Sacrifice (en pause)

La colère

Pdv Sophie

  J'entends quelqu'un toquer à la porte de ma chambre, alors que j'écoute de la musique sur mon ipod.

  — Qui est-ce? demande-je en enlevant mon écouteur droit.

  — C'est Fitz.

  — Entre, je t'en prie.

  Mon ami ouvre la porte puis la referme derrière lui, avant de m'adresser l'un de ses fameux sourires de star de cinéma.

  — Pourquoi es-tu venu?

  — Je n'ai plus le droit de prendre de tes nouvelles? me taquine-t-il.

  — Si, bien, sûr, lui assure-je, décontenancée.

  — Alors... comment vas-tu, depuis que tu t'es évanouie? demande-t-il d'un ton soucieux en s'asseyant à côté de moi sur l'immense lit à baldaquin.

  — Bien, réponds-je en enlevant mon deuxième écouteur. À vrai dire, je me suis complètement trompée au sujet de ce "changement dans mon esprit".

  Il éclate de rire.

  — Je me disais bien... Elwin l'avait dit, mais c'est bon de t'entendre le dire.

  Son regard redevient grave.

  — Je me suis fait un sang d'encre, tu sais?

  Je déglutis difficilement. Son regard bleu-vert est enfoncé dans mes yeux, attendant une réponse.

  — J'imagine, réussis-je à articuler.

  Il esquisse un petit sourire.

  — Qu'est-ce que tu écoutes? demande-t-il en pointant mon ipod du doigt.

  Je rougis soudain, sans raison particulière.

  — Heu... C'est de la musique humaine. Je ne suis pas sûre que tu aimeras, ce n'est sans doute pas ce que tu écoutes d'habitude.

  — Fais-moi écouter, on verra bien, répond-il, son sourire s'élargissant.

  Je sens mes joues s'enflammer tandis que je lui tend un écouteur et appuie sur play. Il le porte doucement à son oreille, les sourcils légèrement froncés.  Je prend le deuxième écouteur et l'enfonce dans mon oreille droite. Aussitôt, les basses, la voix du chanteur, la guitare et le clavier résonnent dans ma tête.

  — Oui, c'est vrai que c'est... différent.

  Un léger sourire s'est à présent ajouté à ses sourcils froncés.

  Je me surprends à sourire également.

  — Et sinon, quelles nouvelles? demande-t-il.

  — Ces derniers temps, je mets au point des techniques de combat.

  — Qu'est-ce que tu veux dire? fait-il, sceptique. Nous nous entraînions déjà à manier les armes, avant Loamnore.

  — Il leur suffisait de créer un champ de force pour nous mettre hors d'état de nuire. Là, j'essaie d'établir des techniques simples et efficaces. On pourrait par exemple les pousser par poussée cérébrale sur un champ de force électrique, si Maruca arrive à en produire un. Ou bien, on pourrait simplement leur faire exploser la tête avec la canalisation externe.

  — Tu me parles des compétences, là?

  — On n'y prête pas assez attention, pourtant elles peuvent s'avérer tellement utiles.

  — Tu oublies que les Invisibles sont déjà de maîtres en la matière.

  — Mieux vaut rattraper notre retard que rester les bras croisés, tu ne penses pas?

  — Mmhm, acquiesce-t-il, pensif.

  Un silence s'installe, comblé par la musique dans nos oreilles, lorsque Fitz relance la conversation.

  — Tu n'es plus au Centre de Soins?

  Je me frappe le front, pas très fière. J'ai complètement oublié de le tenir informé.

  — Keefe s'est réveillé.

  Les yeux de Fitz s'agrandissent, ses sourcils se froncent à nouveau.

  — COMMENT?

  — Juste son esprit, pas son corps, bredouille-je précipitamment. Je suis désolée, j'aurais dû te prévenir avant.

  — Pas grave, marmonne-t-il.

  Il arrache l'écouteur de son oreille, se lève d'un bond et se dirige vers la porte à grands pas.

  — Au revoir, Sophie.

  Et il sort sans attendre ma réponse.