Septième partie.

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Cet état de flottement, entre le réveil et le sommeil, comme figé dans le temps.

On entend et on ne voit rien, mais des bribes nous parviennent et notre imagination crée une scène s'appuyant sur le bruit, nous replongeant dans notre léthargie onirique.

Ce moment où nos pensées vont et viennent, nous font nous poser des questions existentielles.

"Pourquoi ?"

"Comment ?"

"Dans quel but ?"


On vit en son for intérieur, vaquant à nos occupations mentales, organisant notre journée, pensant à ce qu'on va manger dans les minutes qui viennent.

On sait pourtant que le temps passe à l'extérieur de notre bulle de confort.

On prend alors conscience de ce qui nous entoure, de plus en plus ; la douceur des draps, la mollesse de l'oreiller, les cheveux qui collent au visage, la bouche pâteuse, les oreilles qui bourdonnent, la lumière passant à travers les paupières, le rouge, le noir, le bleu, toutes les nuances des couleurs qui commencent à s'allumer pour nous réveiller peu à peu.

Mais on ne veut pas quitter cet endroit si confortable, si proche du flottement où on se sent au contraire très, très lourd. On ne veut pas le quitter, c'est pourquoi on essaye à tout prix d'ignorer les signaux de la vie réelle, tant d'alarmes sensorielles qui nous poussent à avancer vers la lumière, cette lumière qui nous aveugle dès l'instant où on a posé les yeux dessus...


Un bruit étouffé, qui pourrait s'apparenter à un cri, me parvient.

- Mon Dieu !

Étrangement, sans que je ne puisse expliquer pourquoi, et je rirai de cette idée saugrenue si je n'étais pas tellement dans le pâté, le timbre de la voix semble être le même que celui d'Amélie. Mais c'est impossible, elle ne serait pas rentrée dans ma chambre sans mon autorisation.

Alors que j'enfouis de plus belle mon visage dans la douceur de mes draps, je ne peux m'empêcher de chercher mon oreiller à l'aveugle, son confort me manquant.


Mais un bruit inattendu me fait sursauter. Un éternuement.

Le mien.


Un picotement se fait ressentir dans mon nez et je me redresse précipitamment pour étouffer un "atchoum".

Trop tard.

Une série d'éternuements me saisit et je ne peux rien faire à part attendre que cela cesse. La tête me tourne un peu, un frisson me parcourt et je tends mes bras pour me couvrir de ma couette.

Mes doigts se referment sur du vide.

J'ouvre alors mes yeux, que je ne me souviens pas avoir fermé, et balaie mon lit et la pièce d'un regard ensommeillé.

Quelle n'est pas ma surprise quand je découvre mon nid douillet sans dessus-dessous.

Je me frotte les paupières, vaine tentative pour tenter d'effacer le voile trouble qui c'est déposé dessus et essayer de me réveiller par la même occasion.


Une cascade d'images défilent alors dans mon esprit.


Mistral.

Mon père.

Les souvenirs.

Mes poings.

Gouffre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant