33. [Niels] Je l'adore cet instant

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[Et Spandau Ballet chantait "true" , à écouter sur la playlist "l'hiver suédois"]

 https://www.youtube.com/watch?v=AR8D2yqgQ1U&list=PLWeAoZq8q5odsJ_ONxXVxo4t4QmkPYWuE&index=22

Peu à peu, nous nous sommes déshabillés pour nous retrouver nus l'un face à l'autre. Ce n'était pas la première fois. Je connaissais ce corps musclé de sportif pour l'avoir côtoyé maintes fois au sauna. La tradition scandinave voulait que les séances se déroulent nu pour ensuite plonger dans un bain d'eau froide. Au sous-sol de notre résidence, les installations nous étaient communes et pas une semaine ne passait sans qu'on se retrouve. Je ne dis pas que cela avait été simple de vivre cette pratique. Il m'avait fallu du temps pour enlever mon maillot de bain et accepter qu'on voit mon corps et ses imperfections. C'est finalement Jonas qui m'avait aidé à passer le cap. Le sauna des étudiants nous montrait tous imparfaits mais les Suédois semblaient pas s'en préoccuper. Jonas m'avait d'abord entraîné dans un sauna en duo. Puisque nous étions ensemble, c'était un premier palier simple à atteindre. Petit à petit, il m'avait entraîné dans son sauna étudiant, je ne connaissais personne, c'était simple. Et surtout, je découvrais que c'était si naturel, que personne ne se préoccupait les uns des autres.  Le bien-être que procurait le sauna dépassait mes possibles complexes. 

A Malmo,  les Erasmus qui passaient l'année dans la ville nous emmenèrent au Ribersborg Kallbadhus: une vraie institution locale que ce complexe de bains de mer et de multiples espaces de saunas, jacuzzis et solariums. Il s'agissait de profiter totalement de l'expérience et je n'eus pas envie d'être réticente à me baigner nue. C'est ainsi que j'offris mon corps à la vue de tous mes amis Erasmus et réciproquement. Cette exposition ne changea absolument rien à nos relations et son souvenir se noya sûrement dans les litres de vodka ingurgités ce soir-là! 

Je posais une main sur le torse de Niels pour souffler un instant, me délester un peu de cette vive émotion qui m'envahissait. Niels me sourit, prit mon visage entre ses paumes et effleura mes lèvres comme pour y répondre doucement. Je découvrais avec Niels une autre façon de faire l'amour: nous avions le temps. Le rythme était à la fois lent mais intense. Je savais que j'allais finir la nuit dans son lit,  je ne me torturerais pas à savoir si je devais rester.  J'avais déjà passé la nuit dans ses bras, nous avions déjà partagé l'intimité du réveil, de nos regards qui se croisent au petit matin. Son corps en moi cette nuit n'était qu'un aboutissement, une évidence.

Tard dans la nuit, nus l'un contre l'autre, nous discutions tranquillement, sa main caressait mon bras, glissait sur mon sein, remontait dans mon cou. 

- pas trop fatigué? lui demandai-je avec malice. 

-j'ai dormi tout l'après midi et toute la soirée, je te rappelle ! Je suis donc en pleine forme ! 

Il sourit en levant les sourcils d'une manière très explicite qui me fit rire. 

-j'adore !

- quoi? 

- quand tu ris. Juste là, il y a ce petit creux qui apparaît. Comment tu dis en français? 

- une fossette

- une "fo-ssette" répéta t-il avec un accent anglo-saxon qui me plaisait tant. Niels parlait quelques mots de français mais nous devions majoritairement échanger en anglais. Cela limitait mon expression, me frustrait parfois mais je le pratiquais tellement depuis cinq mois que cela devenait quasi naturel. C'est quand j'avais commencé à penser en anglais que je m'étais rendu compte qu'il existait deux pans à ma vie: le français et le suédois. Grégoire et Niels. 

-j'aimerais savoir à quoi tu penses quand tu fais ça...

Je regardais Niels interloquée

-quand je fais quoi? 

Il secoua la tête en fermant rapidement les yeux. Apparemment c'est ce que je venais de faire sans m'en rendre compte. Pourquoi Grégoire venait -il soudain d'apparaître dans mon esprit?

- tu fais ça régulièrement

- je chasse mes pensées pour me focaliser sur l'instant. 

- et il te plaît l'instant? 

Je me penchais pour l'embrasser. 

-je l'adore l'instant. 

Niels me fit basculer sur lui et agrippa mes fesses de ses deux mains pour me stabiliser sur son corps. Je sentis son érection durcir de nouveau contre moi. Il tendit son bras droit vers la table de chevet, ouvrit le tiroir et en tira une capote. Il la défit de son sachet et l'enfila rapidement sur son sexe, ce qui me montra qu'une telle dextérité ne pouvait venir que d'une expérience confirmée. Il posa pourtant sur moi un regard interrogateur et je sus qu'il me demandait mon accord. Rien n'était acté pour lui comme lorsqu'il m'avait embrassé quelques heures auparavant sous la neige. Je lui souris et cela donna le top départ à une nouvelle phase de plaisir. Passé la découverte, l'émotion du premier instant, nous basculions là vers une envie plus forte de nous connaître, d'apprivoiser le désir de l'autre pour nous amener à un plaisir commun. Je posais mes mains de chaque côté de sa tête pour vivre nos ondulations. Aucun de nous deux ne s'imposait. Nous bougions à peine, sans un mot, seulement nos gémissements qui rompaient le silence pour attester que ce que nous vivions était intense. Nos yeux se cueillaient, je lisais dans son regard autant de désir que de plaisir. L'orgasme que je vécus un long moment après me percuta. C'était notre premier vécu pleinement. J'avais déjà joui avec d'autres garçons mais ce moment là fut bien plus intense. Niels ne m'avait pas quitté des yeux et je frissonnais encore bien après qu'il se soit retiré de moi. 

L'Hiver suédoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant