Chapitre 29 - N'aies pas peur

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Non avere paura - Tommaso Paradiso

Je n'ai pas eu le temps de me poser les questions existentielles qui tentaient de s'immiscer dans ma tête. Mais dans quoi suis-je en train de m'embarquer ? Vais-je vraiment tenter de construire quelque chose avec Futur alors que je vais quitter Rome sous peu ? Les jours vont passer beaucoup trop vite, qu'est-ce qu'on fera après ? 

Mon cerveau sentait leur présence, mais les chassait instantanément, grâce aux baisers de Futur.

Nous avons passé le week-end entier à nous découvrir, à rire, étendus sur le lit, les jambes entrelacées après l'amour. Il a suffi de trois petits jours pour réaliser à quel point notre relation pouvait devenir fusionnelle. J'adore son corps et sa façon d'aimer le mien. La passion qu'il éprouve pour tout un tas de choses, je peux la ressentir envers ma propre personne.

Il a des mots tendres, des gestes attentionnés, des regards qui me redonnent confiance. Sans le savoir, il est en train de me réconcilier avec moi-même. Je le connais finalement peu, mais déjà, il fait surgir de mon cœur fébrile, la femme que je veux être depuis toujours.

Futur m'a par ailleurs invitée chez lui : un petit nid douillet, dans le quartier animé de Monti. Son appartement est à son image : impeccable, soigné et intéressant, notamment en raison de sa bibliothèque, jonchée de livres en tout genre. Malheureusement, nous n'avons pas le temps de nous y attarder.

Ce soir, nous avons prévu de renouer avec la réalité, en allant nous balader sur les bords du Tevere avec notre joyeuse bande d'amis. À l'approche de l'été, les rives du fleuve accueillent des dizaines de cabanes en bois, dans lesquelles s'installent des bars éphémères, des vendeurs de souvenirs ou de spécialités culinaires. Des artistes de rue s'occupent de créer une ambiance festive en donnant des concerts gratuits. C'est un moment à ne pas rater !

— Tu es prête, Chiaretta ? me lance Futur, en déposant un baiser sur mon front au passage. Tes cheveux sont trempés !

Je me suis permise de prendre une douche pour me rafraichir avant d'affronter la chaleur d'une nouvelle nuit. Je le rassure :

— Oh ne t'inquiète pas, il fait tellement chaud dehors, ils sécheront en peu de temps.

— Je croyais que tu lissais tes cheveux, s'étonne-t-il.

— Non, pas la peine, soufflé-je, l'air contrit. J'ai beau essayer de les boucler, rien n'y fait ! De vraies baguettes !

— Ils sont tellement doux, c'est incroyable ! Je suppose que tu as remarqué, mais je suis un fou de cheveux.

C'est vrai que Futur passe son temps à entortiller son doigt entre mes mèches, pour mon plus grand plaisir.

— Un fou de cheveux et de fesses, ajoute-t-il en me lançant un regard expressément graveleux.

— Tu as donc analysé mes fesses, j'imagine ! rétorqué-je, feintant le choc.

— Qu'est-ce que tu crois, ma grande ? Il faut dire que les tiennes sont particulièrement belles.

— Tu dis ça pour que je te laisse en profiter !

Je lui donne une tape sur l'épaule, en jouant la jeune fille outrée.

— Pas du tout ! Sincèrement, tes fesses sont un chef-d'œuvre.

L'exagération des Siciliens en Italie est de notoriété publique, autant que celle des Marseillais en France. En guise de réponse, je fais un tour sur moi-même en levant les mains en l'air, pour lui indiquer que je suis prête à partir.

Ça ira mieux à RomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant