Vingt-neuvième partie.

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Bip biiiiip bi--

7:20.

Je me redresse. Étrangement, je suis extrêmement bien réveillée. À croire que mon corps lui-même s'est préparé le mieux possible pour cette journée qui s'annonce... compliquée.

Je me lève et observe la voûte céleste derrière la fenêtre. Des nuages gris parcourent le ciel rapidement : cela annonce de la pluie et du vent. Sans hésiter, j'ouvre mon armoire et prend mon jean clair aux jambes larges et un col roulé noir. J'enfile un autre pull, en laine cette fois, par-dessus et mets des chaussettes. Un tour rapide à la salle de bain, du mascara et du gloss hydratant et me voilà parée.

Je prends mon sac de cours posé entre mon bureau et mon étagère mais j'aperçois en me levant mon carnet noir sur une des planches remplies de livres et de souvenirs. Ouf, j'ai failli l'oublier.

En sortant, mes yeux tombent sur mes mains blessées alors que je pousse la porte entrouverte de ma chambre. Je souris en repensant à hier.

Après de nombreuses débandades de ma part et de pauses de celle d'Amélie pour éviter de me faire plus mal que nécessaire, elle a réussi à me bander les deux mains convenablement. Nous avons ensuite discuté tout en buvant nos chocolats chauds, en évitant tout sujet qui puisse fâcher.

Elle m'a parlé de nouveau de moi petite, de mes bêtises et mes exploits, puis de moi collégienne et de mon évolution. Elle m'a appris que je n'étais rentrée au collège qu'en cinquième et que j'avais un retard fou à rattraper. Je n'ai pas osé lui demander pourquoi, même si j'ai déjà mon avis sur la question.

Ma première amie était Léa. J'ai intégré le groupe de ses potes, puis comme j'étais douée dans toutes les matières, je l'aidais dans ses devoirs. Au début, selon Amélie, c'était plutôt moi qui était « à son service ». Mais rapidement, les rôles se sont échangés. Elle avait plus besoin de moi que je n'avais besoin d'elle, et notre relation s'est construite sur cette base... extrêmement saine.

Ça ne m'a pas fait autant plaisir d'apprendre ça que je ne me le serais figuré. J'ai vite changé de sujet, mal à l'aise. Amélie a compris et s'est empressée de me raconter à quel point j'aimais me balader dans la Forêt aux Mille Sources. Il me semble qu'elle l'avait déjà fait, mais un rappel ne fait pas de mal.

Mes yeux se posent sur cette eau emprisonnée dans une fiole, illuminée d'une magnifique couleur bleue. Elle trône d'une manière anodine parmi mes autres « souvenirs » posés sur mon étagère. Il faudrait vraiment que j'y retourne un de ces quatre. Je souris. Entendre ces anecdotes sur moi m'ont fait du bien.

Je sors de mes pensées et regarde ma montre.

7:29.

Il faut que je me dépêche si je ne veux pas être en retard. Je feuillette mon carnet pour voir si je n'ai rien oublié. Ah, si !
Je vais jusqu'à mon bureau et attrape mon disque dur dans les mains. Enfin, « disque dur ». J'ouvre la boîte noire. Des chewing-gums, une clé USB et des allumettes sont dispersées dedans. Mais je prends le plus important : mes cigarettes de secours. Il n'en reste que deux. Je fais la moue et note rapidement de penser à en racheter.

Je fourre cette précieuse ressource dans mon paquet auparavant vide, et le paquet dans mon sac. Un coup d'œil à ma montre m'indique qu'il faut vraiment que je me grouille.

Je sors rapidement de ma chambre, parcours le couloir et descends les escaliers du hall. J'appuie sur la poignée de la porte de la cuisine, mais la douleur qui fuse dans mes doigts m'ordonne de la lâcher. Heureusement, Amélie ouvre la porte. Elle m'invite à entrer d'un signe de tête.

Je m'assois à table devant mon chocolat chaud et mes tartines matinales. Je ne le remarque que maintenant, mais mon petit-déjeuner est préparé avec grand soin : la bonne température pour ma boisson, et pas avec de la poudre mais des carrés qu'Amélie fait fondre dans du lait. Le pain est toujours tartiné avec ni trop, ni pas assez de beurre et de confiture. C'est juste parfait.

Gouffre.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant