Chapitre 16 - Un caffè per favore

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Simili - Laura Pausini

Ça sonne. Vite, c'est Sourire. Après plusieurs semaines à discuter, il m'a finalement proposé de passer me voir. J'ai fait semblant d'y réfléchir, pour finalement accepter avec grand plaisir ! Discuter fait passer le temps et permet d'apprendre à se connaitre, mais le corps, lui, a aussi des besoins.

Je me rue sur l'interphone en m'aspergeant de parfum et en jetant un coup d'œil dans le miroir au passage. Je l'entends gravir lentement les escaliers, il est là, il frappe. J'attends quelques secondes, inspire profondément et lui ouvre de la façon la plus naturelle possible.

C'est toujours le moment délicat, un peu gênant. On se sourit, on s'approche doucement, en ne sachant pas ce que l'autre choisira. La joue ou les lèvres ? Cette fois encore, nous choisissons les lèvres. Malgré ce qu'il s'est passé la dernière fois que l'on s'est vus, la pudeur est de nouveau présente. C'est étrange quand on y pense. Nous savons tous les deux pourquoi il est là et ce qu'il va se passer d'ici à cinq minutes, pourtant nous roucoulons comme deux ados timides.

— Tu veux boire quelque chose ? Un café, un verre d'eau ?

— Un café peut-être, merci.

Alors qu'il me voit m'affairer autour de ma super machine à expresso, il remarque la petite cafetière Moka, en haut de l'étagère :

— Tu veux que je t'apprenne à faire un vrai café ?

— Pourquoi pas ! Elle était là quand je suis arrivée, dis-je en me hissant sur la pointe des pieds pour l'attraper, à part prendre la poussière, elle ne sert pas à grand-chose.

Je l'observe dévisser chaque partie de la Moka, puis remplir l'eau jusqu'à la petite marque à l'intérieur du réservoir.

— Ensuite, tu mets ton café, mais attention ! Il ne faut pas le tasser, il faut laisser de l'espace à la vapeur pour que tout l'arôme se dégage.

Est-ce normal de trouver ce cours sur le café incroyablement sexy ?

Il revisse l'ensemble des pièces, met le tout sur la plaque de cuisson et l'allume à feu doux.

— Faut pas être pressés quoi, lâché-je, comme à moi-même.

— Pourquoi ? Tu es pressée ?

— Non, j'admets un peu honteuse. Comment tu sais quand c'est bon ?

— Tu l'entends et surtout, tu le sens !

Effectivement, à peine quelques minutes plus tard, les petits clapotis du café qui s'écoule dans la cafetière et les effluves qui s'en dégagent me rappellent les matins chez Nonna.

— Ça me rappelle ma grand-mère...

— Celle qui habitait en Sicile ?

Il s'en souvient !

— Oui. Elle utilisait une Moka, elle aussi, mais je n'ai pas eu le temps de lui demander comment elle faisait.

Ma voix s'éteint toujours un peu lorsque je parle d'elle. Nonna est partie le printemps juste avant mes dix ans. Mon père avait beaucoup de mal à retourner là-bas sans elle, alors nous avons pris de nouvelles habitudes pour les vacances.

J'y passais des étés fabuleux. L'eau de la mer translucide, les citrons, les granités à l'amande qu'elle achetait pour mes cousins et moi, les repas interminables où ça parlait fort, les ruelles désertes à l'heure de la sieste, tout ça me manque tellement ! Peut-être pourrais-je organiser un voyage aux beaux jours ? Victor pourrait m'accompagner. Je garde cette idée dans un coin de ma tête.

Ça ira mieux à RomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant