CHAPITRE 14.

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— Je préfère !

Je lui lance un petit coup de poing dans le bras, ce qui a pour réaction de le faire rire.

— Je n'en reviens toujours pas qu'on ait pu organiser cette soirée, quelle galère, entre Emma qui s'est reconvertie en diététicienne, toi qui enchaines les heures sup avec le bar et moi avec mes études...

— Nous ne sommes pas encore persuadés qu'Emma n'annule pas au dernier moment comme elle à l'habitude de le faire ! Tu as eu des nouvelles d'elle ?

Il faut savoir que notre groupe était très soudé, mais depuis quelques années Irsal et moi nous nous sommes rapprochés tandis que l'on observait avec tristesse qu'Emma se faisait plus discrète et avait la fâcheuse habitude de promettre certaines choses qu'elle ne tenait pas, telles que les soirées. Cela dit, nous savons pourquoi cette distance s'est étendue.

— Impossible, nous lui avons trop bien vendu cette soirée au club ! Par contre, je me demande si elle va oser venir avec l'autre con...

— Irsal, enfin !

— Quoi ? Je le déteste. Et puis tu sais parfaitement qu'elle sait ce que je pense de ce type, il est carrément toxique pour elle. Il va passer sa soirée à surveiller ses moindres faits et gestes et tu sais que je ne peux pas le supporter, surtout lorsque je vois que c'est l'une de mes meilleures amies qui tolère ce genre de comportements.

— En fait dis-je, j'essayais de te dire avant que tu fasses ton long monologue que j'aurais privilégié « enculé » plutôt que « l'autre con ».

Le ton de ma voix est doux, ce qui contraste nettement avec la colère de mon ami. Irsal me regarde avec ses beaux yeux marron foncé et ses cheveux noirs en bataille, un petit rire s'échappe de sa bouche.

— Heureusement que je peux compter sur toi Jade.

Je ne sais pas si l'on peut vraiment faire de comparaison de haine ressenti pour une seule personne, pourtant il me semble que je déteste encore bien plus Julien qu'Irsal. Probablement parce qu'il représente tout ce qui m'horripile chez quelqu'un. Ce sont toutes mon éducation et mes idées que j'ai réussi à forger depuis toutes ses années qui me permettent aujourd'hui de définir les choix qui me sont bons et mauvais, et quand j'aperçois ce type je me rappelle à quel point il est important de se battre pour ses idées.

Si j'étais persuadée que l'amour entre Emma et Julien en valait la peine, qu'il prônait sur toutes les choses environnantes dérangeantes, telle que la légère toxicité de leur relation, comme on a tendance à le normaliser à travers les livres, je pense notamment à toutes ces romances célèbres. Au sein de leur couple, il n'y a qu'une seule personne qui affirme une domination et ce par des techniques désuètes et oppressantes sur ma meilleure amie, c'est intolérable et insupportable à voir.

— Bon allons-y ! dis-je pour combler le silence qui venait de s'installer probablement parce que nous étions chacun concentrés à nos propres réflexions, et pour changer de sujet.

J'attrape le bras de mon meilleur ami et l'entraîne vers l'entrée du club. Je n'arrive pas à croire que cela fait bientôt sept ans que je suis à ses côtés, et que nos chemins se sont croisés. Je suis tellement reconnaissante.

— Alors Irsal, parle moi un peu de ce qu'il se passe dans ta vie actuellement ? Cela fait combien de temps que l'on n'a pas pris le temps de se la raconter et de faire des commérages ?

— Bien trop longtemps, et tu sais parfaitement qu'une nuit ne suffirait pas à tout t'expliquer, en es-tu consciente ?

— Essaye dans ce cas de me faire un résumé de ses derniers mois, nous avons tout notre temps.

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