bon, après tout, s'il m'avait mieux élevée plus tôt, je n'aurais jamais su ce que c'est qu'une cigarette. Dieu, je serai passée à côté de quelque chose !

- Un problème ?

Encore lui. Il ne peut pas me lâcher les baskets ?

- Oui, vous.

Bim, dans tes dents.

- Mademoiselle, je--

- Nan, en fait, c'est pas vous le problème. Je ne peux pas m'abaisser à votre niveau sous prétexte que vous m'énervez. Vous n'avez pas le droit de me poser des questions, encore moins de vous immiscer dans ma vie privée et par-dessus tout, vous devez faire votre boulot, qui est de m'emmener au lycée, ou bien vous aurez de gros ennuis !

Wow, ça fait du bien. Le chauffeur, énervé au plus haut point mais n'ayant aucun droit de réplique, se reconcentre sur la route et ne me fait plus chier une seule fois de tout le voyage.

J'esquisse un petit sourire satisfait en sortant de la voiture. Que c'est bon d'avoir de l'autorité ! Hm hm. Bon, autre problème.

L'entrée dans l'enceinte de l'école.

Je vérifie grâce au reflet que me renvoie mon portable que ma coiffure est correcte, puis je lisse mes habits et remonte mes chaussettes.

C'est parti.

Gouffre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant