chapitre 65

921 110 55
                                    

Lonely par Nathan Wagner.  

Axelle.

Debout à côté de l’homme de ma vie, je garde une allure détendue pour faire en sorte qu'il soit fier de moi. Je regarde, quand on me le demande, les énormes objectifs avec attention, en étirant au maximum mes lèvres, comme on pourrait le faire sur une photo de classe.
On scande mon nom de part et d'autre, pour que je tourne la tête, ce que je fais en gardant au maximum mon calme, bien sûr. Après un long moment de poses et de sourires, notre petit groupe reprend doucement son ascension vers ce grand cinéma où va être projeté le film tant attendu de l'année.
Il se murmure même qu'il va être oscarisé.
Mais d'ici là, j'espère que cette page sera tournée, mettant aux oubliettes les tournages de films plus ou moins conventionnels.
J'inspire et expire silencieusement pendant qu'Antonio me tient par la taille.

J'avoue que cela aurait été grisant si ce monde n'était pas aussi rempli de perversité et de débauche.   Mais en examinant les regards de certains acteurs, je me dis que ce monde est vraiment particulier. Et surtout sans aucune gêne.
N'oublions pas que je suis quand même accompagnée de celui qui a pratiquement fait sa déclaration devant une assemblée toute entière !
Je me demande même si certains d'entre eux ne s'amuseraient pas à coucher les uns avec les autres. En réfléchissant un peu, c'est évident bien entendu puisqu’ils tournent des films très explicites.
Sans oublier d'ailleurs qu'Antonio pratiquait lui-même dans des clubs.
Qui me dit que, hors du monde du cinéma, il n'a pas déjà fait des parties à trois, voire plus ?!
Je soupire longuement alors que l'équipe se stoppe devant la porte du cinéma et se tourne une dernière fois pour une ultime prise de vue générale.

-France ! crie un photographe de presse. Une photo avec Sergio…

Dégoûtée mais résignée, je laisse donc ma place, tout en gardant un œil sur elle. De son côté, elle semble s'amuser de la situation.
Je m'écarte, comme me l'indique le photographe d'un geste de la main. Puis celui-ci porte son appareil à son œil droit, cadre avec son objectif et appuie enfin sur le déclencheur quand les deux amants de l'écran prennent la pose.

-Elle va vous le rendre, murmure l'un des membres de l'équipe en agrippant ma taille.

Je repousse la main de l'homme au sourire dépravé et m’écarte rapidement pour reprendre de la distance. Tant pis si mon geste ne lui plaît pas. Je ne suis pas ce genre de femmes, à picorer dans tous les râteliers.

Après quelques prises, Antonio salue d'un geste de la main ses fans et revient rapidement à mes côtés pour placer sa main autour de moi tout en jetant un regard noir à celui qui a osé me toucher. Puis nous pénétrons enfin dans le hall.

J'examine les lieux de style vénitien. Les grandes appliques au plafond. Les moulures et la décoration auxquelles je suis habituée de découvrir dans cette magnifique ville.
Puis mes yeux se tardent sur cette affiche du film, grandeur nature qui est accrochée au mur et qui me nargue une fois de plus.
Puis blasée, je la quitte du regard pour les diriger sur deux pancartes. Une où il y est inscrit : "entrée des artistes", et l'autre : "destiné au public".
Alors je comprends rapidement que nos chemins se séparent ici.
Que voulez-vous, on ne mélange pas les torchons et les serviettes ensemble…

Sous l'indication des ouvreuses, je suis dirigée dans cette grande salle de projection, non loin du grand écran et à quelques mètres de l'estrade.
Je m'assois sur le strapontin en velours de couleur rouge carmin, au bord de l'allée, suivie de près par les amis des artistes, des cameramans, preneurs de son et les fans qui ont payé leur place, un peu plus cher que la normale.

Autour de moi, ça bouge, ça s'impatiente et ça parle beaucoup, sans oublier les rires et les gloussements de certaines femmes qui pourraient laisser croire à des dindes de basse-cour en chaleur.
Une envie de pipi subite me prend et je me redresse sagement, me dirige vers le hall puis vers les toilettes indiquées par le symbole des deux lettres majuscules : WC.

Après avoir fait ma petite affaire, je reviens en silence à ma place et m'installe correctement alors que sur l'estrade du remue-ménage attire mon attention où deux chaises sont installées.
Perdant patience, j'attrape mon téléphone et jette un rapide coup d'œil sur la messagerie, mais absolument rien n’est arrivé.
Prise de jalousie, je vais sur l'application Twitter pour découvrir quelques photos publiées récemment, montrant l'équipe entière du tournage, sourire et verre de champagne à la main.
Je rugis de rage intérieurement.
Je bouillonne.
Je suis même au bord de l'explosion.
M'aurait-il menti en m'avouant ses sentiments ? Et sa demande en mariage, serait-elle aussi une belle mascarade, comme tout ce monde qui l'entoure ?

Les photos sont likées. Certaines sont même commentées de messages de pays de divers horizons.
La traduction est retranscrite automatiquement dans ma langue maternelle et curieuse j'en lis certains.
« Hâte de découvrir votre film »
« Vous êtes trop beaux » 
ou encore
« Pourquoi quittes-tu le cinéma Sergio ?»

J'ai bien envie de laisser quelques remarques désobligeantes, mais je pense que cela serait mal vu.
Alors, extrêmement en colère, j'éteins la publication et pour m'auto-flageller un peu plus, je vais découvrir sur le net les scènes de tournage.
Plongée dans mon portable, je ne fais pas vraiment attention à tout ce qui se passe autour de moi, la seule chose qui m'interpelle est la musique qui s'installe et me fait rapidement penser à une série que j'ai découverte sur une plate-forme.
Je dandine de la tête et gigote le pied au rythme de celle-ci.
Puis les femmes se mettent à hurler et subitement mon téléphone m'est retiré d'un seul coup des mains.

-Oh ! Mais c'est quoi ce bor…

Je ne finis pas ma phrase et rencontre des yeux bleu turquoise d'un homme qui vient de s'installer sur mes genoux sans mon autorisation.
Ma respiration en suspens, j'ouvre les yeux en grand et entrouvre mes lèvres, complètement hagarde...
Il me sourit, s'amuse avec moi et me rend mon téléphone d'un air taquin. Puis je me retrouve debout sans comprendre ce qu'il m'arrive.
Alors mon côté joueuse reprend le dessus, tandis que le strip-teaseur me devance en me tenant amicalement par la main sous la musique de la célèbre série Toy Boy.
Puis, me retrouvant assise sur l'une des chaises et tournant le dos au public, je me dis que ma gentille vengeance ne va certainement pas passer inaperçue.
  Après tout, j'en ai bien un qui s'amuse dans les loges. Alors pourquoi pas moi ?

Et c'est avec un grand sourire aux lèvres que je regarde l'homme devant moi qui commence son numéro de charme...

À suivre…

Et vous mes chères lectrices.  Un petit chapitre comme promis   le prochain suivra au retour de mes vacances.
En attendant je vous souhaite un bon dimanche.
Encore mille merci à tous ceux qui ont ajouté cette histoire dans leurs listes de lecture.
À ceux qui votent 
Et bien entendu un grand merci à ceux qui me laisse leurs impressions.
Sachez que cela me touche énormément.
Bis a bientôt..

PS: je répondrai aux avis laissés à mon retour de vacances 

Nous Succomber. Hors Série 🔞 Terminée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant