Chapitre 12 - Livio et Gabriella

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Apriti cielo - Mannarino

Je sonne à l'interphone et le portail de l'immeuble s'ouvre immédiatement dans un bruit fracassant. Arrivée au troisième étage avec ma bouteille de vin et mes chips sous le bras, j'aperçois Giulia dans l'entrebâillement de la porte. Elle retient un cri de joie en me sautant au cou. Je culpabilise déjà d'avoir hésité à accepter son invitation !

Elle m'invite à entrer et me fait visiter l'appartement. L'immense vestibule dessert la cuisine sur la gauche et un couloir d'accès aux chambres à droite.

— Ça, c'est ma chambre, me montre Giulia, je l'ai décorée comme j'ai pu.

En effet, des tas de photos et d'affiches colorées tapissent les murs autour du lit aux draps roses. Quelques chaussures et robes jetées à terre témoignent d'une séance d'essayage compliquée. Nous poursuivons la visite. Les deux portes suivantes correspondent aux chambres de ses colocs.

– Ici, il y a Roberta et ensuite, c'est la chambre de Lucia.

J'entends des bribes de conversations téléphoniques survoltées à travers les portes closes.

— Et là, tu as la salle de bain.

La salle de bain commune de trois filles ressemble à l'idée que l'on s'en fait : un immense bordel rempli de maquillages, de cheveux au sol, de sèche-cheveux, fer à lisser et de dizaines d'autres produits cosmétiques. Giulia voit mon regard circonspect et poursuit :

— C'est vraiment la seule chose qui manque ici, une deuxième salle de bain.

Nous nous installons dans la cuisine où des verres sont disposés sur la table et attendent tranquillement d'être remplis.

— Si ça te va, on commence l'apéro toutes les deux ici et après, on rejoindra Gabriella et Livio, Piazza Bologna. C'est des amis à moi, tu vas les adorer !

Giulia attrape son ordinateur portable et va directement dans son dossier "musique" qui lance la dernière chanson écoutée.

C'est une histoire qui a pour lieu, Paris la belle en l'an de Dieu...

— Tu connais Notre-Dame de Paris ? demandé-je surprise.

— Oui, dit-elle légèrement honteuse. Je l'adore, j'écoutais en boucle quand j'étais en Erasmus. Mais on peut changer si tu veux !

— Pas du tout, je connais par cœur ! On n'a qu'à faire une chanson française, une chanson italienne, ok ?

De Céline Dion à Tiziano Ferro, Jacques Brel à Ligabue ou encore Charles Aznavour et Antonello Venditti, nous avons passé notre soirée à faire du karaoké tout en apprenant à se connaître.

— C'est pas trop dur d'être en coloc ?

— Parfois oui, mais quand même, elles sont vraiment adorables.

Giulia utilise souvent l'expression quand même, comme elle utiliserait le mot italien comunque. Bien qu'ils signifient la même chose, ils ne s'emploient pas tout à fait de la même façon. Je trouve ça mignon alors, je ne dis rien. Elle poursuit en baissant la voix.

— Il y a des moments où j'ai envie de les touer, surtout quand elles oublient leurs assiettes sales sur la table, ou me laisse le bordel dans la salle de bain ! Mais sinon ça va, elles sont adorables.

Une porte s'ouvre et des pas viennent vers nous. Nous rions discrètement avant de changer de sujet. Giulia me glisse :

— On s'en fiche, elles ne parlent pas français !

Ça ira mieux à RomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant