Chapitre 28 - Certaines nuits

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Certe notti - Ligabue

De : Futur

Ce soir, je viens te voir, tu n'as pas le choix.
Dis-moi quand tu finis de travailler. Je t'attendrai en bas de chez toi, même s'il est tard !

J'apprécie sa prise de décision et son initiative. Par manque de temps et peut-être aussi par crainte que cette rencontre ne se transforme en un nouvel échec, je repousse depuis presque une semaine le jour où je reverrai Nicola.

Lors de notre moment suspendu, sur la Piazza Bologna, tandis que nous apprenions à nous connaître avec avidité et douceur, nous avions été fauchés en plein vol par Lara et Gabriella. Leur intrusion au cœur de notre bulle enchantée nous avait fait instantanément revenir sur Terre. La soirée s'était tout de même poursuivie dans la bonne humeur générale, avec néanmoins un léger goût d'inachevé.

J'avais surpris Futur en train d'épier mes faits et gestes à plusieurs reprises, ce qui le rendait encore plus attirant à mes yeux. Un aimant indécelable m'attirait vers ce grand blond, au regard impénétrable. Il pourrait être le descendant direct de César, Auguste ou Hadrien, que ça ne m'étonnerait pas. Maintenant que j'y pense, je suis persuadée que la toge et la couronne de laurier lui siéraient à ravir.

Au moment de se quitter, Nicola s'était débrouillé pour me glisser discrètement un mot à l'oreille, sans que nos amis ne s'en aperçoivent :

— J'aimerais te revoir.

En essayant de maîtriser mon rythme cardiaque, je lui ai donné mon numéro de téléphone et je n'ai pas tardé à recevoir un premier message de sa part. Ce n'était rien de formel, un simple article trouvé sur Internet, traitant d'un sujet que nous avions abordé ensemble. Ce fut suffisant pour lancer la conversation.

Qu'attendais-je de lui ? Si ce n'est de ne pas me décevoir, comme l'ont fait tous les autres ? De toute façon, il ne me restait plus beaucoup de temps à Rome, donc qu'avais-je réellement à perdre ?

Je n'arrête pas de bâiller sur mon carnet à croquis et l'envie de revoir Futur se fait de plus en plus pressante. Je crois que ça suffit pour aujourd'hui ! J'écris à Nicola que je serai prête d'ici à dix minutes et jette mon téléphone sur le lit. J'enfile en vitesse une robe longue au motif fleuri et ceinturée à la taille, ainsi qu'une paire de mules dorées.

La rue déserte me cueille. J'avance le long de l'impressionnante enceinte du Vatican, en scrutant une silhouette d'homme. C'est silencieux. Si je me concentre, je pourrais presque entendre s'écouler le Tevere. Nicola m'a prévenue que sa voiture était garée le long du Passetto, il ne devrait pas être loin.

Soudain, sans prévenir, le stress me prend aux tripes. Et si l'euphorie de la première rencontre s'était évaporée ? Et si je ne lui plaisais pas tant que ça ? A-t-il compris que mon Erasmus allait se terminer à la fin du mois de juin ?

Eccolo !

Je ne risquais pas de le louper. Futur me semble encore plus grand, que lors de notre rencontre. Sans doute l'effet de la foule. Sans personne autour de nous, je me sens minuscule. Il s'approche de moi avec son pas assuré et son regard pétillant. Un sourire complice se dessine instantanément sur sa bouche, faisant écho à celui qui illumine le mien. L'instant est magique et le temps suspendu.

Ciao, Signorina.

Il m'embrasse les deux joues, en passant sa main sur ma nuque de façon terriblement excitante. Puis, il remet délicatement mes cheveux en place, avant de reculer de deux pas afin de me scruter des pieds à la tête. Je hausse les épaules et lui suggère en français :

Ça ira mieux à RomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant