Seizième partie.

18 4 3
                                    


Nous sommes à peine à cent mètres de la maison de Cérim que j'entends déjà la musique qui pulse dans l'air. La fête bat son plein, on dirait.

Mon chauffeur roule assez vite, les rues étant déjà vides de monde. Je cale mon menton dans ma main, mon coude appuyé sur la portière. J'ai hâte d'être à la fête. Rapidement, nous arrivons devant la demeure. Des LED sont disposées partout sur le fronton et une grande banderole avec marqué "ENTREZ !" en lettres dorées dessus est accrochée au portail du jardin. En fait, j'ai pas du tout envie d'entrer là, c'est kitsch à mourir son truc.

Je sors quand même de mon carrosse et me tourne pour fermer la portière. Je croise le regard du chauffeur qui me reluque sans gêne. Je lui lance un "connard" virulent et claque la porte en acier derrière moi. L'air froid sur ma peau me fait légèrement frissonner. Une voix derrière moi manque de me faire sursauter et je me retourne d'un coup.

- Pourquoi t'es aussi méchante avec lui ?

Ah oui. Pierre. Je l'avais oublié, lui. Je lève les yeux au ciel en soupirant.

- Parce qu'il me casse les couilles, voilà pourquoi.

S'il me sort un "mais t'en a pas", je jure que je lui colle mon poing dans sa petite gueule d'ange.

- Mais-

- Écoute, Pierre, je sais que tu as sûrement plein de choses à redire sur moi mais allons à la fête, tu veux ?

Il me regarde bizarrement puis hoche la tête lentement, peu sûr de lui. Tant mieux. Il sera plus facile à manipuler.

Je me détourne et passe une main dans mes cheveux pour vérifier que tout est bien en place. En effet, après la séance de soin capillaire,  Amélie et moi avons mis un certain temps à choisir la tenue parfaite. Nous sommes finalement tombées d'accord sur le style "légère et séduisante", tout en y ajoutant des talons crème que j'avais acheté pour une fête l'année dernière. Je lisse ma jupe et remonte légèrement le col de mon chemisier. Mon maquillage se résume à un gloss effet wet look et un liner noir sur mes paupières. Simple, mais élégante. Un autre aspect de moi que j'apprécie découvrir.

J'invite Pierre d'un geste de la main à se joindre à moi et nous entrons tous deux dans la grande maison. La musique bourdonne dans mes oreilles alors que nous venons à peine de pénétrer à l'intérieur. Certaines personnes sont bourrées et d'autres fument des joints sur le balcon.

Ça fait même pas un quart d'heure que la soirée était censée commencer que je vois déjà des potes à Pierre se taper une barre de rire car l'un deux à glissé.

- Tch.

Je les fixe un instant puis me souviens de quelque chose.

- Attends, mais tes potes étaient pas censés ne pas être là ?

Il se racle la gorge, le regard fuyant.

- Euh... En fait, je t'ai un peu menti. Je voulais juste pas qu'ils me voient en... ta compagnie.

- C'est une blague ?

Il commence à stresser.

- Écoute, je suis pas censé être ici, ok ? Je voulais aussi qu'ils me voient pas tout court. En gros, je suis en froid avec Quentin parce qu'il traîne avec Tiff...

Vu sa tête, on dirait qu'il regrette instantanément ce qu'il vient de m'avouer. J'explose de rire.

- Oh, la, la. On dirait un drama de fille. Tu veux sortir avec cette cruche ?  T'inquiètes, tu es bien mieux avec moi qu'avec elle.

- Eh, je te permets pas !

- Roh, c'est bon ! De toutes manières, si Quentin lui tourne autour, en plus de Léa si je puis me permettre, il va rapidement l'attraper dans ses filets. N'espère pas la revoir avant un bon moment.

Gouffre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant