Chapitre 31 - Presque plus que sûr

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Grazie Roma - Antonello Venditti

Mon vol retour à destination de Paris est prévu demain, en fin d'après-midi. Pour ma dernière soirée, j'ai évidemment choisi la Piazza Bologna comme point de rassemblement. Chacun a répondu présent et l'émotion de mes amis est palpable.

Auriane et Laurie partent dans trois jours, Victor prend le même avion que moi, tandis que Pierre et Thomas rentrent à Lyon la semaine prochaine. Les Italiens, eux, se préparent au vide que nous leur laisserons. Grâce à nous, ils ont vécu une sorte d'Erasmus à domicile, tout aussi intense en rencontres et en amitié.

Afin d'honorer la tradition, j'ai tenu à prendre l'aperitivo chez Giulia, le dernier d'une longue série. Elle pleurait déjà lorsque je suis arrivée. Mais je savais qu'une séance de visionnage des photos et vidéos prises pendant un an laisserait rapidement la place à la bonne humeur !

— De toute façon, on n'a pas besoin d'être tristes, marmonna la Vénitienne en croquant une chips. L'année prochaine, je viendrai te voir à Paris, après, on se verra à Rome et ainsi de suite. Comme les enfants dont les parents sont séparés. Comment on dit ça en français ?

— Une garde alternée ? souris-je.

— Voilà, on fera une garde alternée de pays !

Bras dessus, bras dessous, nous avons ensuite retrouvé notre groupe franco-italien.

L'ambiance est à la nostalgie et aux souvenirs. Thomas se rappelle, hilare, de la discussion philosophique que Gabriella a eue avec le marchand de roses qui erre autour la Piazza Bologna, en quête de potentiels romantiques souhaitant déclarer leur flamme :

— Vous comptez encore parler de Spinoza ce soir ? lance Thomas à l'intention de notre philosophe en herbe.

— Figure-toi que cette discussion était très intéressante ! rétorque la Gabby. C'est quelqu'un de passionné qui a dû fuir son pays et qui se retrouve à vendre des fleurs à des petits mecs de Roma Nord comme toi !

— Ah oui ? Étonnant que tu puisses t'en rappeler ! la taquine Livio.

— Dit-il, alors qu'il a failli tomber dans la fontaine de la Piazza di Spagna ce même soir ! se défend la brune.

Derrière nous, j'entends le vrombissement d'un moteur que j'ai appris à reconnaître. Futur nous dépasse et gare sa moto noire à côté du Meeting. Il retire son casque et me lance instantanément un sourire à tomber.

C'est vraiment mon mec ? On en est sûr ?

Après avoir salué nos amis, il arrive à ma hauteur et m'embrasse sans une once d'hésitation ou de gêne.

Oui, on en est certain même !

Au fil des heures, nous évoquons les soirées Erasmus avec les différentes nationalités rencontrées, les virées nocturnes, les examens, les quiproquos qui ont pu arriver à cause d'un problème de vocabulaire ou les premières impressions que nous ont fait les uns et les autres.

— Toi, Chiara, je t'imaginais tellement timide et réservée ! Alors qu'en fait, pas du tout ! avoue Thomas.

— Moi, c'est Pierre qui me paraissait hyper snob ! renchérit Auriane, ne me laissant pas le temps de répondre.

— Sympa, souligne l'intéressé.

Moi, j'ai déjà vécu un an à Rome, je parle italien, je connais tous les endroits stylés, tout ça, tout ça... l'imite-t-elle avec une voix grave, faisant rire le groupe entier.

— À ce propos Pierre, ça ne va pas te faire bizarre de rentrer en France ? interroge Laurie.

— Je crois que j'ai bien profité de ma vie romaine, il est temps de retrouver un rythme plus soutenu et de passer mon diplôme. Ensuite, on verra bien, je reviendrais peut-être poursuivre ma vie de bohème.

Ça ira mieux à RomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant