CHAPITRE 39.

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TW : Je vous préviens de la présence de scènes, mots spécifiant des violences conjugales.

- Je me permets d'intervenir.

Mon amie semble soulagée que je réponde à cette question.

- Nous avons été témoins à plusieurs reprises avec Irsal du comportement de Julien envers Emma, notamment de son emprise psychologique et parfois physique sur elle. Effectivement il fallait qu'elle s'habille de la manière dont il avait décidé. Il ne fallait pas que ce soit trop échancré, pas trop clinquant et osé, mais il fallait qu'il montre aux gens qu'Emma était sexy. Il aimait, à mon humble avis, qu'on voit que notre amie l'avait choisie et qu'elle était inaccessible désormais. C'était une sorte de possessivité maladive.

- D'accord, je note également. Pouvez-vous me rappeler votre prénom et nom pour la plainte ?

- Jade Arcandet.

Je me sens si débile. Je pensais vraiment qu'en la laissant partir après la boîte de nuit avec Julien c'était la meilleure des solutions. Et pourtant non. J'ai enfoncé le clou, je l'ai abandonné. Et je me sens coupable.

- Madame Ruteper, est-il violent au quotidien ? Pas seulement envers vous ? Enchaîne le policier.

- Eh bien, il... oui il l'est. Il a des accès de colères, il casse beaucoup de choses à l'appartement, tout à l'heure c'était un de nos bols. Il avait cassé mon téléphone également en le balançant contre le mur. Généralement il frappe les murs ou reporte sa colère contre les objets qui lui passent sous la main. Vous voyez ?

- Oui je vois très bien. Vos disputes sont-elles fréquentes ?

- Elles le sont. A chaque fois que nous sommes dans la même pièce, ce sont des micro-disputes qui éclatent, certaines finissent par de grosses disputes. Elles sont assez récurrentes, mais je fais tout pour les éviter au maximum.

- Vous diriez que vous vous soumettez à votre copain de peur des répercussions ?

- Oui.

Le policier ne s'exprime plus durant une bonne minute. Le silence prend place dans cette petite pièce. On ne se sait pas vraiment quoi faire en réalité, peut-on le briser ? Emma doit-elle continuer de répondre à d'autres questions ?

- D'où pensez-vous que vienne le comportement de Julien selon-vous ?

- Je me disais qu'il était comme ça, à cause de son enfance. Que j'aurais pu le changer, que ce n'était pas de sa faute qu'il soit aussi en colère. Qu'il ne l'était pas contre moi, mais à cause de ce qu'on lui a fait subir.

- Madame, vous n'êtes pas assistante sociale. Personne ne mérite qu'on vous traite comme il l'a fait. Votre copain est malade dans sa tête et ce n'est pas à vous de subir sa maladie.

- Je m'en rends compte maintenant.

Le silence a repris sa place dans notre pièce d'à peine 10 mètres carrés.

- J'ai toutes les informations nécessaires. Je vais vous laisser repartir.

- D'accord, merci beaucoup.

- Si Monsieur Delacroix venait à entrer en contact avec Emma, que devons-nous faire ?

Ma question peut paraître bête. Mais en réalité je sais que cela arriverait dans les jours à venir. Forcément.

- Vous nous appelez.

- Très bien, merci pour votre écoute dis-je.

- Je suis là pour ça Madame.

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