Quinzième partie.

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Je soupire de désespoir. Depuis quelques jours, j'ai l'impression de n'avoir que des emmerdes ! En effet, devant la glace de ma salle de bain, je fronce les sourcils devant le dilemme cornélien qui s'offre à moi : j'hésite entre le maquillage léger et séduisant, parfait pour mettre Pierre en confiance, ou sombre et sexy pour l'attraper dans mes filets. Raah, c'est trop dur ! Et Léa qui ne peut pas - ou ne veut pas, du moins - m'aider !

Je fais la moue. Pfff, tout ça pour une stupide histoire de manipulation. Si elle avait été là, elle aurait fait de moi une déesse. Malgré le fait qu'elle n'aurait pas arrêté de me bassiner avec ses histoires stupides, son sens incroyable de la mode aurait été d'une grande aide.

Bon, là, je ressemblerai plus à une nymphe qu'à une divinité. Je me renfrogne un peu plus. Je voulais vraiment être la plus belle, moi ! Et même si je suis pas assez débile pour allier de l'ombre à paupières rose avec un fard bleu - sérieusement, qui fait ça ? - et que je sais super bien m'habiller, pour ne pas dire splendidement, une aide ne ferait pas de mal.

Bon, au lieu de perdre du temps avec ça, je ferais mieux de créer mes tenues pour chacun des deux looks. Pour le léger et séduisant, je choisis sans hésiter une chemise blanche sans manches et une jupe rose pêche. Je l'adore. Elle est coupée à mi-cuisses et légèrement plissée. Parfaite. Je sors des sneakers immaculées du fond de mon placard. Ça fait des lustres que je ne les ai pas portées. Des chaussettes claires viennent parfaire cet ensemble. Je pose le tout sur une chaise et m'attaque à mon côté "sombre et sexy".

Cette fois-ci, je prends un peu plus de temps devant mon dressing. Je ne voudrais pas paraître trop comme un pot de peinture déguisé pour Halloween, non plus. J'hésite pendant cinq minutes, puis me décide finalement pour une robe simple, noire et moulante. La jupe est fendue et agrémentée de classiques et discrets volants. Pour les chaussures, je choisis des bottines à talons couleur charbon. Elles sont élaborées de façon à imiter la résille et des lacets sont placés sur la face avant pour achever le tout. Peut-être un peu trop chic, mais ça devrait faire l'affaire.

Je pose les vêtements sur une autre chaise et contemple le travail accompli. Je souris, j'aime ce que j'ai fait. Bon, maintenant, le problème reste le même. Que choisir entre la tenue de gauche et celle de droite ?

Je m'assois sur mon lit et soupire de désespoir. Quelle idée de m'y mettre si tard, aussi. Je ne vois qu'une solution à mon problème et elle ne me réjouit guère.

Je respire un bon coup, bloque mon souffle et crie d'une voix forte.

- Amélie !

Quelques secondes plus tard, cette dernière apparaît dans le cadran de la porte. Elle semble légèrement craintive. Je me frotte le cou, gênée. Merde, on dirait qu'elle a toujours peur de moi depuis que je lui ai hurlé dessus. C'est vrai que ça n'était jamais arrivé, et vu mon état de la veille, elle a dû pensé que je me jetterais sur elle dès l'instant où j'ai appris que mon père viendrait. J'inspire doucement et plante mon regard dans le sien.

- J'ai... besoin de ton aide.

Ses pupilles s'emplissent d'une lueur suspicieuse. Elle hésite un instant avant de me répondre.

- Vous n'allez pas m'emmener fumer avec vous, boire de l'alcool ou je ne sais quoi ?

J'écarquille les yeux et m'étrangle.

- Quoi ? Non, non, pas du tout !

- Ah, ouf, j'avais peur que ce soit une idée de ce genre...

Le malaise me prend à la gorge de plus belle. Elle pense vraiment que je vais lui faire faire des trucs douteux.

Gouffre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant