J'ouvre les yeux. Je tourne la tête.6:43.
Tch. C'est mieux que rien.
Je me sens déjà plus reposée. Plus sereine.
Je refuse de penser à ma crise et descends sans bruit les escaliers du grand hall, encore en tenue de soirée.
Dans la cuisine, une délicieuse odeur de crêpes m'accueille. Je souris légèrement malgré moi. Je m'engouffre dans la pièce au dallage froid et m'assis sur une des chaises du bar. Amélie remarque à peine ma présence, ou du moins la devine car elle ne semble pas surprise lorsqu'elle se détourne des fourneaux pour me servir mon chocolat chaud. Cette fois-ci, elle prend une tasse deux fois plus grande que d'habitude et me verse la boisson brûlante dedans.
- Tenez. Buvez.
Ce n'est en rien un ordre. Ou du moins, je ne l'entends pas comme ça. Contrairement à d'autres personnes sur qui je me serais énervée comme jamais auparavant, ici, l'impératif tient plutôt du conseil. Je suis contente qu'on s'intéresse à moi, pour une fois.
Une impression de déjà-vu me saisit à la gorge.
Hier. J'ai déjà vécu ça, non ? Pierre a été gentil avec moi ? À moins que ce ne soit quelqu'un d'autre ?
Mes mains se crispent sur la céramique. Je pousse un soupir malgré moi. Je sursaute quand Amélie dépose une assiette remplie de crêpes fumantes, qui ont l'air assez délicieuses, je dois l'admettre. Puis, elle place sur la table des bocaux contenant diverses confitures, ainsi que de la pâte à tartiner à la noisette et du beurre de cacahuète.- Je peux aussi vous en faire au sucre et au citron, m'indique-t-elle.
Je secoue la tête. C'est très bien comme ça.
Elle s'assied à côté de moi silencieusement. Elle ne me met en aucun cas la pression pour que je lui dise quoi que ce soit, mais je ressens un profond malaise. Alors, au lieu de lui dire ce qui a pu se passer tout à l'heure, c'est moi qui lui pose des questions.
- Que s'est-il passé hier ?
Elle ouvre la bouche, pas sûre de comment me raconter ça. Puis finalement, elle débute son récit.
- Vous êtes arrivée en voiture, vers une heure et demie du matin. Pierre m'a raconté avoir trouvé le numéro de Dred dans vos appels d'urgence, sur votre téléphone.
Je sursaute à l'entente du prénom de mon cavalier. Et qui est Dred ?
- Il l'a appelé et lui a raconté que vous étiez endormie et complètement grise. Vous êtes arrivée allongée sur lui sur la banquette arrière, il était affreusement gêné. Il vous a confié à moi puis est reparti en voiture avec le chauffeur.
J'en ai la nausée. Et Dred est donc le nom de mon esclave - je veux dire, chauffeur.
- Je vous ai raccompagnée dans votre chambre, vous étiez à moitié endormie. Vous avez bredouillé quelque chose à propos de votre carnet et que vous le feriez demain, puis vous vous êtes effondrée sur votre lit. Je vous ai laissée dans votre chambre jusqu'à ce matin.
Bien sûr. J'ai sûrement pensé que j'allais tout noter le lendemain, torchée comme j'étais, je n'ai pas dû penser au fait que j'oublierai tout, même cette résolution.
Pour me remettre de mes émotions, je bois une grande gorgée de chocolat chaud. J'avale le liquide à la fois bouillant et réconfortant. Un petit soupir d'aise m'échappe. Je lance un sourire à Amélie, ravie qu'elle ait pris la peine de me faire ma boisson préférée. Elle semble désireuse de conversation, alors je l'encourage à parler d'un mouvement de la main.
- Puis-je vous parler de vous, lorsque vous étiez petite ?
Je hausse un sourcil. Pourquoi voudrait-elle discuter avec moi de cela maintenant ? Je la laisse faire, un peu curieuse je l'avoue.
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Gouffre.
FanfictionC'est une jeune fille, presque adulte. Elle a une meilleure amie, Léa, et d'autres personnes qui l'adulent. Elle est littéralement la reine du lycée. Sa vie est parfaite. Elle est parfaite. Qu'est-ce qu'il pourrait mal se passer ? Sommaire : - Tease...