CHAPITRE 55.

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J'aurais dû penser que le lendemain je prenais tôt le boulot et ne pas rester jusqu'à une heure et demie du matin au bar avec Alban, même si j'ai passé une excellente soirée à ses côtés et que je ne regrette pas du tout mon choix. Au contraire, j'ai pu découvrir sa personnalité et voir que nous avions plein de points communs tous les deux.

En plus Alban et moi allons probablement nous revoir très bientôt. J'ai complètement décroché de Luis pendant cette journée et cette soirée, je ne sais pas si je dois réellement m'en inquiéter. Nous avions convenu d'un deal tous les deux, mais si je me rends compte que les choses évoluent plus que je ne l'imaginais avec Alban, je ne veux pas entamer quoi que ce soit, avec les deux en même temps.

Tout d'abord je n'ai pas le temps pour faire ce genre de fantaisies, secondement, je n'ai pas très envie de jouer la carte de la malhonnêteté. Si ça avait été deux plans cul comme les autres, ça aurait été complètement différent. Mais cette fois-ci je me suis retrouvée dans une situation horrible. J'ai lié une pseudo-amitié avec deux mecs. Deux mecs mignons, dont un avec lequel je baise plusieurs fois par semaine.

Je n'ai pas envie de réfléchir pour l'instant à comment tout cela va évoluer, parce que je connais déjà la réponse. Mal. Ce genre de bailles-là finissent toujours par créer une situation où tout le monde finit par souffrir, surtout moi.

Mes doigts tapotent les poches qui se sont formées en dessous de mes yeux. Mes cernes sont immenses aujourd'hui. J'ai essayé de les recouvrir avec un peu d'anticerne mais cela n'a rien donné. J'ai dû me lever à six heures pour arriver à sept heures trente, ouverture du bar. Nous préparons des petits-déjeuners qui font déplacer pas mal de marseillais.

Cela va être compliqué pour les premiers clients. Je vais avoir du mal à m'exprimer. Mais ce n'est pas grave, je suis persuadée qu'ils ne remarqueront même pas à quel point je suis fatiguée. Surtout que ce matin, je suis avec les serveurs et serveuses que j'aime le moins dans notre grande équipe. Sélène n'est toujours pas revenue de son voyage, Didier travaille en après-midi, et moi je suis balancée un peu dans tous les horaires que proposent le bar à ses salariés.

Mes mains sont posées sur mes hanches, signe que je suis déjà blasée alors que mon service n'a pas encore commencé. J'entends des pas retentir derrière-moi. Je me retourne entièrement, laissant tomber mes bras contre mes jambes. C'est Magalie.

-          Salut Jade.

Elle me sourit. Je ne me ferais jamais à cette évolution soudaine entre nous deux, nous aurions pu nous crêper le chignon il y a à peine deux semaines de cela et maintenant on dirait que nous sommes amies depuis toujours. Je suis presque à regretter notre ancienne relation. J'aimais bien la détester, ça me stimulait.

-          Salut Magalie dis-je.

Ma collègue se tord les doigts. Elle veut me demander quelque chose c'est certain, j'allais lui dire « accouche », puis je me suis directement ravisée. J'allais sortir la pire chose à dire à Magalie.

-          Tu voulais me demander quelque chose ?

-          Oui, je, est-ce que ça te dérangerait de venir avec moi après ton service à mon échographie ? Je comprendrais que tu ne veuilles pas, mais mes amis ne sont pas disponibles et je ne veux pas y aller seule.

Que répondre à ça ? Je serais un monstre si je refusais.

-          Bien sûr ! A quelle heure est ton rendez-vous ?

-          16h30, tu es persuadée que ça ne te dérange pas ?

Ses traits du visage sont tirés, elle est contrariée. Sa main gauche frotte son ventre. Dire qu'il y a l'enfant issu de la procréation entre Magalie et Gilles. Je ne m'y ferai jamais, surtout que ce connard n'a pas avoir eu l'air d'agir ces derniers temps.

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