Promesses

95 6 1
                                    

Pdv Tam

  Ça fait à peine un jour que je suis Centre de Soins, je n'en peux déjà plus.

  Attendre, attendre, dormir, attendre, avaler des élixirs à vomir, attendre.

  Quelqu'un toque à la porte, me faisant sursauter. C'est sûrement.t pour Keefe...

  — Entrez, lance-je sans grande conviction.

  Une belle jeune fille apparaît dans l'encadrement de la porte.

  — Alara ?!

  — Tu ne m'a même pas prévenu que tu étais blessé ! C'est Tiergan qui me l'a appris. Franchement, tu as une mine affreuse, tu es tout pâle ! Ça ne t'as pas ne serait-ce que traversé l'esprit, de rester en vie !?

  — Eh bien... fais-je, maladroit.

  Sans attendre ma réponse, elle se jette à mon cou.

  — Aïe... Tu me fais mal.

  — Pardon, dit-elle en s'éloignant. Ça va mieux, comme ça ?

  Je remarque les petites larmes qui perlent au coin de ses yeux.

  — Oui, ne t'inquiètes pas, mens-je.

  Elle s'assied à côté de moi sur le lit.

  — Tu aurais pû mourir... J'aurais pû te perdre.

  Une larme se décide à couler sur sa joue, et je tends douloureusement mon bras pour l'essuyer du pouce.

  — Oh, tu sais, tu es bien capable de trouver un garçon mille fois plus beau, plus intelligent et plus gentil que moi. Et plus drôle, aussi, même si ça, ça n'est pas extrêmement compliqué.

  — Mais c'est toi que j'aime, tu sais. Je ne pourrais jamais t'oublier.

  Je ris doucement, histoire de ne pas me surmener.

  — Tu n'as même pas vingt ans, Alara.

  Elle rit à son tour.

  — Je pense qu'on a vécu plus que ce qu'on aurait dû vivre à notre âge.

  Je passe mes doigts dans ses boucles noires.

  — Tu as peut-être raison, réponds-je. Mais y a-t-il un âge pour vivre ces choses-là?

  — C'est toi qui as peut-être raison. Et les choses ne sont pas finies.

  Elle saisit ma main, toujours enfouie dans ses cheveux.

  — Écoute, Alara. Tu as subi trop de dangers pour le restant de tes jours. Je te jure que je te protégerai.

  — Je te le jure aussi.

  Nous restons un moment silencieux, main dans la main, nos doigts entrelacés.

  — Tu dois me faire une faveur, dis-je soudain.

  — Quoi donc?

  — Tu m'as déjà promis de me protéger, promets-moi aussi de ne pas trop pleurer si je meurs.

  — Et si tu me promettais plutôt de ne jamais mourir?

  — Tu sais bien que je ne peut pas te promettre pareille chose.

  Elle ne répond pas, les yeux tristes.

  — Je me suis longtemps demandé quelle était l'utilité de notre presque immortalité. Je n'en trouvé une qu'aujourd'hui. Vivre avec toi.

  — La mort ne sert pas à rien, et tu le sais, même si c'est difficile à accepter.

  — Tu n'aurais tout de même pas aimé mourir hier.

  — Non, c'est vrai.

  Elle observe un silence avant de déclarer :

  — Bon, je vais y aller. Remets-toi vite.

  — Promis, encore une fois.

  Elle se lève, rit doucement et s'éloigne.

  — Tiens tes promesses, lance-t-elle à l'autre bout du couloir.

Sacrifice (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant