8 [Grégoire] Je ne savais pas que tu aimais quelque chose de moi

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[Et Cold Play chantait "Fix you]

En mai,

Je n'avais pas revu Grégoire depuis deux semaines, depuis mon esclandre, mon grand déballage. Ce jour là, il était parti parce que je ne pouvais plus parler. J'étais à sec, mise à nue et je lui avais demandé de me laisser. Je n'avais pas de nouvelles, à vrai dire je n'en avais jamais. Nous nous croisions sur le campus, nos facs étaient proches l'une de l'autre et après une discussion souvent égrenée de ses "je ne devrais pas... je te fais du mal...je ne peux plus la tromper..." , nous nous quittions et je savais que je le verrai l'après midi même débarquer chez moi.

Quand ce soir-là, la sonnette de ma porte d'entrée a retenti, je n'imaginais pas un seul instant le voir. Il ne passait jamais à l'improviste et jamais à cette heure-là (sûrement réservée à Anne). Je l'ai pourtant trouvé sur mon palier, plus beau que jamais. Voilà ce que j'ai ressenti en le voyant. Passé la surprise, ce sentiment m'a submergé. Aucun garçon ne me plaisait comme il me plaisait. Il portait ce soir là, une tee-shirt marine, un jean et des campers. "Comme toi" avait plaisanté Louise. "J'ai l'impression de te voir en lui, vous vous ressemblez et je comprends qu'il t'attire autant". Je ne savais pas s'il y avait un mimétisme entre nous mais elle avait raison : je me retrouvais en lui, je me sentais chez moi dans ses bras, sous ses yeux.

- je peux rentrer?

Un peu perdue dans mes pensées, dans ce trouble qu'il provoquait en moi, j'étais restée plantée là sans parler. Je réalisais qu'il prenait mon attitude pour un refus de le voir, au moins une hésitation. Mais c'était en fait tout le contraire: j'étais submergée par une vague émotionnelle comme jamais vécue avec lui. Je ne réussissais pas à décrocher mon regard du sien, j'avais envie de ses bras, de ses lèvres, de son corps. De nouveau, je ne réussissais plus à parler.

Je l'ai fait rentrer, il a semblé soulagé de ne pas rester sur le palier.

-Tu vas bien?

-Oui et toi? Je suis surprise de te voir à cette heure-ci

-Anne n'est pas là cette semaine alors...

-Je n'ai pas envie de savoir pourquoi. Ca ne me regarde pas

- Ok...

IL a baissé la tête pour la relever et plonger ses yeux dans les miens. C'est là qu'il m'a tendu les bras et m'a attiré à lui.

-Viens...

J'ai calé ma tête dans le creux de son épaule et il m'a serré dans ses bras longtemps. Nous n'avions jamais vécu un tel moment d'intimité et de silence. Chacune de nos rencontres était une négociation, une lutte pour lui à me résister, un combat pour moi à le faire céder. Mais pas ce soir là. C'était un de ces soirs de printemps qui annoncent l'été: il avait fait chaud toute la journée et on avait vu les terrasses pleines, les étudiants allongés sur les pelouses. Les fenêtres de mon studio étaient grandes ouvertes sur cette ville qui grouillait encore. Les bruits montaient jusqu'à notre silence. Nous étions seuls, nous étions deux.

Il a  reculé un peu sa tête et m'a embrassé sans desserrer ses bras autour de mes épaules. J'ai passé mes mains dans ses cheveux et il a ronronné, ça m'a fait sourire. 

-j'adore ça...

-quoi?

-quand tu passes tes mains dans mes cheveux

-ah bon?

-ça a l'air de te surprendre ?

-oui je ne savais pas que tu aimais des ...des trucs de moi

Il s'est éloigné un peu plus de moi et m'a regardé avec ce que j'ai interprété comme de la tristesse. Il s'est assis sur mon canapé et m'a demandé de venir m'assoir à côté de lui. Nous étions chacun sur le flanc, assis mais face à face.

-j'aime quand tu passes tes mains dans mes cheveux quand je t'embrasse...j'aime quand tu souris quand je descends ma langue entre ton cou et tes seins

-je fais ça?

-oui. Comme si tu hésitais à rire, ça semble te chatouiller, tu es nerveuse...et puis il y a ce moment où ton corps se détend, me fait confiance et je sens que tu t'abandonnes enfin.

Je n'avais jamais réalisé que je réagissais ainsi et surtout je ne l'avais jamais entendu parler de moi comme ça.

- A toi !

-A moi quoi ?

-qu'est ce que tu aimes?

-tes yeux

J'ai répondu du tac-o-tac sans réfléchir

-mes yeux?

- Quand tu me regardes, je ne maîtrise plus rien. Ne fais pas ton surpris, tu le sais très bien !

Il a ri.

- tu fais exactement la même chose !

-comment ça?

- quand tu me regardes! Tu sais que ça me fait le même effet!

-ah bon?

- évidemment! Quand on se retrouvait à la Primavera ou quand on se croise sur le campus, tu me regardes d'une telle façon que tu sais que je ne résisterai pas. J'ai beau te dire le contraire, je sais que dès que je te vois, c'est perdu d'avance.

Je riais comme lui pour donner le change, pour qu'il ne remarque pas mon trouble. Non je ne le savais pas. Je n'avais jamais compris que d'un regard, je le séduisais. Il me racontait là ce que moi-même je ressentais.

-bon alors dis moi quelque chose que je ne sais pas! Une vraie révélation!

-j'adore ta bouche sur mes seins

-ah? et pourquoi?

-parce que tu les regardes d'abord avec l'envie de les manger! Un appétit féroce, une force presque brutale et ça me fait un peu peur. Je n'aime pas vraiment ce sentiment, c'est très sexuel. Et puis il y a ce moment juste après où tu t'apaises, tu poses tes lèvres sur un de mes seins, puis l'autre avec beaucoup de douceur. C'est gourmand mais délicat...

Il s'est approché de moi et a ouvert un à un les boutons de ma chemise pour l'enlever avec une lenteur que je ne lui connaissais pas. Il a passé sa main dans mon dos pour dégrafer mon soutien gorge et m'a allongé toujours sur le même rythme sur le canapé. Il ne me quittait pas des yeux. Je ne connaissais pas ce regard, j'y lisais encore une fois une pointe de tristesse mais aussi d'émotion.

Il a posé sa bouche sur l'un de mes tétons et j'ai aussitôt gémi de plaisir.

-je ne veux pas que tu aies peur de moi, jamais.

Nous avons cessé de parler, le silence et les bruits de la soirée printanière ont pris le relai avant que je n'explose de plaisir sous ses mains, ses lèvres, son corps
































































































































L'Hiver suédoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant