Trente-troisième partie.

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Je commence à avoir une légère douleur dans les jambes, mais rien de bien gênant. La colline sur laquelle j'ai commencé à monter me semble bien plus haute que prévu ; ça fait dix minutes que j'ai l'impression d'en voir le bout, mais il n'arrive toujours pas.

Soudain, au loin, j'aperçois un vif éclat. J'avance plus vite, et la lumière se délimite mieux. Elle semble surgir d'entre les arbres, ce qui confirme mon hypothèse : c'est la sortie de la forêt.

Enfin, une sortie du moins. J'ai tellement eu l'impression qu'elle s'étendait à l'infini que je n'avais pas prévu de retrouver la lumière du jour.

Ça fait un petit moment que j'ai quitté les ruisseaux. J'ai remarqué qu'il y en avait de moins en moins, et souvent dans des endroits peu praticables. J'ai donc décidé de poursuivre ma route sur ce que je pensais être une... petite colline.

J'arrive rapidement à la lisière de la forêt. Le soleil illumine la terre et me fait plisser les yeux. À rester pendant si longtemps dans la pénombre, je n'avais pas remarqué qu'autant de temps avait passé. Le soleil est bas, mais je ne saurais dire l'heure, vu qu'on approche de l'hiver et qu'il se couche de plus en plus tôt.

Après avoir adressé un dernier regard à la forêt, je me pause sur un rocher et observe le paysage. Un détail me fait tilter.

- Hein ?

Je m'approche alors du bord de la falaise et me rends compte de la situation : ce n'est pas une petite colline, c'est une montagne !

La forêt s'étend bien plus bas, si bas que je me demande comment je n'ai pas pu remarquer avant que je montais si haut. Je la balaie d'un regard. En effet, je dois être de l'autre côté du sommet, car je ne vois pas du tout les Sources d'ici.

Je m'assois, les jambes pendant dans le vide, et respire un grand coup. Ma folie remonte peu à peu à mon cerveau.

- Mais comment j'ai pu faire un truc pareil...

Je m'allonge sur le sol caillouteux - et, disons-le, très peu confortable - et soupire.

Je suis complètement conne d'avoir agi comme ça, de m'être emportée dans une randonnée de plusieurs kilomètres, si loin de chez moi. Quelle idée, mais quelle idée...

Malgré l'interdiction implicite que je m'étais donnée, je sors mon téléphone.

Aucun message.

Ah, mais si ! Je me souviens avoir eu une notification tout à l'heure, par contre de quoi, aucune idée...

Je vérifie mes applications, mais pas une n'indique une quelconque tentative de communication avec moi. Tant pis, j'ai dû rêver...



Il est 17:34.

Attends, quoi ?! Mais j'ai dormi super longtemps !

Et mon estomac ne m'a absolument donné aucun signe sur l'heure qu'il était, évidemment.

Je me rends compte que ma 4G est activée, et je l'éteins machinalement. Il ne manquerait plus que j'utilise toutes mes données pour rien.

Enfin, en montagne, j'ai peu de chance d'en consommer, de toutes manières.

Je me redresse. Un stress commence à monter en moi, tandis que je me rends compte de ce que j'ai fait et dans quel pétrin je me suis mise.

- C'est normal, ça, y'a plus l'effet des ruisseaux, dis-je d'une manière sarcastique.

Je ris nerveusement. Mon apaisement si durement acquis se délite rapidement pour laisser place à une angoisse malaisante. Je tente de me calmer en prenant de grandes respirations, mais rien n'y fait.

Gouffre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant