23. [Grégoire] Je ne sais plus rien

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Nantes, plus tard dans la nuit de décembre

Et   Eros Ramazzotti  chantait [Una storia importante]

-Je ne sais pas à quoi tu penses...

J'étais assise sur le canapé à côté de Grégoire. Chacun tourné sur le flanc à se regarder, la tête appuyée sur l'assise. Nous buvions nos cafés sans  beaucoup parler.

Il semblait soudain fragile, indécis comme si je le déstabilisais. Pensait-il que j'allais partir? 

-A toi. Je pense à toi. 

-Alors tu te souvenais de moi...

-C'est toi qui me demandes ça ?!! J'ai haussé le ton, sans colère mais avec force pourtant tellement sa remarque me sembla absurde. Tu sais bien que j'ai toujours pensé à toi! Moi j'ai toujours été là, disponible. 

-Mais tu es partie. En juin, à la fin de mes partiels, je suis revenu à ton appart. J'ai croisé un de tes voisins qui m'a dit que tu avais déménagé. 

-et comment voulais tu que je te prévienne? Je découvre ce soir où tu habites!

-je sais. J'ai réalisé à ce moment là ce que je te faisais subir

-je l'acceptais, c'était mon choix. 

-quand j'ai croisé Maude il y a un mois, je me suis dit que c'était enfin l'occasion de te recontacter. J'ai vite déchanté. Elle ne m'aime pas beaucoup hein? 

-pas plus que tes copains ne m'apprécient! 

-je ne les vois plus

-ah bon? 

-non.  Il y a beaucoup de choses qui ont changé pour moi ces derniers mois. J'ai pris de la distance avec eux, ils n'ont pas aimé. J'ai failli manquer mon année en juin, j'ai été pris in extremis en maîtrise et mon prof m'a fait clairement comprendre que je n'aurai pas de deuxième chance. 

- donc tu ne sors plus beaucoup

- pas à la prima en tout cas

-sauf ce soir. 

Nous ne nous quittions pas des yeux

-ce n'était pas prévu ce soir. On était au Lieu Unique et je n'avais pas imaginé autre chose avant de te voir. 

- tu es venu exprès à la Prima? 

-Oui j'ai entendu Maude te dire que vous y alliez. J'y ai traîné mes copains et je les ai planté dès que je t'ai vu! 

-encore un groupe qui va m'adorer! 

Grégoire rit et se pencha pour m'embrasser. Chacun de ses baisers était d'une douceur inédite qui me chamboulait. 

-j'avais envie de te voir. Vu comment on s'est quittés au L.U. , je ne savais pas si c'était réciproque mais j'ai tenté. 

-tu ne risquais pas grand chose, tu le sais bien! 

- Non...je ne sais plus rien, murmura t-il. 

Cette fois-ci, c'est moi qui l'ai embrassé. Pour ses mots humbles, pour sa fragilité, son indécision, parce que Grégoire ne partait pas en terrain conquis et que pour la première fois, nous étions sur la même marche, chacun avec sa peur de tomber. 

Nous ne nous sommes plus arrêtés, il était trop tard pour parler encore. Et il y avait urgence à vivre pleinement ce qu'il restait de cette nuit. Il n'allait pas s'enfuir comme à chaque fois puisque nous étions chez lui et il savait que je m'étais engagée auprès de Maude à rentrer avant la fin de matinée.  Nous avions peu de temps et pourtant un temps inédit. 

-tu restes hein? 

-tu es certain que ça ne pose pas de problème? Personne ne peut arriver à l'improviste? 

-personne. 

Il se leva, éteignit la lumière et me tendit la main. Les lumières de la nuit nous éclairaient pas les fenêtres de toit. Dans la pénombre, je ne voyais que ses yeux posés sur moi avec envie et tellement de calme

Je me laissais guider vers sa petite chambre qui était uniquement occupée par un grand lit aux draps blancs défaits. La table de chevet croulait elle aussi sous les livres. Il ouvrit chaque bouton de mon haut déposant un baiser sur ma peau à chaque ouverture. Je me réjouis d'avoir choisi cette chemise cintrée. Je le regardais faire sans réagir, j'étais comme anesthésiée par l'émotion de ce moment hors du temps, les bras ballants sans le toucher. Il ne semblait pas s'en formaliser. Ses mains glissaient sur mon jean pour le déboutonner lui aussi, il s'attela ensuite à mon soutien-gorge pour prendre mes seins en coupe et les embrasser un à un. Un frisson m'envahit. 

-ça va? 

Il me regarda en fronçant les sourcils. 

-oui...je ne réussis pas à bouger...

-Alors laisse toi faire. 

Il enleva ses vêtements rapidement pour se retrouver nu comme moi. Nous étions peau contre peau, frissonnant. Ses mains glissaient sur mon corps le caressant, l'explorant peu à peu. Ses doigts se posèrent sur mon sexe qui réagit aussitôt. Je gémissais déjà du plaisir que j'allais ressentir. Mon corps se souvenait de ses lèvres, de ses mains, de son parfum...Je sentis son sexe se dresser contre mon ventre, ce qui me troubla encore plus. Quand j'ai enfin bougé pour passer mes mains dans ses cheveux, il grogna de plaisir. 

-ça m'a tellement manqué...



L'Hiver suédoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant