L'Hiver suédois

30. [Niels] Si j'avais su que tu rentrais aujourd'hui

Et Georges Mickael et Elton John chantaient ...https://www.youtube.com/watch?v=RsKqMNDoR4o

Et bien je constate que le charme américain ne te laisse pas indifférente ! Pilar lança cette pique alors que Robin venait d'être interpellé par Pete et qu'il l'invitait dans une conversation avec sa voisine suédoise. 
Pablo secoua la tête encore une fois du même dépit. 

-Eh ! lui lançais-je. Je n'ai rien dit moi. J'ai juste discuté avec un nouvel Erasmus, je ne le draguais pas.  Pourquoi avais-je soudain besoin de me justifier?  Est ce qu'on peut parler à un garçon sans annoncer qu'on va se marier avec lui? 

- Ma chérie, vu la façon dont il te regarde, ce n'est pas de mariage qu'il s'agit là! 

Je lui intimais de se taire. Robin n'était pas loin, il se retourna comprenant qu'on parlait de lui et il me sourit. Les mots d'Apolonia résonnèrent en moi comme ceux de Grégoire "tu as tellement changé". En quelques mois, il y avait eu Jonas, Niels, Grégoire, quelques flirts à Fort de France. Il avait raison: j'avais enfin pris confiance en moi, cesser de tout subir pour enfin choisir. J'avais choisi de quitter Jonas, de tenter avec Niels, de ne plus céder à Grégoire et à l'instant de rire avec Robin sans me demander si je pouvais lui plaire, s'il pouvait devenir un potentiel copain, une aventure d'une nuit qui filerait au petit matin. Les garçons ne m'effrayaient plus, ma vie me plaisait. 

C'est partie dans ces réflexions que je sentis quelque chose atterrir dans mes cheveux. Une boulette de papier. Je l'enlevais sans m'en préoccuper. Les portes du self ne s'ouvraient toujours pas et l'agitation commençait à grandir. Une deuxième puis une troisième boulettes me firent réagir, agacée. Je levais les yeux pour chercher qui était le plaisantin qui s'ennuyait à ce point. 

C'est en me tournant vers le bas de l'escalier que soudain je le vis au pied des marches dans la foule. Il portait sa doudoune kaki avec la capuche au rebord de fausse fourrure et une grande écharpe en laine marron clair autour de son cou que je ne lui connaissais pas. Ses cheveux avaient poussé en trois semaines et lui tombaient encore plus sur les yeux qu'à l'accoutumée. Il secoua la tête pour s'en débarrasser et dégager son regard. Il comprit que je venais enfin de le remarquer et m'adressa un immense sourire. Niels était de retour et mon cœur tomba soudain dans mes chaussettes. Je ne sus rien faire d'autre que lui retourner le même sourire et l'inviter à nous rejoindre en haut de l'escalier. Il tenta aussitôt de se faufiler mais ce que les Américains avaient réussi à réaliser au culot ne fonctionna pas avec Niels excédant tout le monde dans la file d'attente. Il haussa les épaules et me fit comprendre qu'il me rejoindrait vite dans la salle du restaurant universitaire. Je continuais bêtement à lui sourire sans quoi faire pour ne pas paraître plus midinette que ce que je devais déjà montrer. Je tordais dans mes mains mon bonnet...son bonnet! Sans réfléchir je le mis sur ma tête pour lui montrer que je ne l'avais pas quitté depuis qu'il me l'avait donné. A cette vue, il fit mine de recevoir une flèche en plein cœur et de défaillir. C'est moi qui faillis m'évanouir devant une telle mise en scène en public. C'est à ce moment-là que les portes s'ouvrirent enfin et je fus poussée vers l'entrée en le perdant de vue. 

-Mais c'était quoi ça ?? cria Maureen alors que nous poussions nos plateaux sur la ligne de self. Elle prit à partie le reste de notre groupe qui me questionna tout autant. 

-En voilà une qui n'a pas oublié les Erasmus première génération, répliqua Pablo. Bravo Charlie! 

J'explosais de rire ravie de cette diversion qui me permettrait peut-être de botter en touche. 

- tu vas nous expliquer une bonne fois pour toute ce qui s'est passé entre Niels et toi la veille de Noël? 

J'étais assaillie de questions mais au milieu de ce joyeux brouhaha, j'avais pourtant l'impression de marcher sur un petit nuage. Niels allait nous rejoindre d'un instant à l'autre et je ne savais pas comment gérer la vague d'émotion qui m'avait submergée depuis que je l'avais découvert dans la file d'attente.