10 [Charlotte] Mais Charly était partie

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Et Chris Isaak chantait [https://www.youtube.com/watch?v=WtfHk2hSlqA]

En juin,

J'ai sonné chez Charlotte un après-midi de début juin. J'avais fini mes partiels le matin même. Quinze jours non stop à ne pas voir le jour ni la nuit. Le premier passé avait été désastreux et je me rendis compte alors que je n'avais pas bossé assez. Qu'avais je fait de mon mois de mai ? Je passais chez Charly dès que Anne était absente. Et elle était rarement là, trop occupée à gérer ses études, à rentrer chez ses parents retrouver sa sœur et ses amis qui lui manquaient. J'avais du temps et surtout l'envie de plus en plus régulière de retrouver Charly chez elle. Pour baiser c'était certain mais aussi pour parler avec elle. Je me surprenais de plus en plus souvent à me penser "il faudra que j'en parle à Charly ". Nous parlions beaucoup et pourtant j'avais manqué cette information essentielle : elle partait en Suède à la rentrée. Comment ça n'était jamais venu? Est ce que nous passions notre temps à parler de sujets qui ne nous impliquaient pas personnellement?

J'ai quitté la salle d'examen au bout d'une heure, impossible de rédiger plus. Mon prof de droit politique m'intercepta à la sortie.

-Grégoire? Que faites vous déjà sorti?

-je ne savais rien du sujet, avouais je tête baissée.

-rien d'étonnant vu le nombre d'heures de cours que vous avez manquées ! Je vous ai vu peu récemment! Vous savez que vos résultats à cette session décideront de votre acceptation en maîtrise de droit public? Vous souhaitez encore poursuivre dans cette voie?

-Oui monsieur

-alors il est grand temps de vous reprendre et de mettre les bouchées doubles pour la suite des épreuves. Préparez vous du café et au travail. Ne me décevez pas, je compte sur vous pour l'année prochaine.
Alors j'avais bûché jour et nuit pour rattraper ce qui pouvait l'être encore. Exit Anne et Charlotte de ma vie. Anne avait râlé évidemment de ne plus me savoir disponible quand elle le souhaitait. Je passerai voir Charlotte après pour rattraper le temps, lui expliquer mon mutisme. Charlotte comprenait toujours, m'ouvrait toujours sa porte. Tout était simple avec elle.

En cherchant son nom sur la longue liste des sonnettes de son immeuble, je ne l'ai pas trouvé. L'étiquette avait dû se décoller.  Comme je savais qu'elle avait plusieurs amis  voisins dans l'immeuble, je décidai de sonner chez l'un d'eux. Il suffisait de sonner et de demander . Mais quels prénoms déjà? L'immeuble était rempli d'étudiants...et je me rendis compte que je ne connaissais pas leurs prénoms non plus.

Un étudiant sortit de l'immeuble au moment où j'allais partir

-salut ! Je cherche l'appart de Charlotte Chalvignac mais l'étiquette avec son nom a dû tomber. Tu peux me laisser entrer?

-Charlotte? Elle n'habite plus là!

-quoi?

-elle a déménagé fin mai

-mais elle ne devait partir que fin juin!

-si tu le dis!

Et il est parti me laissant là avec mon dépit.
Charly était partie plus tôt que prévu. Sans me prévenir. Et j'ai soupiré : comment aurait-elle pu me joindre pour me le dire? Je n'étais pas apparu sur le campus ni en ville depuis 15 jours pour préparer mes partiels. Elle n'avait pas mon adresse, pas mon téléphone. J'avais tout verrouillé et c'était désormais moi qui me retrouvais enfermé.

J'avais imaginé une dernière fois avant son départ, prêt à lui accorder cette nuit qu'elle m'avait souvent réclamée et que je lui avais interdit. J'avais imaginé lui dire qu'elle n'était plus "ce coup à tirer" une nuit en boite, j'avais presque imaginé lui dire que je ne voulais pas qu'elle parte en Suède.
En putain d'égoïste, j'avais tout organisé pour la tenter à rester. Anne et Charlotte, mon équilibre était parfait.

Mais Charly était partie.


L'Hiver suédoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant