Vingt-deuxième partie.

16 4 2
                                    


Pendant deux heures, j'attends que la pause déjeuner arrive. Je ne devrais pas être aussi curieuse ou excitée, mais ce cliffhanger que Léa a mis m'énerve. Je veux savoir la suite !

Encore une fois, j'attends que les aiguilles tournent pendant le cours. Cours de... quoi, déjà ? Je tourne ma tête vers le prof. Ah oui, littérature. La plupart des élèves salivent limite devant ses avant-bras cisaillés par des professionnels du muscle. C'est drôle, d'habitude, personne n'a envie de se mettre au premier rang. Peut-être que cette année, mes chers camarades ont décidé de se concentrer sur leurs études et ont eu - oh miracle ! - un attrait particulier pour les livres. Mais aussi pour le prof, je pense.

Hm. Surtout pour le prof.

Je soupire en voyant ce spectacle désolant. Ils doivent être sérieusement hyper malheureux pour se rabattre sur M. Charm ! En plus, il n'y a que ses biceps qui sont attirants, rien d'autre. Bon, peut-être que ces... personnes aiment les barbes de trois jours et les chemises à carreaux. Sinon, je ne vois pas.

Pour une raison que j'ignore, il nous refait le même cours qu'en seconde et première. Je souffle. Qu'est-ce que je m'ennuie !

Oui monsieur, on a déjà étudié "Pourquoi la technologie doit exister - réflexion philosophique sur l'évolution de notre monde" de Deutire Twirre. Pourquoi s'embête-t-on donc à le refaire une fois de plus cette année ? Parce qu'on est débiles ? C'est vrai que ce serait dommage qu'on oublie un tel chef d'œuvre de la littérature !

Je croise mes bras et pose mon menton dessus. Quelle absurdité. On pourrait lire des trucs mille fois plus intéressants, au lieu de bosser sur des pseudos légendes et apprendre les biographies par cœur de personnes insignifiantes.

Je soupire.

Je repense à cette sensation oppressante de fin de seconde, lorsqu'on devait choisir nos voies pour les années suivantes. Pourquoi est-ce que je m'en souviens ? Tout simplement parce que ce sentiment ne m'a pas quitté dès lors. On peut choisir autant de matières qu'on veut, c'est à nous de nous organiser et d'assumer la charge de travail. Personnellement, je ne savais pas - et ne sais toujours pas - ce que je voulais faire. J'ai donc choisi "Culture Ancienne et Littérature" ainsi que "Expérience scientifique", deux matières qui me saoulent mais établissent un panel très large de possibilités. Autant être prête quand j'aurai une idée de mon futur métier. Pour l'instant, j'étudie les maths, la science génétique, la science chimique, la littérature et l'histoire du monde.

Je me retiens de rire jaune.

Mais quelle débile. Tout dans ces voies me saoule. Les sujets qu'on aborde, la lenteur, les profs, ma classe... Mais je dois bien y être si je veux pas finir à la rue dans deux ans. J'ai aucune envie d'être chercheuse, scientifique, historienne ou auteure. Le pire, c'est que je pense être la seule de mon niveau à n'avoir aucune idée de ce que je veux faire plus tard. Ou presque.

Un éclair de génie me traverse. Sans aucune hésitation, j'ouvre mon sac et sors mon carnet. Autant vérifier. Alors, alors... J'arrive sur les fiches des personnes que je connais. Je commence évidemment par la toute première, Léa.

"Voies : Expérience scientifique, Politique et Actualités, Gestion."

Intéressant. C'est vrai que j'ai l'étrange impression qu'elle cache bien son jeu... Je pense à ce moment en maths où elle m'a fixée comme une dingue en parlant avec Pierre. Rah, ça m'énerve de ne pas savoir ce qu'elle trame.

Tout à coup, une hypothèse se forme dans mon esprit.

Et s'ils étaient en couple ? Dans ce cas, je comprends bien qu'elle me déteste après avoir engueulé et emmené son petit ami à la soirée de Cérim.

Gouffre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant