Accident

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Pdv Tam

  J'ai besoin de prendre l'air. Quelque part, le fait d'être à l'intérieur me met mal à l'aise, moi qui ai vécu dans une cabane durant plusieurs années de ma vie.

  Le problème, c'est que je n'ai personne chez qui aller. Rendre visite à Biana serait mal vu puisque je sors avec Alara, désormais, même si, la connaissant, cette miss Potins ne serait pas contre quelques nouveaux ragots...

  En réalité, je n'ai personne chez qui me rendre à l'improviste. Je n'ai pas d'ami proche, je n'ai jamais réussi à m'en faire. J'ai essayé tant de fois de suivre l'exemple de Linh, qui, elle, est si sociable - sans succès. Je suis trop sombre pour les autres. Lorsque quelqu'un découvre la nature de mon talent, il se demande pourquoi il n'y a pas pensé plus tôt et c'est limite s'il ne s'enfuit pas en courant. À partir de ce moment-là, je peux être sûr qu'il me regardera comme si j'étais un monstre pour le restant de mes jours. Même mes parents ont eu cette réaction lorsque je me suis manifesté. Seules ma sœur et Sophie ont gardé la tête froide. Pourtant, je ne suis pas si proche de Sophie que ce que l'on pourrait espérer.

  Pour prendre l'air, mon activité favorite est donc : me promener... Génial.

  Je soupire alors que j'entame la longue descente qui relie Solreef à la terre ferme, constituant en tout et pour tout un escalier de quelques grands quilomètres... Ça me fera une petite marche de santé, surtout pour les remonter.

  Vivement la reprise des cours, où je ne serai plus obligé de descendre un escalier pour me dégourdir les jambes.

  Alors que mes pensées vacillent sur Foxfire et les cours de l'éreintante Lady Zillah, je saute une marche par inadvertance. Mon cœur se met à cogner anormalement vite dans ma poitrine lorsque je sens mon corps basculer en avant.

  Et, puisqu'il fallait que ça arrive, c'est la dégringolade. Ma tête se cogne violemment à une marche, tandis que ma jambe droite se tord contre une autre, émettant un craquement sinistre.

  Tandis que je continue de dégringoler les marches à pleine vitesse, collectionnant les coups et mes écorchures, je me rend soudain compte d'une certaine chose qui pourrait m'être utile : la télékinésie.

  Quel idiot ! Je n'y avait même pas pensé plus tôt !

  Ignorant la douleur, je concentre mes forces et m'élève à quelques mètres de cet escalier de malheur. Il s'en fallait de peu. À voir la longueur du reste de la descente, je n'aurais pas survécu.

  Je décide donc de remonter vers Solreef, puisant sans vergogne dans mes forces qui commencent sérieusement à s'amenuiser.

  Lorsque mes pieds touchent le sol carrelé du perron, je ressens une vive douleur dans mes jambes. Je passe une main à l'arrière de mon crâne pour y découvrir une longue ouverture horizontale qui dégouline d'un liquide poisseux dont je ne met aucun doute sur la provenance. Quand je roffre ma main à ma vue, elle est couverte de sang de haut en bas.

  Mes jambes me lâchent. Est-ce à cause de la douleur ou du choc? Difficile à savoir...

  Ma tête cogne une nouvelle fois le sol et je m'évanouis.

Sacrifice (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant