21. [Grégoire] Alors profite !

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Toujours le 20 décembre en France, veille des vacances de Noël , 

Et Daho chantait [le brasier]

L'ambiance était tombée. Je n'avais plus vraiment envie de cette soirée. La chaleur de la main de Grégoire semblait encrée-ancrée sur mon corps et j'avais tellement aimé la sensation de ses doigts sur ma peau. J'aurais aimé être en colère, le rejeter, c'est ce que j'avais fait après tout en partant à l'autre bout de l'Europe. Mais fuir n'était pas vaincre et je venais de m'en rendre compte en une caresse sur ma peau. J'aurais aimé qu'il m'embrasse, qu'il me désire, pas qu'il soit aussi sérieux. Grégoire représentait la passion, pas la raison. 

Je suivis mes amis le cœur dans les chaussettes jusqu'à la Primavera.  De me retrouver dans la discothèque où Grégoire et moi nous étions rencontrés me minait encore plus. La boite de nuit était bondée comme toute veille de vacances et on ne trouva pas de place pour s'asseoir. Debout en bord de piste, on buvait et dansait les uns avec les autres. La musique était toujours extra, elle ne ressemblait à rien à ce que je vivais en Suède et j'y replongeais avec plaisir. Alcool aidant, je me suis apaisée même si le fantôme de Grégoire flottait dans chaque recoin de cet endroit. 

L'ambiance se calma pour une série de slows. Il était temps de reprendre une vodka. 

-Tu bois trop, plaisanta François qui m'accompagnait pourtant. 

- Ne t'inquiète pas pour moi, il coule désormais dans mes veines du sang scandinave!

- Ou plutôt de la vodka non? 

- C'est ça, je suis devenue vicking !

- tu viens danser? 
François me tendit le bras et je secouais la tête. 

-j'ai l'air si désespéré que ça? 

François secoua la tête de dépit. 

-Maude m'a dit que tu as croisé Grégoire

-Les nouvelles vont vite! Elle t'a dit aussi qu'elle a "oublié" de me dire qu'elle l'avait vu et qu'il lui avait demandé mon adresse? 

-c'était si important pour toi? 

- François...j'ai été folle amoureuse de ce garçon. 

C'est en le disant que je réalisais réellement pour la première fois et encore plus que je l'avouais à quelqu'un. 

-ce n'est plus le cas? 

François me souriait avec tendresse et je lis toute son amitié m'envelopper de douceur et de bienveillance. 

- je n'en sais rien. 

-ce serait peut-être l'occasion de le savoir

- trop tard. J'ai laissé filer l'occasion à la Tour LU. Je ne sais même pas où il habite ou comment le contacter. On a baisé plus d'un an ensemble et je ne sais presque rien de lui !

- La nuit n'est pas finie...

François me montra quelqu'un du menton derrière moi. Je me retournais pour chercher du regard de qui il parlait et je le vis sur le bord de la piste un peu plus loin. Il venait d'arriver semble t-il avec la même bande de copains que ceux qui étaient au bar, et scrutait la foule. Le deuxième slow venait de commencer et je reconnus "le brasier" de Daho. Une chanson que j'avais découverte la veille sur son nouvel album sorti depuis quelques mois en France. J'étais certaine que si je continuais à le fixer, il finirait par me remarquer. Et c'est ce qui se produisit. Combien de fois avions nous vécu cela sur cette même piste? Combien de regards, de sourires, de mots qui n'avaient pas besoin d'être prononcés? 

Il s'avança vers moi. 

- Tu viens danser? 

- je peux décider? 

Malgré l'émotion qui me gagnait, j'avais besoin de poser les choses. De lui montrer que je ne pouvais pas tout accepter comme avant.

- tu as toujours décidé Charlotte

- et moi j'ai toujours eu envie de danser avec toi

Il me tendit la main, j'ai laissé mon verre à François et j'ai suivi Grégoire sur la piste. Nos corps se sont aussitôt enlacés, retrouvés et nous avons évolué ensemble sur cette chanson qui ne parlait que de nous. Les bras de Grégoire se sont resserrés autour de moi, nous étions aimantés l'un à l'autre comme pour mieux nous retrouver. Des mois de manque, je m'en rendais compte soudain. J'avais fui l'évidence, Grégoire était mon chez moi. 

Il se pencha et m'embrassa doucement. Où étaient passés nos baisers si enflammés emprunts de tant de désir et de sexualité? 

-Tu m'as manqué...
Mais tu es toujours avec Anne, tu ne la quitteras pas, tu vas même te marier avec elle et je vais encore crever de tristesse. Je n'ai pas dit un de ces mots, j'étais incapable de parler de ce qui pouvait à l'instant nous séparer et je voulais tout vivre avec intensité. 

Le slow suivant ne nous désunit pas, Grégoire grogna quand je passais les mains dans sa nuque. J'avais presque oublié comment il avait toujours aimé ça. 

- tu peux passer la nuit avec moi ou c'est compliqué? 

Je devais dormir chez Maude avant que nous passions la journée avec elle à faire notre shopping de Noël et déjeuner au restaurant. 

- je n'ai plus d'appart ici Greg!

L'idée de manquer les prochaines heures avec lui me désespéra soudain. 

-viens chez moi !

-Chez toi? 

Jamais il ne m'avait proposé de finir la nuit chez lui. Je ne savais pas où il habitait, la question ne s'était jamais posée puisqu'il y avait Anne. J'étais invisible à sa vie. 

-aucun risque qu'Anne n'apparaisse? C'était la première fois de la soirée que je proposais son prénom.

- non, aucun! Elle...

Je posais la main sur sa bouche pour le couper. 

-Je ne veux pas le savoir. Si tu m'assures que tout est ok, ça me va. Tu as plus à perdre que moi. 

Avant de partir, je suis allée voir Maude pour lui dire que je la rejoindrai. 

-Fin de matinée? 

-oui promis 

- fais attention à toi Charlie...

-on verra ça demain matin !

- je ne peux pas réussir à te persuader hein? 

-Non...pas ce soir...

- ALors profite! Elle m'enlaça rapidement avant que je ne file. 

- J'y compte bien!

Grégoire m'attendait dehors et nous sommes partis dans la nuit. J'étais habituée aux nuits noires et glaciales de Stockholm, celle de Nantes me surprit par sa douceur. Pas de gants à ses mains quand il enlaça mes doigts, pas de bonnet à m'enlever quand il s'arrêta et se pencha pour m'embrasser. 



L'Hiver suédoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant