Et Gala chantait / Freed from desire https://www.youtube.com/watch?v=p3l7fgvrEKM
Je suis partie en cours ce matin-là sans en savoir plus finalement sur une possible date du retour des Canadiens. Mais de savoir Niels aussi proche me rendait aussi fébrile qu'impatience. Heureusement les 10 km parcourus à l'aube m'avaient assez pompé d'énergie pour que je ne finisse pas en pile électrique.
A l'heure du déjeuner, nous attendions dans la queue, interminable comme toujours, du self universitaire. Le restaurant se trouvait à l'étage et les étudiants étaient massés en nombre dès les premières marches du grand escalier pestant que les portes ne soient pas encore ouvertes. Je discutais à bâtons rompus avec les filles sur la soirée à venir le soir même. C'était la première depuis le Christmas break et c'était surtout la première avec les nouveaux Erasmus fraîchement débarqués en terre suédoise. Nous avions fait leur connaissance la veille lors de la cérémonie d'accueil officiel à l'Université. De les voir découvrir leur nouvel environnement m' avait fait réaliser combien tout m' était déjà si familier. Je m'y sentais chez moi, entourée de mes amis, dans ces espaces que je m'étais appropriée. On nous avait confié l'intégration des "petits nouveaux" arrivant majoritairement d'Europe et d'Amérique du Nord. Le calendrier de l'hémisphère nord se calait de façon plus propice sur le calendrier universitaire suédois.
L'excitation était à son comble parmi mes amies. Il faut dire que la nouvelle promotion d'Erasmus avait eu de quoi réjouir la gente féminine expatriée. Deux américains, Pete et Robin et Gabor le Hongrois avaient fait forte impression. Apo avait carrément branché Pete qui s'était avéré très réceptif. Elle les avait invité à tous nous rejoindre pour déjeuner. Pilar, elle, ne parlait que de Gabor et s'auto-flagellait de ne pas être aussi entreprenante qu'Apolonia.
- On se calme les filles, lançai-je. Si ça se trouve aucun n'est célibataire!
Maureen éructa: cesse de faire ta rabat-joie ! Personne ne s'inscrit en Erasmus s'il n'est pas célibataire! Sinon c'est du gâchis! Ah les voilà ! Elle agita sa main pour qu'ils nous repèrent les invitant à nous rejoindre dans la file d'attente en haut des escaliers. Le sourire franc des nouveaux venus excitèrent encore plus les filles.
- Trois nouveaux débarquent et ça y est? On existe plus? Ronchonna Pablo qui les écoutait excédé depuis un moment.
Maureen se rapprocha de lui pour l'enlacer.
-Maiiisss non ! Mais vous, vous êtes un peu comme des frères maintenant !
Je vis Pablo se décomposer et il fulmina "un frère? t'as pas pire?". Mais Maureen ne l'écoutait déjà plus et jouait des coudes pour faire une place aux trois nouveaux qui nous rejoignaient. Pablo secoua la tête de dépit et soudain je compris que Maureen représentait bien plus qu'une amie pour lui et surtout pas une sœur. Je posais ma main sur son bras pour créer un contact et lui faire savoir que je venais de comprendre ses sentiments pour mon amie. Je me promis alors de prendre du temps pour en discuter avec lui quand nous en aurions l'occasion. J'aimais beaucoup Pablo, il avait toujours été quelqu'un de disponible et à l'écoute depuis que nous avions fait connaissance.
Autour de nous, les autres étudiants grognaient de l'intrusion de Pete, Robin et Gabor jusqu'en haut des escaliers ne se préoccupant pas de doubler toute la queue. La rigueur et le respect de l'ordre suédois ne permettaient pas de tels écarts habituellement. Mais ils étaient tellement joyeux et rieurs que les esprits se détendirent vite autour de nous. Pete entreprit de dire bonjour et de se présenter à un maximum d'étudiants et surtout d'étudiantes autour de nous, l'opération séduction venait de commencer avec immédiatement des résultats probants!
- Toi , c'est Charlie, c'est ça?
RObin se pencha vers moi , me prenant par surprise: il se souvenait de mon prénom alors que nous avions juste été présentés.
- Tu viens de France c'est ça? Il me surprit encore plus en s'exprimant dans un français sans quasiment aucun accent.
- tu es français?
-à moitié ! Ma mère est lyonnaise et a épousé il y a 20 ans un américain. J'ai toujours vécu à Boston mais elle a toujours cultivé ma double-nationalité et son amour pour la France avec moi ! Et toi? Tu viens d'où?
-Nantes. 100% française!
C'était soudain agréable de parler français, sans avoir à réfléchir ni à chercher mes mots. Si je maîtrisais sans problème l'anglais, le français me manquait tout de même pour la spontanéité. Il n'y avait aucun autre français parmi les Erasmus de Stockholm. J'en avais rencontré deux à Upsala mais sans plus de connexion entre nous. J'échangeais un bon moment avec Robin de Boston que je rêvais de visiter tout en avançant lentement dans la file. Autour de nous, le brouhaha était intense. Pete continuait à faire son show. Mes amies n'avaient d'yeux que pour ce bel Américain qui semblait tout droit sorti d'une équipe de baseball universitaire ce que son "teddy" prouvait d'ailleurs. Je ris intérieurement de ce blouson qui n'allait pas faire long feu avant d'être échangé pour une grosse doudoune. Les températures ne faiblissaient pas et Pete allait finir congelé s'il ne s'adaptait pas plus à la météo.
-Pete fait toujours cet effet, me fit remarquer Robin en riant mais je t'assure que c'est un mec bien ! C'est le charme américain...moi je ne le suis qu'à demi, difficile de rivaliser ! Il me fit un clin d'œil et un sourire en coin qui fit naître une fossette au coin de ses lèvres. Je me dis à ce moment-là qu'il n'avait rien à envier à Pete. IL était grand lui aussi mais proportionné différemment: plus mince, moins sportif sûrement. IL était brun avec des cheveux courts bien coupés, des yeux foncés et surtout un rire très communicatif.
-surtout que je me sens aussi chaleureux qu'un esquimau! Il fait toujours aussi froid ici?
Je ris. "tu t'attendais à quoi ici ? On est juste en dessous du cercle polaire et en plein mois de janvier ! Tu t'y habitueras vite seulement si tu suis les deux règles essentielles: jamais sans un bonnet, jamais sans une vodka!
- tu m'as l'air d'être une connaisseuse ! Je peux te prendre comme guide et mentor personnel? La Suède avec toi, ça a l'air très sympa...
Il me sourit alors plus timidement et l'air soudain me manqua. Robin flirtait-il avec moi? Apparemment. Est ce que ça me plaisait ? Pour le moins, ça me troublait.
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L'Hiver suédois
Lãng mạnCharly et Grégoire, deux étudiants se rencontrent un soir en boite, une rencontre qui ne devait durer que le temps d'une nuit. Greg a déjà une copine, ils vont se fiancer, se marieront un jour et il ne veut pas remettre sa vie en question. lls ne de...